Dracy le Fort

Avec le livre Singulières des masques tombent, la renaissance exulte

Avec le livre Singulières des masques tombent, la renaissance exulte

Ce que femme veut…Neuf représentants de la gent féminine ont pris sur elles un beau jour en inscrivant noir sur blanc une portion de leur moi, espèce d’antidote ou de puissant dérivatif, voire d’accouchement au forceps. Et cette procréation a été matérialisée par une chronique intitulée Singulières, riche d’une dizaine de narrations.

Cet ouvrage, à peine sorti des presses, a été sacralisé mercredi et jeudi soir en la salle polyvalente Alfred Jarrot de Dracy-le-Fort. Pour accompagner ses premiers pas extra-utérins, une lecture-spectacle est devenue son guide spirituel.

Au nom du droit à l’existence, elles ont pris le taureau par les cornes

Le big bang remonte au mois de juillet 2013, lorsque Chantal Schneider eut une idée qui petit à petit fit prit de l’ampleur. Une première réunion de sensibilisation se déroula en octobre de la même année. Dès lors le processus était enclenché, de rassemblements en séances d’écriture en tête-à-tête avec soi-même afin d’ordonner son jardin secret, d’écrémage en sélection naturelle, les dix-huit postulantes du départ se retrouvèrent amputées de moitié. Ne restèrent que les plus déterminées à se libérer de la contrainte des doutes, indécisions, gênes, non-dits, obstacles, fin prêtes à braver leurs propres interdits, à se mettre partiellement à nu au su et au vu de tout le monde, à magnifier une épuration. Ces parcelles de vie capitales à un moment donné, choisies pour être placées sous le feu des projecteurs n’auront sans doute pas été qu’une simple formalité. La résilience n’a que fort peu d’atomes crochus avec la facilité, doux euphémisme. Balayer devant sa porte pour trifouiller dans les tréfonds de son être avoisine une belle leçon de courage, une remise en ordre et en question au prix, parfois, d’une douleur incoercible. Mais au bout du chemin intérieur semé de traquenards, se dresse la satisfaction du devoir accompli. Un et divisible, tel quel apparaît le recueil baroque de ces trajectoires au pluralisme certain qui, chacune dans son genre, mérite indubitablement la plus stricte déférence. Puisse la glorieuse espérance exhalée faire tache d’huile…

Pour qui a sonné le G.L.A. ?

A Dracy-le-Fort la lecture théâtralisée a permis aux publics de se familiariser avec le contenu de Singulières en plongeant dans ses entrailles. Sur scène Corinne, Sylvie et Anne (membres du G.L.A. : Groupement des Lectrices Anonymes, en prise directe avec l’association de Jambles les rAts d’Arts) ont mis en voix des extraits de « Kazachok ! », « Le fil d’étendage », « La voix de Ying Yang », « Musicienne », « Long courrier », « L’envol », « Aller où la vie m’invite », « Perles », « A fleur d’elle », ces historiettes pondues avec force sincérité par les auteurs. Manière d’introduire les sujets avec tact et délicatesse et de faire en sorte que le temps suspende son vol, le guitariste de blues Nasser Ben Dadoo (fondateur du groupe Hat Man Session, lequel sortira un CD en avril 2015) fit apprécier par intermittence son coup de patte. Paru aux Editions Bonheur d’Etre sises à Dracy ([email protected]), le livre s’écoule au tarif de 10 euros l’unité. Renseignements sur le blog : http://singulieres.unblog.fr Ensuite ? Advienne que pourra ! « On ne connaît pas la suite. L’avenir nous le dira… », dixit Chantal Schneider.

                                                                                               Michel Poiriault