Ailleurs

En Savoie, l’énergie se boit comme du petit-lait

En Savoie, l’énergie se boit comme du petit-lait

A l’heure ou l’usine de tri – méthanisation de Chagny va bientôt fêter sa première année d’existence, gros plan sur Savoie Lactée une installation d’Albertville (73) qui recycle - entre autres transformations - le petit-lait du Beaufort en énergie. Le coup de coeur d'info-chalon.com.

La Saône-et-Loire parie sur de grosses unités de méthanisation pour l’avenir. En janvier 2015, l’usine ECOCEA de Chagny a été inaugurée et  traite 73.000 tonnes de déchets. Elle a nécessité 41 M d’€ d’investissement. Avec les déchets ménagers et déchets verts du Syndicat Mixte d’élimination et de traitement des déchets (SMET71), elle produit du compost et du biogaz, utilisé par une usine voisine. A l’autre bout du département, à Vitry-en-Charolais, une autre unité de méthanisation, privée et portée par la société Naskéo attend son autorisation. Vingt mille tonnes de déchets ménagers et verts pourraient y être traités. Pour l’instant, comme pour le site de Chagny à ses débuts, le projet suscite de fortes oppositions. Il a été retoqué plusieurs fois par les autorités préfectorales d’autant plus qu’il serait implanté près de zones commerciales, notamment d’établissements touristiques et sur un ancien site de la société Eternit, où de l’amiante serait encore présente.

La France compte 200 unités de méthanisation contre 7000 en Allemagne. Ces projets, surtout ruraux et dans des régions d’élevage, sont encouragés par la loi sur la transition énergétique, adoptée le 17 août dernier. Elle prévoit 1500 projets de ce type en trois ans, jusqu’en 2017. Reste à savoir si ces derniers sont justement adaptés aux territoires, dans leurs ambitions, dimensions et fonctionnements.

 

Boucle bouclée pour le Beaufort 

 

A Albertville, pour Savoie lactée, c’est le petit-lait non utilisé du fromage qui produit du biogaz transformé ensuite en électricité. La filière Beaufort réunit plus de 600 agriculteurs en Savoie, disséminés dans les villages et les alpages et regroupés en coopératives. Fabriquer un kilo de beaufort génère 9 kg de lactosérum. La seule transformation du petit-lait en biogaz ne s’avérait pas assez rentable en elle-même pour les producteurs de Beaufort. La revente du biogaz comme électricité à EDF a été envisagée mais n’a pas été jugée assez rentable pour l’installation. Le lactosérum devient donc pour ses matières grasses du beurre (300 T / an), du sérac (ricotta) ou de la poudre de protéines (500 T/ an). Le petit-lait restant est rassemblé dans une grande cuve, où se multiplient les bactéries. Elles réinventent en grand un processus de fermentation qui a lieu ordinairement dans l’estomac des vaches. Le gaz produit près de 3 millions de kWh d’électricité par an, ce qui correspond à l’alimentation électrique annuelle d’une ville de 1500 habitants. Avant l’usine, ce précieux liquide partait au rythme de centaines de camions sur les routes et le transport de la marchandise totalisait près de 800.000 km annuels. Une partie du petit-lait beaufortain était d’ailleurs transformé en partie par Eurosérum à Saint-Martin-Belleroche près de Mâcon. C’est aussi une affaire de relocalisation pour les Savoyards. Savoie Lactée récupère également le petit-lait des producteurs de l’Avant-Pays Savoyard et des Entremonts. Le projet a mis cinq ans pour aboutir. Un investissement de 13 M d’euros au total pour les coopératives du Beaufortain.  Un projet à dimension humaine, qui permet de contrôler et de valoriser la production de « A » comme Azalée la vache à « Z » comme Zéro gaspillage.

Cette installation a été pensée par Valbio, une société toulousaine, déjà montée jusqu’au monastère de Tamié (73) pour tester un autre de ses dispositifs destiné à produire de l’eau chaude pour l’Abbaye avec la production locale de fromage. Valbio est spécialisée dans la valorisation énergétique des restes de l’agriculture et viticulture. Par sa dimension et son concept, Savoie Lactée se distingue d’autres projets français, parfois surdimensionnés. Ses résultats sur le long terme seront scrutés avec attention par nombre d’agriculteurs en France, soucieux d’une certaine indépendance d’organisation…

 

Florence Genestier

 

L’article du site Vice : https://news.vice.com/fr/article/on-peut-desormais-eclairer-une-ville-avec-du-fromage

 

Valbio : http://www.valbio.com/fr/Qui-sommes-nous/Profil/id_21