Chalon sur Saône

Librairie Gibert Joseph à Chalon : rencontre avec Marie Vindy, romancière bourguignonne

Librairie Gibert Joseph à Chalon : rencontre avec Marie Vindy, romancière bourguignonne

Invitée de la librairie Gibert Joseph, Marie Vindy, romancière bourguignonne, auteur de nombreux polars et romans policiers, était ce vendredi à Chalon. Une rencontre à laquelle Info-Chalon a participé.

« Quand on écrit, c’est qu’on a quelque chose à dire ». C’est ce que, dans le feu de la conversation, Marie Vindy, romancière, a confié à Info-Chalon.

 

Une femme qui a des choses à dire

 

Si Marie Vindy semble le penser profondément, a-t-elle pour autant des choses à dire à ceux qui acquièrent et lisent ses romans ? Parlons net : ceci est peu douteux. Qu’elle vous parle de façon informelle ou écrive, Marie Vindy a assurément plein de choses à dire. En effet, qu’il s’agisse de vous expliquer comment, au travers des audiences devant le tribunal correctionnel ou aux assises, qu’elle chronique pour Le Bien public, elle en est venue à s’engager pour lutter contre les violences faites aux femmes, par l’intermédiaire de Solidarités Femmes 21 [1]… Ou qu’il s’agisse, via les fictions qu’elle conçoit à un rythme désormais soutenu de déconstruire les préjugés, rendre visible les tourments intérieurs des êtres…Marie Vindy a véritablement beaucoup de choses à dire. De belles choses, qui méritent assurément d’être écoutées, lues, méditées. Des choses à même de montrer la trouble complexité des tréfonds humains. Des choses susceptibles de faire évoluer les regards et, in fine, la société. Notre société. Quelque chose de l’ordre de l’utilité publique.

 

Pour les dire plus particulièrement à ses lecteurs, Marie Vindy a choisi de rendre compte régulièrement, à sa manière, des audiences judiciaires auxquelles elle assiste. Des audiences au cours desquelles se déploient toute la panoplie du sordide dont est capable l’humain, mais aussi tout ce que celui-ci entreprend pour se réguler, juguler l’extension du domaine du sordide, sa reproduction.

En dehors de cela, Marie Vindy a aussi choisi d’écrire des romans policiers. Elle aurait pu décider de s’adonner à ce que l’on appelle la « littérature blanche », celle des grands auteurs, longtemps prisés des magazines littéraires, que l’on fait lire aux écoliers, aux élèves, aux étudiants en Lettres. Mais non, elle a préféré se donner toute entière à la « littérature noire », terme qui sert encore à désigner polars, série noire, romans policiers, romans de gare.

Un auteur décomplexé de « littérature noire »

Pourquoi ? D’abord par goût. Grande lectrice de ce type de bouquins depuis l’enfance, rodée aux romans de Georges Simenon, Marie Windy aime cette littérature-là, à l’instar de son ami Jérôme Leroy, l’auteur de L’ange gardien [2]. D’ailleurs, lorsqu’elle écrit, elle s’efforce de « faire des livres qu’elle aimerait lire », qu’elle a aimé lire. Par goût, donc, mais pas seulement. Marie Vindy écrit aussi des romans policiers et des polars parce qu’elle considère que, sous la houlette de James Ellroy et d’autres grands auteurs américains, la frontière entre « littérature blanche » et littérature noire » s’avère, et c’est heureux, de plus en plus poreuse. Ceci étant, si elle s’y livre sans retenue, c’est surtout parce que les fictions qu’ « autorise » le genre auquel elle s’adonne, même s’il doit respecter un certain nombre de codes, lui permettent de dire tout ce qu’elle a à dire à propos de ces affaires révélant les turpitudes de notre société qui, de son propre aveu, la fascinent.

Un nouveau roman prévu pour la fin août : « Chiennes »

Venue à l’invitation de Marie Grandchamp, gérante de la librairie Gibert Joseph de Chalon, pour rencontrer ses lecteurs et dédicacer leurs livres, dont l’un de ses derniers, Cavale(s) [2], Marie Vindy en a profité pour parler de son prochain romain, qui paraîtra le 25 août prochain.

Intitulé « Chiennes », édité par la Manufacture des Livres, ce roman est, d’après Marie Vindy, encore plus engagé, plus dur. Il a pour « décor » une cité de Dijon. Et Marie Vindy escompte bien que les thèmes qu’il aborde – le viol, la domination des hommes sur les femmes, la place de ces dernières au sein des trafics de stupéfiants – permettront d’ouvrir un débat, ceci sans stigmatiser qui que ce soit.

Y parviendra-t-elle ? Quoi qu’il en soit, Info-Chalon attend d’ores et déjà, avec fébrilité, la sortie du petit dernier de cette romancière bourguignonne, qu’on ne se lasse pas d’écouter tant elle a de choses à…dire.

S.P.A.B.

Sur la photo (Marie Vindy, à gauche ; Marie Grandchamp, au centre

[1 http://www.solidaritefemmes.org/ewb_pages/a/association-275.php

[2] Voir l’article d’Info-Chalon :

http://www.info-chalon.com/articles/livres/2014/12/28/10679-info-chalon-a-lu-pour-l-ange-gardien-de-jerome-leroy-.html

[3] Marie Vindy, Cavales, La Manufacture de Livres, 2014, 256 p.