Chalon sur Saône

Dédiaboliser ce triste sire de cancer du sein par un spectacle à Chalon le mercredi 19 octobre. Ou à "Maligne", maligne et demie...

Dédiaboliser ce triste sire de cancer du sein par un spectacle à Chalon le mercredi 19 octobre. Ou à "Maligne", maligne et demie...

En ce mois d’Octobre Rose qui épouse à merveille les contours du farouche combat mené contre le sournois cancer du sein, première cause de mortalité chez la femme de 35 à 65 ans soit dit en passant, quoi de plus pertinent qu’un spectacle -« Maligne »- joué par une comédienne (nominée au Molière du seul-en-scène en 2016, remarquée avantageusement dans le Off du festival d’Avignon 2015), affectée par ce mal en 2012 ? Interview pour info-chalon

Vous avez écrit votre seule-en-scène avec trois autres auteurs qui n’ont forcément pas eu le même vécu que vous. Est-ce que l’alliage a été réalisé sans difficulté ?

« Oui, c’est parce qu’au début lorsque La Pépinière (Théâtre parisien N.D.L.R.) m’a proposée de faire ce spectacle, c’était avec Gabor Rassov, le premier auteur. Il m’a aidée à vraiment exprimer ce que j’ai vécu pour qu’il comprenne mon histoire et puisse l’écrire, parce que lui c’est un vrai auteur. Caroline Verdu, la directrice de La Pépinière, a tout écrit ce que je lui disais sur mon histoire, et c’est Morgan Perez après qui a tout mis en place pour que ce soit un spectacle. Il y a une dramaturgie, mais le côté chronologique c’est moi qui l’ai apporté, naturellement. J’ai écrit en fait le premier jet avec mes mots, et la trame de fond est restée.»

 

A quoi peuvent s’attendre les spectateurs le mercredi 19 octobre à Chalon-sur-Saône ? Les hommes y ont-ils leur place ?

« Evidemment que les hommes ont leur place, c’est un spectacle très universel. Je parle d’un sujet fort, le cancer, mais c’est une histoire qui touche tout le monde de près ou de loin, car soit on connaît quelqu’un qui a le cancer, soit on l’a eu, soit on a peur de l’avoir. C’est quelque chose que je connais certes très bien, mais ce n’est pas un témoignage, dans le sens où c’est l’histoire de plein d’autres femmes. Après, mon parcours n’est pas pile-poil comme tout le monde, mais il ressemble à celui de beaucoup de personnes, dont des hommes d’ailleurs. Je parle du cancer du sein parce que je le connais, mais il y a des gens qui ont d’autres cancers que ça touche aussi. »

 Quels sont les messages qui avanceront à visage découvert, ou subliminaux, que vous ferez passer ?

« C’est plus un hymne à la vie, juste un moment de joie. En réalité je raconte l’histoire d’une jeune femme de 27 ans qui découvre qu’elle a une petite boule dans le sein gauche, mais en fait sa vie bascule suite à cette annonce. J’évoque la perte des cheveux, les relations avec les garçons, etc. C’est juste l’histoire d’une vie avec ça. »

Le spectacle a démarré le 11 mai 2015. Que vous a –t-on rapporté à son sujet ?

«Je l’ai joué six fois à La Pépinière, ensuite je suis allée à Avignon. J’ai refait La Pépinière fin janvier, puis Avignon également, et là je suis en tournée. C’est surtout la réaction des gens à la fin du spectacle, qui me disent : «Merci, c’est exactement ce que j’ai vécu, vous parlez de quelque chose qui effraie, et ça fait du bien…. » C’est plus ce sentiment là, c’est un espoir, que l’on retient. »

Cette leçon de fermeté et d’espérance face à l’indésirable n’a-t-elle cependant pas l’inconvénient de vous ramener à une période à tout le moins délicate ?

« Ce n’est pas une thérapie d’être sur le plateau en soirée. La thérapie, c’est quand les gens viennent me voir après le spectacle. Me remettre chaque soir dans mon histoire ce n’est pas évident, parce que ressasser tout ça fait mal au ventre….Après, je me rends compte que je me détache de plus en plus de cette histoire. »

La frontière entre le show et la réalité est ténue, vous considérez-vous comme une ambassadrice à votre façon de la lutte contre le cancer du sein ?

«Je n’ai pas cette prétention.  Je dirais qu’avant tout je suis comédienne et que je parle d’une histoire qui m’est très familière, mais c’est maintenant que je prends conscience de l’impact que le spectacle a eu grâce aux médias et à la presse surtout, car il faut dire ce qui est, ce spectacle a été connu grâce à ça. J’ai envie de raconter cette histoire qui est importante, une cause que j’ai envie de défendre et que je soutiens car elle nous touche tous, mais par rapport à mon art. Avant ce spectacle, je ne me doutais pas du tout de l’ampleur qu’il aurait.»

 

Les modalités pratiques

Le spectacle Maligne, présenté par la Direction des Solidarités et de la Santé du Grand Chalon et A Chalon Spectacles ([email protected] 03.85.46.65.89), rehaussé par les voix de Jeanne Arènes, Romane Bohringer, François Morel, Olivier Saladin et Dominique Valadié, convient à tous les publics dès l’âge de 10 ans. Mercredi 19 octobre à 20h30, salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône. Prix de la place : 20,00 euros, tarif réduit : 16,00 euros. Points de vente : Office de tourisme et des congrès du Grand Chalon, Fnac, Cultura, Carrefour, Leclerc, Géant, Cora, Auchan. A signaler que les bénéfices seront répartis entre les associations chalonnaises qui oeuvrent en faveur de la lutte contre le cancer.

                                                                       Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                       [email protected]