Chalon sur Saône

TRIBUNAL CHALON - "J'ai tout faux, oui j'ai bu"

TRIBUNAL CHALON - "J'ai tout faux, oui j'ai bu"

Il voyait déjà un psychologue, mais le lendemain des faits il a demandé à consulter un psychiatre : monsieur V., 45 ans, est malade.

"Il était malade, précise Maître Grebot, il était alcoolique, mais il s'est soigné." Il s'est soigné mais ça ne suffit pas : lorsque ça chauffe entre sa compagne et lui, il retourne à la bouteille.

Le 26 décembre dernier il a commencé à la vodka, et a fini au Cointreau, ainsi qu'en garde à vue.


Les faits : ce soir-là ça chauffait, il ne tient pas et fonce acheter sa dope. Une fois suffisamment imbibé, il est revenu faire du tapage devant son domicile, dans l'espoir que sa compagne réagisse. C'est une voisine qui réagit : elle appelle les gendarmes. Lorsque monsieur V. redémarre, elle prend également le volant, le suit, et lorsqu'il revient vers le domicile, elle le double pour le bloquer. Résultat de la manœuvre, sans trop de surprise : il percute son véhicule.


Il est en état de récidive légale, il encourt 4 ans de prison lui rappelle la procureur qui insiste : "Vous êtes inséré socialement et professionnellement, ce qui n'est pas le cas de la plupart des gens qui arrivent ici. Vous allez finir en prison alors que vous avez un emploi. Que faut-il faire pour que vous ne conduisiez plus lorsque vous buvez ?"

La question ne se pose pas ainsi pour monsieur V. : que faut il faire pour qu'il tienne la route même lorsqu'il est en conflit avec sa moitié ? Sur le reste il ne conteste pas les faits, n'a jamais contesté, et, en suivi mise à l'épreuve, il satisfait à toutes ses obligations. Il a un travail à responsabilité, un bon salaire avec lequel il fait vivre sa famille et participe à l'éducation de ses enfants d'un premier lit.

 
Son avocat verse au débat une analyse sanguine de son client, récente, du 13 janvier dernier. "Les gammas GT sont à 18, autant dire à rien, il n'est plus alcoolique."

Lorsque les gendarmes l'interpellent, monsieur V. tient, disent-ils, des propos incohérents, mais pas seulement : "J'ai tout faux, oui j'ai bu."

"Cet homme a été contraint à des soins et il s'y est engagé, il est même allé au-delà car il s'est rendu compte que, s'il n'est plus alcoolique, il y a des situations qu'il n'arrive pas à vivre sans boire, et il engage alors des soins psychiatriques. Il veut mettre fin à ce qui l'empêche de vivre normalement.", développe Maître Grebot


Monsieur V. a fini par se poser les bonnes questions le concernant, et le tribunal l'entend. Mais la question est tout autre pour la justice : "Que vous soyez malade et que vous vous soigniez est une chose, mais vous mettez les autres en danger."

Monsieur V. n'a écrasé personne, n'a blessé personne. Il dit avoir compris que l'alcool vient en conséquence d'une souffrance initiale, sûrement lointaine, mais le tribunal va statuer sur les conséquences de cette conséquence : risquer la vie des autres, c'est inconséquent, et radicalement interdit. Quatre mois de prison.

"La peine d'emprisonnement ne doit pas vous faire baisser les bras. On peut avoir des problèmes, on peut boire, mais alors on ne conduit pas."

 


FSA