Givry

Les Oenorires de Givry s'apprêtent à frapper à la porte. Alors ouvrez-leur par pitié, et sautez sur l'occasion !

Les Oenorires de Givry s'apprêtent à frapper à la porte. Alors ouvrez-leur par pitié, et sautez sur l'occasion !

Champ d’action élargi, durée plus longue, davantage de spectacles, affermissement de « l’outil » vineux du cru, la 3ème édition du festival d’humour de Givry les Oenorires s’ancre au fil du temps dans le territoire du Grand Chalon. Les puristes comme les béotiens devraient du samedi 28 janvier au samedi 4 février y trouver leur compte. Du moins tout a été fait dans ce sens.

Mieux que trois étapes pour se familiariser avec le festival

 

Un peu plus de 400 spectateurs en 2015, puis presque 700 en 2016, combien cette année ? De toute évidence le nombre repartira à la hausse au regard du mouvement amplificateur. Si l’an dernier il y avait une préchauffe et les trois soirées proprement dites du festival, dans une poignée de semaines il en ira tout autrement, avec pour faire la différence, cette fois trois préchauffes indépendamment des trois soirées inaliénables.

« On a eu de jolis partenariats. Le Réservoir de Saint-Marcel en est un, cette petite salle qui a un équipement culturel absolument merveilleux, avec lequel on était en discussion depuis à peu près un an car il souhaitait entrer dans la boucle. On leur a trouvé un magnifique spectacle qu’on tenait absolument à faire venir. Il s’agit d’une superbe comédie, très douce et poétique, une bulle de bien-être pour tout le monde, et du coup on a fait venir « Dans ta bulle ».

Pour la seconde préchauffe un cas de conscience s’est présenté. «On a eu un gros dilemme avec Victor Rossi, qui travaille sur la programmation avec moi (Antoine Demor, l’une des chevilles ouvrières N.D.L.R.). Cette année nous avons vu le spectacle « Mur-mur » de la Cie du Oui, qui nous a bouleversés. Il a été créé à Chalon, et parle d’emprise dans le couple, de manipulation, de maltraitance, etc. Donc des sujets très difficiles, mais qui sont réalisés avec brio. Ca nous donne à la fois à rire, et énormément à réfléchir. Fallait-il dès lors se priver d’un spectacle qui nous a émus parce qu’il n’entre pas pleinement dans le genre humoristique ? Pour nous, l’important c’était d’émouvoir les gens, de leur présenter de belles choses, de les alerter…Ce sera donc une soirée au-delà du rire, où clairement le rire n’est pas le n°1, le leitmotiv. Les gens esquisseront peut-être un sourire, ou riront, car ça reste un spectacle un spectacle très bien ficelé avec des moments drôles, mais parfois ils seront surpris, décontenancés. La mairie de Jambles est un nouveau partenaire.» 

Enfin, le troisième pan introductif pose le pied sur la terre givrotine, à la Halle ronde. «Victor et moi avons trouvé que l’on n’avait pas mis en valeur le vin et le patrimoine gustatif jusqu’à présent autant qu’on le souhaitait. Chaque soir il y avait jusqu’à présent des dégustations de vin à Givry, mais je voulais qu’il y ait quelque chose qui aille au-delà de ça. On nous a proposé un concept qui s’appelle « Le casino du vin », qui est une sorte de casino avec des tables de jeu. Les gens ont des jetons, à chaque jeton ils peuvent goûter un vin, et à chaque table de jeu il y a une animation différente. Ca peut être aussi bien humer à l’aveugle la couleur du vin, essayer de deviner la région vinicole, l’âge d’un même vin, c’est-à-dire de quatre années différentes. Il faut alors tenter de trouver le plus vieux, le plus récent, etc. Il y aura plein d’animations qui s’appellent « oenoludiques » le 1er février, et douze vins à déguster. Des experts en vin seront à chaque table pour aiguiller les gens, pour que ce soit quelque chose d’assez instructif. Un petit cocktail dînatoire sera préparé par le chef Bruno Fabris de la Billebaude. Il n’y aura pas de spectacle ce soir-là. Grâce à ce concept nous sommes maintenant soutenus par le B.I.V.B. (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne) », explique Antoine Demor.

On attaque maintenant les trois « glorieuses »

Laissons encore à Antoine le soin de décliner les trois soirs dédiés à l’humour multifacette. «On est sur un très, très grand écart. On a aussi bien le jeudi quelque chose d’un peu plus fou, puisque l’on a en têtes d’affiche Cécile Giroud et Yann Stotz, qui font le bonheur de Patrick Sébastien le samedi soir. C’est un vrai hommage au music-hall, ces gens sont des artistes complets. Cécile Giroud est championne du Monde d’impro, Yann Stotz a déjà une expérience folle en solo, et puis c’est un artiste qui a déjà fait beaucoup d’émissions télé entre autres. Tous les deux sont vraiment d’excellents imitateurs, ce qui fait que l’on a un spectacle un peu visuel, car Stotz est également mime, et c’est aussi musical, car il y a un piano sur scène, des chansons, un petit moment de music-hall avec d’anciens chanteurs imités, etc. Il y a toujours un moment où ça part un peu en vrille avec des grivoiseries qui sortent. Je dois avouer que c’est le genre de spectacle qui me fait mourir de rire, car je suis émerveillé par tout ce qu’ils savent faire, et ils savent où taper, où piquer. Ils connaissent leurs publics, sont très à leur écoute. C’est une partition, c’est très précis. »

