Agglomération chalonnaise
Effusions et appels du pied s'amalgament dans le recueil de poésie "Les caprices du lundi" d'Emmanuel Mère
Publié le 14 Mars 2018 à 11h27
Auteur prolifère s’il en est, le Bourguignon et Vallimédartien Emmanuel Mère vient de donner naissance à son vingt-quatrième ouvrage en un quart de siècle d’asservissement à l’écriture. Cette nouvelle errance introspective n’est ni un roman, un essai, un récit, un bouquin d’histoire, un condensé de spéculations et d’humour, ou un livre faisant de la Saône-et-Loire son cheval de bataille, tous genres peu ou prou passés à la moulinette, mais un recueil de poésie. Le huitième. Son « nom » de baptême : « Les caprices du lundi ». Ou comment décamper à grandes enjambées sans se défaire de la position statique. Quadrature du cercle ? Pas si sûr…
Se creuser la tête, cependant pas outre mesure
L’habitant de la Vallée des Vaux manie indistinctement les registres littéraires selon les fluctuations de son humeur, ceci concourant au bon ordonnancement de son équilibre intérieur. Celui dont l’un des ennemis est infailliblement la page blanche à dévirginiser, n’aime rien tant qu’alterner et surprendre. Avec «Les caprices du lundi » lyrisme et envoûtement vont de pair pour que le décollage des forces spirituelles du lecteur ne se termine en queue de poison de par une explosion en plein vol. « Ce qui est intéressant avec la poésie, ce sont le rythme, les images, la musicalité du texte, et le fait de synthétiser au maximum une pensée pour qu’elle soit la plus percutante possible », dixit le rédacteur. La manœuvre de l’assemblage d’étoiles, voire la lune qu’il tente de décrocher, sont-ce des arrachements taraudants ? Que nenni ! « Ca vient très facilement, et lorsque c’est le cas, ma pensée est systématiquement en sixain. Je ne me force pas, c’est une mécanique. Je m’amuse parfois à partir d’un seul mot», a-t-il consenti à révéler en toute humilité. La dernière moisson en date a jeté son dévolu sur les sentiments amoureux à 100%, ces cheminements adulateurs verbalement photographiés au fil du temps. Un rôle sur mesure pour celui qui aime les gens et revendique une sensibilité à fleur de peau davantage axée sur l’essence féminine. « Une vie amoureuse n’est jamais rectiligne, idyllique, avec des envolées matin et soir. C’est une réflexion par rapport à nos expériences de vie », a-t-il cerné.
Les arcanes de la psychologie élevés à la hauteur d’une institution
Tel un acteur, l’écrivain se soustrait à sa condition habituelle pour traiter d’égal à égal avec la thématique sortant de l’ordinaire à décortiquer. «Je me suis toujours mis dans un état volontairement dépressif. C’est tout à fait contrôlé de me mettre en phase avec le sentiment que je dois construire. Quelle que soit la hauteur du sentiment on n’en ressort pas indemne. Ecrire sur les sentiments, beaux ou pas, c’est à la fois extrêmement difficile et très intéressant, car il faut retirer la substance première de tout le monde. Il y a des textes plus faciles à livrer que d’autres. » La pondaison, une hydre somme toute bienfaisante. « Je ne sais pas si le fait d’écrire est une délivrance, ça l’est certainement à un moment donné, mais c’est plus une délivrance formelle que sur le fond du sujet. On est notre propre matière, mais notre matière se colle forcément sur d’autres. L’émotivité, le ressenti, on les partage avec tout le monde. Il y a une action thérapeutique dans l’écriture, que ce soit pour l’auteur et les lecteurs, qui n’est pas nécessairement à double sens, mais majoritairement quand même. » Emmanuel Mère ne redoute pas à la longue le tarissement d’idées. Juste le vice rédhibitoire. « Si je ne savais plus écrire sur les sentiments, j’arrêterais… » Pas demain la veille à coup sûr !
Un électron libre dans l’univers insondable de l’amour tous azimuts
De « Vivre » à « Chevalier Noir et Dame Blanche » en passant par «Dans l’insuffisance des jours », « Pour construire demain » ou « Les étoiles passantes », le très lettré géniteur a mis en lumière une cinquantaine de poèmes mitonnés aux petits oignons, ce dans un langage châtié et singulièrement raffiné. Puriste au sens de l’absolu aiguisé par la palanquée d’incantations qui fleurissent çà et là, sache que le baume apposé sur la matrice de l’existence ne saurait s’acoquiner avec la vaine superficialité. La quête de l’amour, protéiforme, ratisse large et emmène loin, très loin dans la jungle émotionnelle. Ce n’est qu’à ce prix et après avoir bu les paroles à petites gorgées que l’on en ressort grandi. Le jeu en vaut indubitablement la chandelle…
Plusieurs séances de dédicaces sont d’ores et déjà prévues
Son recueil « Les caprices du lundi » (coût : 12,00 euros, photos également de lui), Emmanuel le destine « à personne en particulier, et à tout le monde en général ». Il sera loisible de l’acquérir auprès de l’auteur :
-à la Halle ronde de Givry le samedi 17 mars de 15h à 18h30 à la faveur de la manifestation « Célébrons le printemps avec les poètes »
-à la boutique-galerie Curiosités d’Art de Mercurey le samedi 24 mars de 15h à 18h
-à la librairie chalonnaise « Au Gré du Van » le dimanche 15 avril de 10h à 13h
Autrement, se rendre sur son site http://emmanuelmere.wix.com/littérature, ou sur sa page Facebook
Michel Poiriault
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