Chalon sur Saône

ANGIOPLASTIE A CHALON SUR SAONE - Les cardiologues entendent rompre avec Dijon et diriger les patients vers Lyon

ANGIOPLASTIE A CHALON SUR SAONE - Les cardiologues entendent rompre avec Dijon et diriger les patients vers Lyon

S'appuyant sur l'incapacité du CHU de Dijon à répondre aux problématiques du dossier de l'angioplastie et face aux délais de prise en charge des patients, les cardiologues chalonnais entendent jouer désormais une coopération avec Lyon. Une réponse du berger à la bergère. Les explications d'info-chalon.com.

Ce ne sont pas les arguments qui manquent en faveur du Nord de la Saône et Loire sur le dossier de l'angioplastie-coronographie sur le centre hospitalier de Chalon sur Saône. Face à la "mauvaise foi" de l'Agence Régionale de Santé, de "l'incapacité inacceptable" de l'Etat à trancher un dossier vieux de plus de cinq ans, les cardiologues chalonnais ont décidé de passer à un autre stade de leur offensive. De toute évidence, l'absence de réponse d'Agnès Buzyin, Ministre de la santé, "ni même un coup de fil" n'a pas été accepté et pour cause. "C'est du mépris total" ont lancé en choeur les élus de gauche comme de droite rassemblés ce lundi matin pour une énième conférence de presse. 

Marie Mercier, Cécile Untermaier et Jean-Paul Emorine n'ont pas eu assez de mots pour dénoncer "le mensonge" et "le mépris" affichés par Agnès Buzyin dans le dossier de l'angioplastie pour le territoire Nord de la Saône et Loire. "C'est la première fois de toute ma carrière politique que je constate ça " a lancé amèrement le Sénateur Jean-Paul Emorine, alors qu'avec ses homologues Jérôme Durain et Marie Mercier, ils avaient été à la rencontre d'Agnès Buzyn. "Chalon n'est pas destructeur de la filière cardiologique. Plus on nous dira de nous taire, les menaces, les coups de téléphone pour essayer de nous démobiliser provoquent chez nous l'effet inverse. Je mets la santé des patients en avant et j'apporte le soutien inconditionnel au nord de la Saône et Loire" a rajouté la Sénateur de Saône et Loire. 

Des critères... "obscurs" et qui ne dépendent pas de Chalon sur Saône

Les cardiologues chalonnais sont véritablement amers sur le dossier des critères salués par ailleurs par les députés Rebeyrotte et Gauvain, appelant chacun au raisonnable, dans un communiqué adressé la veille. "Nous ne pouvons pas nous permettre de nous lancer dans une stratégie jusqu'au-boutiste au risque de mettre en péril l'hôpital" co-signaient les deux parlementaires. Des critères sur lesquels les cardiologues ont préféré jouer la pédagogie ce lundi matin, expliquant l'ironie des propositions formulées par l'Agence Régionale de Santé.

"Comment recruter préablabement 6 à 10 cardiologues alors même que la filière cardiologique est bouchée à Chalon sur Saône" ironisent les cardiologues, avant d'évoquer "l'organisation du SAMU qui ne dépend pas de la filière cardiologique. Si il y a d'ailleurs problème, c'est que c'est l'un des rares SAMU à transporter des patients ailleurs pour le cardiaque. Le problème serait vite résolu avec l'angioplastie à Chalon sur Saône". "On nous demande d'augmenter la prise en charge des patients en rythmologie pour l'ensemble de la Saône et Loire avec un taux de fuite très important vers Rhône-Alpes, mais dépendant exclusivement de Mâcon. Donc on demande à Chalon sur Saône d'améliorer le bassin de recrutement de Mâcon. On n'a aucune main. Il faudrait que les collègues de Mâcon jouent le jeu, vous voyez bien la simplicité. On demande à ce que Mâcon fasse 1100 actes d'angioplastie mais Mâcon n'a pas la capacité technique. Comment voulez vous que Mâcon respecte le seuil ?".