« Le plateau du vendredi, ce sont toujours quatre humoristes qui font des extraits grosso modo de 20-25 minutes. On aura de l’humour visuel avec Jovany, qui est un Lillois que j’ai repéré il y a un an. Il a participé à «La France a un incroyable talent » et a un faciès complètement élastique. On aura de l’humour beaucoup plus stand-up et un peu cynique en la personne de Guillermo Guiz qui est maintenant sur France Inter, et est un jeune belge en train d’exploser. On aura aussi Max Bird, le petit protégé de Gérald Dahan. C’est un bijou, en quelque sorte un vulgarisateur scientifique humoristique, historique également, qui reprend aussi bien la mythologie que l’histoire des dinosaures. Il transforme tout cela en sketchs, et il nous apprend des choses en même temps : c’est absolument  fabuleux, un régal ! Lui aussi est en train d’exploser, il fait même des vidéos de vulgarisation scientifique sur Internet qui s’appellent « Les idées reçues de Max Bird ». Un vrai carton ! Nous sommes vraiment ravis de l’avoir. Et puis notre dernière c’est Elodie Poux. C’est vraiment le caméléon avec des personnages très borderline, trash. Elle a des histoires assez croustillantes, comme des mamans assez paumées. Il y a des sketchs succulents car elle possède cette capacité de transformation en un personnage qui peut être aigri ou déplacé. Elle représente quand même 30 prix en 23 festivals, c’est une machine de guerre ! Le plateau du vendredi est très, très éclectique, avec de grosses pointures. »

« Et on termine par le samedi avec une soirée qui s’intitule : « En attendant les élections ». En première partie on aura David Azencot, le nouveau petit protégé d’Anne Roumanoff. La tête d’affiche sera Frédérick Sigrist, lequel est chroniqueur à France Inter. Il va nous présenter le spectacle « Fred Sigrist refait l’actu ». C’est vraiment l’esprit chansonnier, il est constamment en train de regarder l’actu, et le spectacle d’un jour sur l’autre n’est absolument pas le même. C’est-à-dire qu’il n’a pas un spectacle écrit qui est invariable, il a des tiroirs, et lorsqu’il est sur scène, en fonction des gens, il les ouvre, tant que les gens se marrent ! Il est impressionnant, et surtout il est capable avec l’actu qui a eu lieu deux heures avant, d’en faire quelque chose. Avec ces deux-là on va vraiment avoir un super moment de décryptage de l’actualité, mais de façon drôle et irrévérencieuse ! C’était ce qu’on voulait, pour une année importante électoralement parlant, faire un clin d’œil en disant : « Ecoutez, on sait que l’on va vers des mois de surenchère médiatique. Eh bien, rions-en ! »

Marchand de bonheur éphémère

Antoine Demor se frotte humblement les mains à l’avance. «Très modestement nous sommes assez fiers de cette cuvée, parce que l’on reste un tout petit festival avec de tout petits budgets. Le festival n’a pas une grosse renommée, nous soufrons globalement d’un énorme déficit d’image. Nous sommes contents d’avoir su trouver les bons mots pour attirer de nouveaux artistes, les convaincre de venir, et aussi d’avoir eu en face de nous des artistes réceptifs. On essaie d’accueillir les gens au mieux avec nos petits moyens, mais de manière très professionnelle, et notre équipe de bénévoles est absolument merveilleuse. Je suis très fier de la programmation, on ne voulait pas faire que des blockbusters de l’humour, parce que ça ne nous intéresse pas, mais montrer la petite pépite, quelque chose de différent, qu’il n’y a pas que l’humour de média, de radio, de télé. » Et on ne transige pas avec le respect dû au public et aux artistes.

« La chose la plus évidente, c’est que les spectateurs et les artistes soient heureux. Je veux que les artistes repartent bien, qu’ils aient passé un bon moment. C’est pour ça que chez nous il n’y a pas de compétition. On ne remet pas les prix du public, du jury, etc. Je veux que l’artiste quand il arrive sur le plateau, donne le meilleur de lui-même en n’ayant pas de pression. Qu’il ait un bon souvenir de Givry, parce que quelque part ce sont les images du village, de l’appellation, du Grand Chalon, qui se jouent aussi. Finalement, les gens en général s’ils repartent de Givry heureux, sont des ambassadeurs de notre vin, de la Bourgogne, etc. C’est mon objectif prioritaire. »

Un festival à économie fragile

Chaque rendez-vous annuel s’accompagne d’un excédent financier, toutefois chaque année convient-il de reprendre son bâton de pèlerin pour convaincre les partenaires « historiques » de faire encore un bout de chemin, chose relativement aisée, et s’efforcer d’en attirer de nouveaux. « Il faut sans cesse tenter de se réinventer pour faire en sorte que le festival se pérennise financièrement, c’est important. C’est pour ça que l’on vend de la restauration, de jolis produits locaux, sachant que l’on ne touche pas de subventions publiques. Beaucoup de choses nous sont assurées par la collectivité, les salles sont prêtées, c’st absolument merveilleux. On a également les agents municipaux qui viennent installer des choses, nous aider. C’est une façon pour la collectivité de s’investir, elle croit en nous, nous relaie, la commune de Givry est vraiment derrière nous », conclut Antoine.

Renseignements/Réservations

Tarifs de 10,00 à 14,00 euros, pass pour plusieurs spectacles. Préchauffe 1 (le Réservoir) : 8,00 euros ; Préchauffe 2 (Jambles) : 10,00 ou 14,00 euros ; Préchauffe 3 : (« Le casino du vin ») : 29,00 euros

www.lesoenorires.fr, ou au 07.85.34.36.70

                                                                          Michel Poiriault

                                                                          [email protected]