Chalon sur Saône

Michèle Torr a tracé son sillon à Chalon, puis semé...et les aficionados n'ont eu plus qu'à se baisser pour récolter

Michèle Torr a tracé son sillon à Chalon, puis semé...et les aficionados n'ont eu plus qu'à se baisser pour récolter

« Vous êtes un public formidable, et je suis heureuse d’être à nouveau avec vous », a offert sur un plateau Michèle Torr vendredi soir à la salle Marcel-Sembat à ses indéfectibles adorateurs. Il faut dire qu’à Chalon-sur-Saône la chanteuse émérite était en pays de connaissance au vu de ses prestations antérieures. Elle a par conséquent tout donné avec ce sublime organe vocal qui est le sien, transpirant l’allégresse et le bonheur sur scène…

Une chanteuse populaire qui revendique haut et fort son appartenance

Il y avait une constante dans son récital : l’amour plein et entier qu’elle n’a eu de cesse d’effeuiller durant son passage remarqué. Dans les travées on a bu ses paroles religieusement et savouré l’instant présent des mélodies avec infiniment de délectation. A la grand-messe des sentiments nobles et généreux l’abondance fut de mise, et les satisfecit itou par ricochet. Michèle Torr a sorti ses armes imparables, lesquelles ont largement fait leurs preuves depuis des lustres, patinées par le temps. Une vague bleue, J’en appelle à la tendresse (écrite par Didier Barbelivien), Discomotion (de C. Jérôme), Emmène-moi danser ce soir, Je m’appelle Michèle…ne se sont ainsi pas départies de leur aspect nec plus ultra, trônant en bonne place dans la vitrine dorée de l’artiste majuscule. Epaulée par l’orchestre de Richard Gardet et les deux choristes, la sudiste n’aura pas pour autant passé sous silence d’autres titres, certes moins populaires, mais pavés de bonnes intentions émotionnellement parlant, comme Le pont de Courthezon, A mon père, Mon ange (œuvre de Bruno Coquatrix), Un enfant c’est comme ça. Nullement ingrate, Michèle a d’autre part réutilisé les chansons qui créent un tumulte bienfaiteur en elle : T’es l’homme qu’il me faut  (Piaf), Le petit bonheur (Felix Leclerc), La quête (Jacques Brel, chantée a cappella et sans micro), Hallelujah (Leonard Cohen), cette dernière lui fournissant le prétexte pour descendre dans l’arène saluer ses ouailles en fin de parcours. Du grand art que cette revue d’effectif quelque peu hétéroclite et surprenante, mais surtout, terriblement attachante avec ces allures de panorama mirifique. Et puis comment ne pas faire l’apologie de cette voix quasi surnaturelle et sculpturale à la tessiture survitaminée pulsée par une puissance de feu ? Qu’elle puisse longtemps encore en exprimer toutes les nuances avec son immuable rayonnement solaire…

                                                                                                                     Michel Poiriault

                                                                                                                     [email protected]