Givry

Avec la venue d'Yves Jamait à Givry, l'auberge de la Billebaude accroît visibilité et crédibilité

Avec la venue d'Yves Jamait à Givry, l'auberge de la Billebaude accroît visibilité et crédibilité

Alors que la programmation musicale est suspendue pour l’heure à l’auberge et bar à bières de la Billebaude implantée à Givry, dans l’attente d’un verdict juridique, une éclaircie va balayer de sa lumière la grisaille des moments de doute. Fût-ce l’espace d’une poignée d’heures. En effet, le chanteur dijonnais Yves Jamait en personne fera coup double le samedi 10 septembre à Givry : apporter son inlassable soutien au Bistrot culture, et gratifier le public d’un concert en bonne et due forme. Un très joli tour de force qui régalera les puristes….du moins ceux qui disposent du précieux billet d’entrée, car ça se jouera à guichets fermés !

Un parcours semé d’embûches

Une toute petite frange du voisinage de la Billebaude tenue par Bruno Fabris lui cherche des poux dans la tête au motif de nuisances sonores lors des soirées artistiques, avec en sus une demande de dommages et intérêts pour le préjudice subi. Ce qui a été estimé par l’instance autorisée, ce sont en réalité 3 décibels en pic pendant cinq minutes au-dessus de la norme réglementaire, ce huit fois par an. L’homme à tout bien faire de la Baude, qui a ouvert au mois de juin 1985, et où le premier concert est devenu effectif en janvier 1986, attend présentement la décision de justice à une date non encore fixée. C’est le jugement sur le fond qui sera alors prononcé. En consultant son antériorité, le maître de céans se rend compte qu’au début de l’aventure il n’y avait rien de comparable avec ce qui se faisait ces derniers temps. « La fréquence était beaucoup plus importante au départ. Depuis environ dix ans c’est passé à une fois par mois. » Assigné pour la quatrième fois en justice au mois de septembre 2015, malgré l’annonce par voie d’avocat en avril de la même année dans laquelle le prévenu affirmait cesser tout concert amplifié. « On a très peu communiqué sur la quatrième assignation. Beaucoup de gens pensent que c’est fini, alors que c’est loin d’être le cas… », a-t-il amèrement commenté. Le restaurateur doit en fait batailler ferme depuis 1991, avec à la base des ennuis juridiques reposant sur des problèmes de servitude. Comme quoi ses désagréments ne datent pas d’hier ! Rien ne lui aura été épargné : « J’ai eu souvent des menaces, des plaintes en mairie qui n’ont jamais abouti, j’ai même été dénoncé à la D.D.A.S.S. Il n’y a en trente-et-un ans jamais eu d’intervention des forces de l’ordre dans mon établissement. » Bruno Fabris va cahin-caha, au gré de son humeur peu ou prou chahutée : « Moralement ça va mieux. Il y a toujours eu des hauts et des bas. J’ai organisé deux concerts hors les murs, ainsi que quelques autres il n’y a pas longtemps, le dimanche après-midi, 100% acoustiques.»

 

Le Bistrot culture, un des fondements de la vie culturelle

Bruno Fabris n’a pas accepté de gaieté de cœur de devoir répondre de ses actes. En 2014 l’irrépressible besoin de médiatiser ses assignations s’est invité. Le 7 avril un rassemblement devant la Billebaude a permis de comptabiliser quelque quatre cents personnes derrière l’accusé. David Ducret, maître d’hôtel à l'hôtel le Dracy (Dracy-le-Fort) et coproducteur pour le 10 septembre à Givry a ce jour-là interprété la chanson « Touche pas ma Baude », dont il est l’auteur. Mais c’est surtout la présence d’Yves Jamait qui a marqué les esprits. Cela est resté un formidable souvenir pour chacun des participants. Comme au demeurant pour ceux qui ont assisté au récital du chanteur au mois de juillet 2014 à la Billebaude, soirée privée oblige. Le 10 septembre 2016, Bruno voulait coûte que coûte Jamait, et personne d’autre. « Je désirais Yves Jamait, car c’est un ancien cuistot, et qu’il a démarré dans les Bistrots culture. Yves est quelqu’un de vachement humain, il a répondu à notre appel sans hésitation. Je suis honoré de sa présence. Le Bistrot culture est un gros tremplin pour tous les artistes qui n’ont pas accès aux salles. Il se rappelle des endroits qu’il a faits. Il sait que même quand on est devenu grand, il ne faut pas laisser tomber les petits. » Selon les dires de Bruno Fabris, la municipalité givrotine le suit quand il le faut. «Elle m’accompagne pour toutes les démarches administratives, mais pas plus que les autres. Ce doit être du fait de mon engagement, car je suis un acteur actif de la commune. Elle ne me met pas du tout de barrage. » Quoi qu’il arrive par la suite, Bruno se frotte les mains grâce à cette glorieuse affiche. «C’est pour moi le plus gros concert, celui de ma carrière ! Jusqu’à présent la plus forte audience enregistrée était de 110 spectateurs. » Philosophe et fataliste, l’aubergiste finit par relativiser la portée de ses tourments. »Si l’arrêt de mes concerts devait arriver, je ne serais pas triste du tout en terminant par le concert d’Yves Jamait. Il y a de très beaux projets locaux dans les tiroirs, dont des créations….»

                                                                                                              Michel Poiriault

                                                                                                              [email protected]