Chalon sur Saône

Vent d'insurrection à l'IUT de Chalon sur Saône après les annonces budgétaires de l'Université de Bourgogne

Vent d'insurrection à l'IUT de Chalon sur Saône après les annonces budgétaires de l'Université de Bourgogne

Le couperet budgétaire est tombé en ce début de semaine sur l'IUT de Chalon sur Saône. Il est demandé par l'Université de Bourgogne, une économie de 62 000 euros. Une somme qui peut apparaître dérisoire mais qui correspond au budget de fonctionnement en terme de dépense courante. C'est dire qu'il ne faut pas qu'une ampoule tombe en rade !!

Une assemblée générale extraordinaire a été convoquée ce mardi par le Comité de direction de l'IUT de Chalon sur Saône, après l'annonce d'Alain Bonnin, Président de l'Université de Bourgogne, de revoir à la baisse les dotations budgétaires. "L'orthodoxie budgétaire" d'Alain Bonnin  a été pointée du doigt par les enseignants de l'IUT face aux étudiants, les appelant à la plus grande vigilance et à s'associer au mouvement qui est en marche dans toutes les universités de France. Pour la seule université de Bourgogne, ce sont 5,7 millions d'euros qui manquent pour boucler le budget, et pour la première fois, l'Université de Bourgogne risque de voter un budget en déséquilibre à la hauteur de + 2 millions d'euros, obligeant l'Etat par le biais du rectorat de l'Académie de Dijon, à ouvrir la porte du fonds de roulement que les syndicats enseignants évaluent à 30 millions d'euros. Un fonds de roulement obligatoire, à minima de 21 millions d'euros conformément à la législation en vigueur et qui ne fera que reporter l'échéance fatale, si le vrai sujet du financement des universités françaises n'est pas posé sur la table. 

Même si le gouvernement a réinjecté en début d'été près de 800 millions d'euros sur l'ensemble des universités françaises, l'équilibre n'y est pas. Du coup, les répercussions pourraient bien être lourdes de conséquences pour les étudiants. Du côté de l'IUT de Chalon sur Saône, Pascal Mauny, directeur de l'établissement, a demandé, conformément aux injonctions de l'Université de Bourgogne, de réduire encore et toujours la voilure en terme d'heures d'enseignements. Tous les DUT de Chalon sur Saône vont passer à la moulinette avec la suppression de 10 % des heures d'enseignement, impactant du coup et de fait, l'ensemble des formations dispensées à Chalon sur Saône. 

Seules les formations continues et en alternance seront épargnées, tout simplement, parce qu'elles rapportent à l'IUT sur un budget de fonctionnement total de 1 million d'euros. Pascal Mauny a rappelé que l'IUT de Chalon pouvait se prévaloir d'être l'IUT avec la plus forte collecte de taxe d'apprentissage par étudiant en France mais qu'il était difficile de faire mieux, soit parce que les filières qui fonctionnent bien peinent à recruter de nouveaux étudiants, soit parce que les entreprises peinent à répondre aux sollicitations en terme d'apprentissage. 

Sur la question des heures de cours nécessaires pour faire tourner la boutique et assumer l'ensemble des heures de formations, ce sont 9730 heures nécessaires. Depuis des années, l'Université de Bourgogne n'en reconnaît que 6000. C'est dire le déséquilibre croissant entre les besoins de l'antenne universitaire chalonnaise et les besoins qui lui sont alloués. Depuis des années, à travers la collecte de la taxe d'apprentissage estimée à 305 000 euros, l'IUT de Chalon sur Saône subvient au règlement des heures des enseignants mais la suppression de 62 000 euros (90 000 euros annoncés dans un premier temps en juillet) de dotation de fonctionnement, est la goutte d'eau de trop... et ce d'autant plus que la somme correspond à 2000 euros près, à la somme que l'IUT dépense chaque année, pour subvenir aux dépenses courantes tout au long de l'année. 

"Plus de changement d'ampoules, plus de crayons et on en passe... voilà ce qui nous attend" ont lancé les enseignants. "Nous n'avons plus aucune marge de manoeuvre et donc l'impossibilité d'acquérir quoique ce soit".

Les courbes en terme de dotations budgétaire et horaire parlent seules... depuis 2005

 

"Ca me fout la trouille !"

Pascal Mauny, qui effectue sa dernière année, en qualité de directeur de l'IUT, n'a pas maché ses mots, pour exprimer son amertume quand à la gestion du dossier par l'Université de Bourgogne et par le gouvernement. "Ca fait 4-5 ans que le dialogue est devenu impossible et nous sommes face à un mur. Cette année, vous n'acheterez rien et vous allez même galérez pour payer l'électricité. Le pire c'est que l'économie réalisée en fonctionnement ne pourra être réinjectée en heures. C'est interdit. Je suis à l'interface des emmerdes entre les injonctions de la présidence et les demandes du corps enseignant". 

Ainsi, ce sont 466 heures en moins pour le DUT SGM, 364 heures en moins pour le DUT GLT et 170 heures en moins pour le DUT GIM, "avec nécessairement un impact à venir sur les licences" ont confié les enseignants. Pascal Mauny s'est dit stupéfait de la manière dont les choses se passaient, "c'est à la Nation de se démerder pour que les heures soient faites alors qu'on a l'impression de se démerder seuls dans notre coin". 

A l'échelle de l'Université de Bourgogne, c'est une économie de 35 000 heures enseignées et le risque d'une inflation des droits d'inscription pour les étudiants.

Ce mardi, une assemblée générale avait également lieu à Dijon et qui s'est soldée par l'occupation des bureaux de la direction de l'Université. Prochain rendez-vous, ce sera le 29 septembre avec les débats d'orientation budgétaire, qui s'annoncent d'ores et déjà houleux, avec la volonté de sensibiliser une bonne moitié des membres du conseil d'administration, qui sont également enseignants. En attendant, des actions risquent d'être menées localement à Chalon sur Saône avec même l'idée évoquée de fermer l'établissement. 

Laurent Guillaumé