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Christophe Reynaud s'est mis un seul week-end au Bourbon pour être à la page

Christophe Reynaud s'est mis un seul week-end au Bourbon pour être à la page

Jusqu’alors le boss de la librairie Au Gré du Van nichée rue du Blé à Chalon-sur-Saône depuis le 9 septembre 2012 n’avait déserté son établissement en mission extérieure, qu’au profit de Nolay pour donner de l’air à une part infinitésimale des monceaux de livres qui font office chez lui de pompe à oxygène. Histoire également d’attiser la braise des relations humaines faisant grand cas de l’univers livresque. Ce week-end Christophe Reynaud s’est fait la belle du côté de Bourbon-Lancy, à la faveur du Salon du livre ancien, où par le plus grand des hasards nos pas nous ont mené jusqu’à lui.

Peut mieux faire, toutefois le professionnel se prendra à nouveau au jeu en 2017

Samedi 20 et dimanche 21 août l’Espace culturel Saint-Léger se voulait le réceptacle du bouquin et de certains de ses dérivés afin que les affamés du support papier en aient tout leur soûl, ainsi qu’il a coutume de le faire une fois l’an sous le couvert de la ville de Bourbon aidée par LACME. Dans cet endroit voué aux envolées lyriques polymorphes, Christophe a joué sa partition au moyen de quelque cinq cents ouvrages nourris au sein du régionalisme, de la littérature, de l’érotisme, de pièces rares du XVIIème siècle…Deux heures avant le remballage en cette journée dominicale l’homme, pour qui c’était la première participation ici, dressait un bilan : »Ca va, je suis content, mais ce n’est pas transcendant. On y trouve des gens passionnés, on peut partager avec eux. Je reviendrai. » Dont acte.  

 

Il commercialise les livres des autres, à l’occasion s’extériorise-t-il par la plume

S’il a commencé de coucher sur le papier ses bouffées d’inspiration en 1985, Christophe ne devait publier son premier livre, un recueil désigné sous l’appellation Poèmes en vrac, qu’en 2001. Trois lustres après, seconde procréation : L’Abandon du Délice au Plaisir de ma Belle. Frais émoulus puisque datant du 19 juillet 2016, ses écrits ont été édités à six cents exemplaires. Plus de deux cents ont déjà été écoulés sans communication. Que deviendra le reliquat ? En tirant des plans sur la comète, peut-être que l’avenir de ses saillies spirituelles s’inscrira en lettres d’or. Qui sait ? Très récemment un Américain, de passage dans le royaume « Christophien » où il est de bon ton de « tirer la couverture à soi », a compris tout l’intérêt qu’il avait de prélever à la source une unité de L’Abandon du Délice au Plaisir de ma Belle, pour lui faire humer l’air des U.S.A. « Petit détail » qui a son importance : le monsieur en question est libraire…Autre fait singulier, la rencontre à Paris d’une ressortissante russe qui figure d’ailleurs sur le livre et en possédait un. Cette Marina n’a pas lambiné en route, c’est le moins que l’on puisse écrire, étant donné qu’elle s’est empressée de traduire l’ensemble des textes en russe, et de les envoyer ensuite à une amie éditrice à Moscou ! Si après ces heureux concours de circonstances la popularité ne montait pas de plusieurs crans, ce serait à désespérer…Attendre et voir ! L’Abandon du Délice au Plaisir de ma Belle coûte 20,00 euros. Il est achetable à la librairie Au Gré du Van, ainsi qu’à l’Espace d’art contemporain l’Atrium, situé rue du Pont à Chalon-sur-Saône.

 

La poésie en guise de fer de lance

N’allez pas croire pour autant que Christophe ait fait cavalier seul pour l’avalanche de lignes à déflorer. A mille lieux de là ! C’est en vérité une triade qui confère aplomb et personnalité au livre. L’écrivain régional Emmanuel Mère s’est fendu avec le talent qui lui est reconnu de la préface, tandis que Sébastien Pelletier-Pacholski a engendré, à une exception près, les photos qui font écho à la verve plaquée sur la verticalité des feuilles « qui se ramassent à l’appel »…Suggestifs dans les deux sens du terme, ses clichés s’aventurent partout où le piquant de la situation a planté son piolet. L’image au service de l’élan scriptural, à moins que ce ne soit l’inverse, c’est selon…En tout cas Christophe Reynaud n’y va pas par quatre chemins quant à ses pulsions créatrices. L’amour dans son acception la plus large, dans ce qu’il a d’inflammable et d’indélébile emporte l’adhésion du faiseur d’émotions. Puristes des revendications passionnelles vous errerez de migration en migration et de but en blanc jusqu’au point de non-retour. Auteur sans frontières, Christophe malaxe abondamment la virtualité, lestant au besoin la profondeur des sentiments d’une souffrance peu ou prou en filigrane. Les bonheurs terrestre et immatériel sont à ce prix, des allers simples toutes voiles dehors vers des contrées à défricher à grands coups d’imagination percutante…Et lorsque l’incomparable plaisir charnel met sa tête à la fenêtre le climat extatique fait perdre toute contenance aux esprits les plus aguerris…Les tours de phrase laissent en suspens l’ébullition naissante… »Ce soir je me sens vivre », « Comment ne pas… », Pourquoi ce soir ? », « Partition pour une seule âme », « J’ai envie de toi ! », « Vagin de mes rêves »…le champ exploratoire n’est ni bridé, ni à courts d’arguments. Par les temps qui courent, une liberté absolue bonne à prendre au pied de la lettre.

 

 

Trois Salons d’ici la fin de l’année

Christophe Reynaud se rendra au Salon du Livre Ancien et d’occasion de Lapalisse (Allier) les 10 et 11 septembre, de même qu’à Dijon toujours le même mois. Après, ce sera Souvigny (Allier) les 19 et 20 novembre.

                                                                                                 Michel Poiriault

                                                                                                 [email protected]