Crissey
TRIBUNAL CHALON - Des joueurs de pétanque immatures à Crissey
Publié le 13 Novembre 2015 à 14h56
Ils ont 22 et 24 ans et ont, une nuit de novembre 2014, eu la très mauvaise idée de dévaliser le local de la Pétanque Crissotine. Deux cents euros et trois bouteilles, un bien maigre butin pour des cambrioleurs maladroits. Ils ont été condamnés à des peines de six et trois mois de prison avec sursis.
Ils sont allés jouer l'après-midi du vol au club. L'un des jeunes gens en est membre, ils se font même payer un coup à boire. Un moment convivial qui leur permettra, d'un coup d'oeil, de repérer l'argent dans le tiroir-caisse de l'association et leur suggére une bien mauvaise action.
Ils reconnaissent les faits et ne tardent pas à être repérés. Passionné de pétanque, l'instigateur du cambriolage pratique toujours ce sport dans un autre club. Le club de Crissey n'aurait pas vu d'inconvénient à ce qu'il y reprenne sa carte mais dit-il, le maire de la commune s'y serait opposé. La nuit venue, ce 20 novembre 2014, les deux jeunes gens forcent et déforment la paroi de tôle pour s'introduire sur le terrain couvert et endommagent également, en y faisant un trou, la porte du débarras, oú se trouve la caisse. Les 200 euros volés finiront pariés au casino, sans faire de petits. Un argent "facile à se faire".
Le passionné de pétanque déclare avoir agi sur un "coup de tête". La présidente lui fait remarquer que les effractions ont suscité pas mal de dégâts. "Qu'est-ce qui me garantit que la prochaine fois que vous apercevrez une caisse, vous n'aurez pas envie de voler ?" interroge la présidente Cécile Therme. "Ah non, c'est fini ça !" protestent, l'un après l'autre et assez penauds les deux anciens amis.
Les deux cambrioleurs pétanqueurs ont depuis fait amende honorable. Ils ont remboursé la somme dérobée au club et racheté du whisky et des sodas et rendu les quelques boules emportées. L' un d'eux a rencontré le président à plusieurs reprises et écrit une lettre d'excuses aux membres. Au fil des concours de pétanque, les deux hommes n'ont jamais rompu le contact. Le président du club de Crissey, a aussi pris le temps d'écrire au tribunal pour signaler le remboursement, les excuses et la bonne évolution comportementale de ses détrousseurs. Une initiative rare, louée par le tribunal. Et saluée avec humilité par le prévenu. "Il est vraiment gentil de le dire", reconnait-il. Frédéric (prénom changé) a passé un CAP de maçonnerie mais suite à un accident du travail ne peut plus exercer et est désormais condamné à un emploi sédentaire. Il veut suivre une formation de cariste. Il a 4 condamnations à son casier judiciaire et se trouve en situation de récidive. Son acolyte d'un soir, Bruno ( prénom changé) est lui titulaire d'un CAP de menuiserie, domaine professionnel qu'il n'a jamais apprécié. Les deux jeunes hommes recherchent du travail et sont actuellement soutenus par leurs parents. "Ça fait un an que je regrette ce vol" affirme Bruno qui a en effet l'air d'être assez ému par sa présence à la barre. Les deux complices, hormis le moment du remboursement à l'association, ne se fréquentent plus. Le parquet, représenté par Marie Gicquaud, note que les prévenus ont vite reconnu les faits. "C'est une affaire désolante pour un butin assez minime ". Et requiert six mois de prison avec un sursis variable, selon les casiers des deux jeunes gens. L'avocate de Frédéric, Me Mortier - Krasnicki insiste sur le fait que son client n'a jamais été oisif et demande une peine entièrement assortie de sursis avec une mise à l'épreuve plutôt que de la prison ferme : " C'est un dossier typique d'un tribunal pour enfants. Cela démontre surtout de l'immaturité". Frédéric signale qu'il est beaucoup mieux dans sa peau qu'au moment des faits. Il est désormais amoureux d'une jeune fille, venue le soutenir à l'audience avec sa maman. Bruno et Frédéric ont affirmé une dernière fois à la barre, quasi en choeur, que ces vols ne se reproduiront plus.
Le tribunal a reconnu les deux jeunes gens coupables. Frédéric, récidiviste, a été condamné à six mois de prison avec sursis assortis d'une mise à l'épreuve de deux ans avec obligation de travailler ou de se former. Bruno, lui s'en tire avec trois mois de prison avec sursis. Et une émotion forte qui devrait le tenir éloigné des délits pour un moment.
Florence Genestier
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