Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - " On ne peut entrer chez les gens en fracassant la porte avec un marteau sans conséquences »

TRIBUNAL DE CHALON - " On ne peut entrer chez les gens en fracassant la porte avec un marteau sans conséquences »

« On ne peut entrer chez les gens en fracassant la porte avec un marteau sans conséquences », conclut la présidente Catala. Que faisait Kevin (prénom modifié), 19 ans,  armé d’un marteau le 2 septembre dernier à Louhans ?

Eh bien il faisait Didier l’embrouille, sauf qu’il n’en a pas l’allure ni les frusques. De taille moyenne, le cheveu court, la barbe fine et soigneusement taillée, de bonne corpulence, Kevin est un jeune homme qui respire la santé. Il travaille, il a même un CDI, et vit encore chez sa mère, à 19 ans c’est encore assez compréhensible, du reste, elle est à l’audience.

Mais… mais il est traduit devant la chambre des comparutions immédiates, soit une procédure très rapide et plutôt agressive, et en l’occurrence ce n’est pas pour rien, quoique l’embrouille qui a dégénéré soit (comme souvent) plutôt pathétique vue de l’extérieur.

Kevin avait une copine. Ils rompent. La copine sort alors avec un autre, mais se serait montrée un peu ambigüe au cours de l’été au point de générer une rivalité entre les 2 garçons. Le 2 septembre, le nouveau passe devant chez Kevin, le provoquant d’un doigt d’honneur. La journée ainsi (mal) enquillée se prolonge par des échanges de SMS et s’achève sur l’idée qu’il « faut se comporter en homme (sic) et discuter ». Kevin y va en voiture, accompagnée par la demoiselle. Il se gare et prend un marteau dans son coffre. Il monte, défonce la porte, entre, l’autre voit le marteau et se jette sur lui sans attendre, ils se battent. La fille ramasse le marteau, et s’interpose (« Elle aurait pu intervenir avant », regrette le tribunal). La victime a 2 jours d’ITT.

Explication habituelle du prévenu : « j’ai pas réfléchi ». Le tribunal l’interroge en soulignant le manque, sans doute, d’éducation à sa responsabilité en général. Par exemple, il gagne un salaire mais ne participe en rien aux frais de la maison qui l’héberge. Le tribunal insiste car en réalité cette année 2017 est l’indice d’un souci, sans qu’on sache encore bien lequel. Le 21 janvier dernier, rappel à la loi par un OPJ. A venir : une convocation en novembre pour usage de stupéfiants, une autre pour violences en réunion, une autre pour mise en danger de la vie d’autrui. « Ça fait beaucoup de faits délictueux sur cette année, constate le procureur Prost. Il doit s’interroger sur le déclenchement de ces passages à l’acte délinquants, car pour l’instant il n’a rien à en dire ».

C’est pire que ça : cet hiver on l’a condamné à suivre « un stage de sensibilisation ».
« Je dois aller au SPIP.
- Au SPIP ou au SDIT ?
- SPIP

- C’est quoi le SPIP ?
- Je ne sais pas, faut que j’y aille. »

Le parquet requiert 10 mois de prison dont 4 mois avec sursis assortis d’un suivi mise à l’épreuve. « Pas de mandat de dépôt, exceptionnellement, car il a un CDI. »
Son avocate regrette elle aussi que la demoiselle n’ait pas tenté d’arrêter son ex-copain avant qu’il n’y aille à coups de marteau. « Il a 19 ans, ce n’est pas une excuse, mais il est très jeune. »

Décision : le tribunal condamne le jeune homme à 10 mois de prison dont 6 mois avec sursis et mise à l’épreuve de 2 ans. Interdiction de contact avec la victime, obligations de soins, amende de 600€.

Florence SAINT-ARROMAN