Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Les douanes saisissent 8 kg de cannabis qui transitaient par la France

TRIBUNAL DE CHALON -  Les douanes saisissent 8 kg de cannabis qui transitaient par la France

En Bresse on peut trouver de bons poulets, et sur l’aire dite « du poulet de Bresse », le long de l’A 39, on peut trouver de l’herbe de cannabis, si toutefois on y arrive avant les douaniers qui ont une fois de plus saisi à cet endroit le 1er novembre, 8 kg de drogue planqués sous la banquette arrière d’une voiture. Les trafiquants avaient même réduit la taille du réservoir à essence pour agrandir la cache.

8 kg d’herbe conditionnée en sachets, ça fait une belle quantité de sachets. Le conducteur est serbe. Un homme de 38 ans, ingénieur dans son pays, mais ingénieur au chômage depuis plusieurs mois, qui dit avoir accepté un transport moyennant 2000 euros.
2000 euros c’est l’équivalent de 2 mois de son salaire d’avant. Sa femme, elle, gagne 200 euros par mois. Ils ont deux enfants et un crédit pour la maison, alors ça tirait trop et il s’est dit « pourquoi pas ? ». Sauf que la quantité saisie est telle qu’elle relève d’un trafic international puisque ce monsieur ne faisait que passer par la France. Parti d’Espagne il se rendait à l’est.  Sauf que l’exploitation de son téléphone portable raconte qu’il est allé 5 fois en Espagne depuis septembre. Sauf que des photos disent aux enquêteurs qu’il a un train de vie supérieur à ses moyens, ne serait-il pas le commanditaire ?
Le tribunal pose la question à monsieur, qui, bien conscient des enjeux de ce jugement, proteste avec énergie, non, non, ce n’est pas lui, c’est un « monsieur Nicolas – ou Nikola », dont pourtant on n’a trouvé aucune trace, alors on doute de son existence.
Mais le trafic de stups, et c’est là son universalité, est régi par la loi (sic) du silence, sauf à risquer de vilaines représailles contre soi ou sa famille. Alors on interroge monsieur sans se faire la moindre illusion.
Par la grâce d’un système judiciaire qui est ce qu’il est mais qui n’en compte pas moins pour être un des meilleurs au monde, si l’on joue au jeu des comparaisons avec tant d’autres pays, monsieur est assisté. C’est obligatoire : il doit avoir un avocat pour être jugé en comparution immédiate. Maître Malinka Trajkovski intervient pour lui, et maître Trajkovski non seulement comprend et parle le serbe mais elle connaît bien ce pays. Alors, pour la défense de cet homme à la limite de l’indéfendable puisqu’il a reconnu les faits, elle apporte sa culture au tribunal.
Les enquêteurs ont trouvé sur lui un papier portant mention d’une somme de 4000… « mais ce ne sont pas des euros, explique l’avocate, ce sont des dinars serbes, soit l’équivalent de 35 euros. Dans ce pays, lorsque vous payez une facture ou une note on vous donne un reçu. Je vous l’explique parce que le contexte donne une couleur à ce dossier et aura une incidence sur la façon dont vous apprécierez la peine. Un autre exemple : les photos de sa femme, dont on croit qu’elle est habillée de vêtements de luxe très couteux. Mais en Serbie, il y a beaucoup de contrefaçons, et les femmes s’habillent pour presque rien, semblant afficher de grandes marques, mais ce n’en sont pas. Ce contexte qu’on veut vous dépeindre n’est pas la réalité, je le sais. Pas de supputations, pas d’hypothèses : jugez-le sur les faits, uniquement. »

L’administration des douanes demande une amende douanière de 14000 euros soit plus d’1 million et demi de dinars serbes. Le parquet les requiert bien sûr, ainsi que 30 mois de prison, une interdiction du territoire français (ITF) de 2 ans, la confiscation des scellés (la voiture et l’argent liquide que portait monsieur, soit 1565 euros), son maintien en détention.

Le tribunal condamne ce monsieur qui ne parle pas français à 24 mois de prison, 14000 euros d’amende douanière, une ITF de 2 ans, ordonne la confiscation des scellés. Il est maintenu en détention et gardera un mauvais souvenir du poulet de Bresse.

FSA