Chalon sur Saône

Vive le Québec libre ! Vive Lynda Lemay !

Vive le Québec libre ! Vive Lynda Lemay !

Il y avait un je-ne-sais-quoi de profondément humain samedi soir à Chalon-sur-Saône dans une salle Marcel-Sembat pleine comme un œuf, et en même temps, une légèreté propre à la dérision et à l’autodérision. La Québécoise Lynda Lemay s’y produisait, et son abattage ainsi que son sens poussé de l’introspection ont fait merveille, au cours d’un « spectacle à la bonne franquette » (sic).

Du grand art

L’auteure-compositrice-interprète n’a nul besoin  d’effets spéciaux ou d’un orchestre pour qu’opère la magie. Son alchimie copine plutôt avec une ambiance intimiste grâce à une lumière tamisée qui ne laisse transparaître que l’essentiel, à savoir le fondement de chansons n’ayant rien en commun avec la gnognotte. Certes son « vieux » complice Louis Bernier l’accompagne au piano pour enrober avantageusement l’ensemble, mais ça s’arrête là. Ah, si ! La chanteuse d’outre-Atlantique dispose d’un autre argument à faire valoir : sa guitare. Et en avant toute pour l’exploration de textes fleurant bon la narration de singulières tranches de vie qui s’assimilent avec tout le respect dû à leur rang. Son dernier album en date, « Décibels et des silences », le quatorzième, sorti au mois de septembre 2016, aura constitué l’armature de son récital. L’émotion palpable est alors à son comble via la quotidienneté qui accouche de faits plus ou moins reluisants à l’instar des attentats de Charlie (« Attrape pas froid »), l’amour dans ses dimensions parfois impénétrables (« L’oubli « ), la famille (« Ton père, ton ennemi »), etc. saisissement et émoi tissent leur toile par sujets graves interposés. On en passe et des meilleures ! -

Cependant, réduire son capital artistique à des aléas purs, même si elle transforme tout ce qu’elle touche en or, relèverait de l’incongruité. Car Lynda, qui soliloque beaucoup sur scène entre deux titres, à dans son registre quelque chose d’irrésistible : un humour plein et entier. Elle en use à bon escient, comme dans « Ca pique », une histoire de poux. Plus généralement, pour dénaturer les mauvais côtés de l’existence en leur faisant perdre de la substance maléfique. « Un compliment qu’on ne devrait jamais faire à une femme : tu vieillis bien. Une femme, c’est un peu comme une chanson, ça ne vieillit pas toujours bien ! » Le public en a eu tout son soûl, et gardera une trace indélébile de ce concert à mouvements oscillatoires. Promis, juré, craché.

                                                                                                Michel Poiriault

                                                                                                [email protected]