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La bonne santé de la pie-grièche à tête rousse est intimement liée au bocage triomphant. Dans le cas contraire, elle accuse sévèrement le coup...

La bonne santé de la pie-grièche à tête rousse est intimement liée au bocage triomphant. Dans le cas contraire, elle accuse sévèrement le coup...

La pie-grièche à tête rousse en particulier n’est pas à l’heure actuelle en position de force loin s'en faut, filant même un mauvais coton, où que ce soit. Brigitte Grand de l’EPOB (Etude et protection des oiseaux en Bourgogne), a pour le compte de l’AOMSL (Association ornithologique et mammalogique de Saône-et-Loire), donné une conférence à Chalon-sur-Saône sur le sujet. Si la situation n’évolue pas favorablement, il y a du souci à se faire pour elle…

La pie-grièche, au sens large du terme, se raréfie

Au plan national il y aurait présentement entre 4000 et 6000 couples (dont approximativement 3500 en Languedoc-Roussillon), d'après une technique d'estimation en vigueur. Un nombre qui indique un sérieux dépérissement de l’espèce. La Bourgogne n’échappe pas à la tendance générale, puisqu’elle y est en posture très difficile, mais sans à ce jour tutoyer le point de non-retour. D'ailleurs ses congénères ne sont pas logées à meilleure enseigne, puisque quatre des cinq espèces de pie-grièche ont un effectif qui tire vers le bas, depuis au moins les années 60. On recense pour la grise, disparue de la circulation en Bourgogne, de 552 à 1275 couples en France. La méridionale (en fait la sœur jumelle de la grise, mais dans la branche méditerranéenne), de 550 à 1150 couples. Elle aussi se confronte au déclin. Enfin, la pie-grièche à poitrine rose (qui brille par son absence en Bourgogne), ne compterait que 17 à 20 couples sur le sol français...Seule la pie-grièche écorcheur, la plus commune, connaît une stabilité, sans commune mesure avec les données chiffrées précédentes  : de 100.000 à 200.000 couples. L'opulence ! Histoire de tenter de remédier à ces baisses drastiques, un plan national d'actions a été mis en place en 2014, lequel court jusqu'en 2018. En ce qui concerne la pie-grièche à tête rousse, un plan d'actions pour l'étude et sa conservation , régional celui-ci, a été créé en 2013, coordonnée par l'E.P.O.B.

Des oppressions diverses et variées

La destruction du bocage et la mise à mal du pâturage sont deux motifs liés à l'amenuisement du nombre de pies-grièches à tête rousse. Sur la plaquette qui lui est consacrée, il est expliqué que « les menaces, d'origine humaine comme naturelle, sont nombreuses. D'une part lors de la reproduction (arrachage de haies, conversion des prairies en cultures, emploi de produits phytosanitaires, aléas climatiques, et même parfois mortalité des poussins par enchevêtrement avec des ficelles utilisées pour la confection des nids). D'autre part sur les sites d'hivernage (désertification du Sahel à cause de longues périodes de sécheresse) et lors de la migration (piégeage et chasse dans plusieurs pays du pourtour méditerranéen). Enfin, à cause de la prédation naturelle tout au long de l'année. «Cela fait beaucoup pour un oiseau à la taille légèrement supérieure à celle d'un passereau...

 

L'évolution des populations

En 2012, donc avant le plan régional, on recensait en Bourgogne :

-de 500 à 1000 couples en Saône-et-Loire

-de 100 à 200 en Côte-d'Or

  • 55 au minimum dans la Nièvre

  • une dizaine dans l'Yonne

Soit de 655 à 1240 couples tous départements confondus. De 2012 à 2016, les comptages ont donné ceci :

  • de 850 à 1000 pour la Saône-et-Loire

  • de 100 à 200 pour la Côte-d'Or

  • de 560 à 630 dans la Nièvre

  • 20 dans l'Yonne

 

Elle est carnivore

La pie-grièche, qui revient consécutivement à sa migration s'installer fin avril, a besoin pour survivre des arbres et des prés pâturés. Sans eux, quasiment point de salut ! Et si d'aventure le bocage se rapetissait davantage...Occupant peu les sites Natura 2000, elle ne figure de surcroît pas dans la Directive « Oiseaux ». Ce passereau à bec crochu, assimilable à un rapace, présente la particularité, lorsqu'il ne les consomme pas de suite, d'empaler ses proies les plus imposantes sur un support emprunté à la végétation (grosse épine par exemple) ou artificiel (la pointe du barbelé). Dans son régime alimentaire on trouve par ordre décroissant des coléoptères (scarabées), des hyménoptères (guêpes, abeilles, bourdons...), et des orthoptères (particulièrement les criquets), tandis que les vertébrés (petits rongeurs, batraciens) n'interviennent qu'à hauteur d'un pour cent selon l'analyse des pelotes de réjection par la LPO Côte-d'Or dans l'Auxois.

 

Pour contribuer à son maintien

 

Sur le terrain l'élevage bovin s'avère la condition sine qua non afin que l'espèce perdure, au même titre au demeurant que les haies, quelles qu'elles soient. Quand on est un particulier plutôt au fait de la biodiversité, et par extension, de la préservation de ce qui doit l'être, il est tout à fait recommandé de communiquer à qui de droit les observations dudit oiseau. Globalement l'affermissement de la connaissance de ses zones d'évolution et de ses effectifs, au moyen d'un recensement exhaustif de chaque carré-échantillon de 36 km2, la densité par région naturelle débouchant sur l'estimation de ses contingents par extrapolation, s'apparenterait à la panacée. Bref, pour faire avancer le dossier dans les règles, autant s'en remettre à l'EPOB (Allée Célestin Freinet -21240 Talant)et à ses façons de procéder. Renseignements : 03.80.71.33.10 ; [email protected] ; http://epob.free.fr

 

Crédit photo : Marcel Dumas pour la pie-grièche, et Brigitte Grand (bocage du bas-Morvan)

Michel Poiriault

[email protected]