Chalon sur Saône

Michel Onfray paré pour en découdre verbalement avec Eric Zemmour, le 25 janvier à Chalon

Michel Onfray paré pour en découdre verbalement avec Eric Zemmour, le 25 janvier à Chalon

Le philosophe-essayiste Michel Onfray, l’homme aux plus de quatre-vingts ouvrages tombés dans le domaine public , qui porte aux nues une conceptualisation où il fait bon tirer avec bonheur la jouissance de tout ce qui est palpable, donc religions passez votre chemin, sera à Chalon-sur-Saône le jeudi 25 janvier. Opposé à 20h30 au Parc des Expositions à Eric Zemmour sur le thème « Est-ce la fin de notre civilisation ? », lors d’un débat conduit par Franz-Olivier Giesbert, Michel Onfray ne mâchera sans nul doute, comme à son habitude, pas ses mots. Interview pour info-chalon.com

- Dans quel état est notre civilisation ?

«Un état de déliquescence avancée… Tout part en petits morceaux, jour après jour… Quand une civilisation est devenue friable alors qu’elle fut marbre, il lui arrive de perdre des pans de murs d’un seul coup… L’exemple du jour : de sombres crétins réécrivent aujourd’hui la fin de Carmen sous prétexte qu’on ne saurait faire un spectacle avec une femme tuée par un homme ! L’opéra est mis en scène dans un camp de Roms lors d’une évacuation… Ce serait à en rire s’il ne fallait en pleurer ! Et c’est une pépite par semaine au moins ces temps-ci… »

- Est-elle sérieusement et irrémédiablement sur le point de péricliter ?

« Péricliter n’est pas le mot… Une civilisation est toujours en mouvement : soit vers sa pleine puissance, soit vers sa fin. Pour l’heure, la pleine puissance est loin : ce fut le temps des cathédrales… Depuis, elle va vers sa fin, mais comme un cancer qui travaille silencieusement le corps avant qu’on ne le découvre et qu’il emporte l’organisme. »

- A qui incombe la responsabilité ?

 «Continuons dans la métaphore organique : il n’y a pas de responsabilité, une civilisation est un organisme vivant et il est écrit dans son ADN qu’elle doit disparaitre. Ça a été le cas de toutes les civilisations avant la nôtre (et des religions qui les accompagnaient…), toutes sont mortes, c’est au tour de la nôtre. Celle qui la remplacera mourra elle aussi… »

- S’agit-il d’un bien, ou d’un mal ?

 «C’est par-delà le bien et le mal. Il faut être spinoziste sur ce sujet : autrement dit, ni rire ( comme le « progressiste » Plenel…) ni pleurer ( comme le «  conservateur » Finkielkraut), mais comprendre… »

 - Que pourrait-on trouver ensuite ? Quels sont les signes précurseurs ?

« Il me faudrait du temps pour répondre à cette seule question ! Il va falloir compter avec la Chine, l’Inde et l’Afrique. Mais une civilisation n’est jamais que le produit d’une religion qui la rend possible. Connaissez- vous une civilisation passée qui n’ait pas été la forme prise par une spiritualité ? Pour l’heure, l’Islam dispose mondialement d’un bras armé qui se veut impérialiste et planétaire. Quelle civilisation pourra s’y opposer et comment ? L’hyper technologie occidentale ne peut rien contre « la petite guerre » (pour utiliser un mot de Clausewitz, le théoricien de la guerre) de l’islam intégriste… L’Europe est à prendre et d’aucuns la veulent… »

- Vous avez apporté la contradiction à Eric Zemmour le 6 juin 2015 à Nice. Quel débatteur est-il ?

« Il est cultivé, il ne méprise pas, il est intellectuellement cohérent, il est vif et respectueux. » 

- Travaillez-vous sur un futur ouvrage, et où vous suivre ces temps-ci ?

« Sur trois ou quatre vous voulez dire… Je travaille sur le plus exigeant qui est Sagesse. C’est la suite de ma Brève encyclopédie du monde dont Cosmos et Décadence étaient les tomes 1 et 2. C’est une relecture des philosophes et des historiens de la Rome antique pour élaborer et proposer une sagesse en temps de crise… Ça commence avec l’éruption du Vésuve, une allégorie bien sûr… »

Eric Zemmour ne s’y collera pas

Eric Zemmour a pour sa part décliné notre invitation quant à une interview. En effet, il a répondu défavorablement le lundi 8 janvier par un mél en arguant du fait qu’il n’aurait malheureusement pas le temps de répondre à nos questions.

Où prendre son billet ?

Places à 26,00, 32,00, et 38,00 euros (plus guère dans le dernier cas), auprès de l’Office de tourisme et des congrès du Grand Chalon, de la librairie La Mandragore, ou sur les réseaux Ticketnet et Fnac/Billetel

                             Propos recueillis par Michel Poiriault

                             [email protected]