Chalon sur Saône

Le syndrome de l'Ecossais a vampirisé Bernard Campan, mais pas Thierry Lhermitte, stoïque

Le syndrome de l'Ecossais a vampirisé Bernard Campan, mais pas Thierry Lhermitte, stoïque

Avec la comédie Le syndrome de l’Ecossais on a très vite plongé dans l’irrationnel le plus total, avant de s’y enfoncer en pouffant très régulièrement de rire, tant un grand nombre de situations n’avaient ni queue ni tête. Jeudi soir à Chalon-sur-Saône, dans une salle Marcel-Sembat pleine à craquer, l’avant-dernier épisode des Théâtrales 2016-2017 a porté aux nues Thierry Lhermitte et Bernard Campan, efficacement secondés par Christiane Millet et Florence Darel. Un quatuor qui ne l’a pas envoyé dire !

L’alcool n’a pas fait bon ménage avec le médicament…

Tout commence un dimanche soir, à la faveur duquel l’éminent écrivain Bruno (Thierry Lhermitte) et sa femme Florence (Christiane Millet) convient Alex (Bernard Campan), chef d’entreprise à la réussite avérée,  et son épouse Sophie (Florence Darel) à leur table. Bruno et Alex profitent alors de l’absence momentanée des conjointes, pour explorer leur intimité masculine, surtout au demeurant celle d’Alex, sérieusement effritée. «La réalité, je me la suis toujours prise frontalement, sans airbags. Rien que d’aller au lit le soir, ça me fout les jetons », a-t-il lâché. « Le drame «, c’est que durant la conversation entre les deux hommes, la bouteille de whisky passa de vie à trépas !  C’allait être le détonateur de la pièce, qui trouva ainsi son second souffle, car le médicament absorbé pour enrayer ses douleurs  lombaires consécutivement à la pratique du golf ne devait absolument pas faire ami-ami avec l’alcool, son ennemi juré.

 Alors la machine diabolique se mit en branle, avec son cortège de troubles comportementaux acoquinés avec une confusion mentale certaine, l’ensemble donnant naissance à des situations tellement bizarroïdes, qu’elles ne pouvaient qu’amuser abondamment la galerie ! Dans ce registre le fantasque Bernard Campan prit le leadership pour ne jamais le céder, et spontanément le public rit très souvent de bon cœur, alors que Thierry Lhermitte, en dandy raffiné et cultivé, s’efforçait de maîtriser les extravagances de son acolyte, afin d’éviter de sombrer corps et biens.  Dans son délire Alex cherchait un Ecossais qui se cachait en haut du placard, c’est dire son degré de perturbation ! Florence et Sophie, lors d’un conciliabule, se perdent en conjectures au sujet de la dérive du mâle déphasé. Sophie avança une explication, expliquant de manière métaphorique que derrière cet Ecossais et son kilt, son mari refoule peut-être son homosexualité. De toute façon elle suppose qu’il souffre physiquement et psychologiquement.

Tant et si bien qu’il lui semble que son compagnon aurait besoin de vivre différemment. D’où de merveilleux projets altruistes, consistant à vivre au sein d’une communauté en Mongolie.  Ni plus ni moins !  Mais le sort allait en décider autrement. Alex et Sophie quittent leurs amis pour rentrer au bercail, cependant le premier cité, toujours l’esprit emberlificoté, détruit malencontreusement le portail avec sa voiture. Penaud, le couple annonce la mauvaise nouvelle à ses hôtes, qui leur offrent l’hospitalité pour la nuit. Et si, finalement le bonheur n’était-il pas de refaire le monde tous les quatre, confortablement installés dans un canapé ?

                                                                                                       Michel Poiriault

                                                                                                      [email protected]