"C'est une mauvaise foi, structurée et durable. On maintient l'angioplastie à Dijon au plus haut niveau au détriment de l'USIC de Saône et Loire et on ne se concentre sur la mission première du CHU de Dijon. Sa mission  c'est d'assurer la chirurgie cardiaque qui ne sera jamais faite à Chalon et assurer la formation des internes au bénéfice des territoires" dénonce Arnaud Dellinger, Président de la Commission Médicale de l'Etablissement de Chalon sur Saône. 

"Le dernier acte de ce mépris a été une non-décision du gouvernement" déplore Gilles Platret,

"c'est la décision du silence alors que la mobilisation a touché 35 000 signatures, que le Président de la République a reçu 20 000 cartes postales. Ce mépris rebondit, venant de Paris ainsi qu'un mépris de Dijon. L'exigence d'un groupement de coopération sanitaire et pas d'une coopération, c'est jamais exigé ailleurs. On a très clairement le sentiment qu'au lieu de se poser un but commun que nous tendons (toutes les autorités sanitaires) vers la chose inverse. Les critères ne sont pas atteignables dans la manière dont ils sont formulés. On n'a pas poser des objectifs mais des critères. Il n'y a aucune volonté d'avancer. Ca va aboutir à une situation de blocage inédite. On est à la veille d'une situation de blocage généralisé sur l'hôpital de manière institutionnelle. Si demain, toutes les missions sont arrêtées que se passera-t-il ? Si toutes les coopérations étaient bloquées que se passera-t-il ? On n'a plus que cette menace à opposer au mépris. On se bat pour notre territoire mais aussi pour d'autres territoires qui seront confrontés au même mépris des institutions. Des actions fortes seront menées... ce n'est pas une menace mais une promesse" a rajouté le maire de Chalon sur Saône et Président du conseil de surveillance de l'hôpital.

"Irresponsabilité et inconcevabilité" pour les élus départementaux de gauche

C'est Raymond Gonthier, accompagné de ses homologues conseillers départementaux qui est monté au créneau, dénoncant "l'irresponsabilité" dans la gestion du dossier de l'angioplastie pour le nord de la Saône et Loire. "J'insiste sur l'irresponsabilité. On demandera à ce que le département puisse prendre une position claire, nette et précise et le plus rapidement". 

Un recours en contentieux devant le tribunal administratif d'ici le 8 avril

Un nouvel épisode judiciaire va s'ouvrir avec un nouveau recours déposé par l'hôpital de Chalon sur Saône. Un recours qui devrait être déposé d'ici le 8 avril a précisé Arnaud Dellinger. "C'est pour manifester officiellement que la décision est injuste et qu'elle mérite une analyse par le tribunal. Il aura liberté de l'analyser dans le temps qu'il veut. Il va bientôt être encombré sur le dossier de l'angioplastie. Ca permettre de révéler les montages juridiques de l'ARS. Ce groupement est un leurre, une baudruche qui ne mérite que d'être dégonflé. Le noeud de l'action est au coeur des instances sanitaires, au coeur du blocage qu'on va organiser pour montrer notre détermination.  Que l'ARS se prépare à une mobilisation.

Tourner le dos à Dijon... et regarder vers Lyon

Pour montrer à Dijon et Mâcon, leurs mécontentements, les cardiologues chalonnais entendent riposter et cette riposte passera par Lyon. "Les délais étant de plusieurs semaines à plusieurs mois à Dijon en terme de chirurgie cardiaque", Arnaud Dellinger a annoncé sa volonté de priviliégier désormais la piste lyonnaise "avec des délais de 8 à 10 jours". Sur la question du coût du transfert des patients, le président de la Commission Médicale de l'Etablissement s'est assuré du soutien de la CPAM de Saône et Loire, "elle a bien compris qu'elle pourrait gagner beaucoup d'argent avec l'ouverture de l'angioplastie à Chalon sur Saône. Jusqu'à présent, elle accepte l'écart lié au transport. Elle considère que c'est un petit supplément qui aboutira à une grande économie ultérieurement avec la réduction considérable des frais de transports". 

 Laurent Guillaumé