Journée Internationale des droits des femmes

Femmes à l'Honneur [Portrait 12] - Muriel Ferrando Rodriguez

Femmes à l'Honneur [Portrait 12] - Muriel Ferrando Rodriguez

Très impliquée dans le tissu associatif local, Muriel Ferrando est, depuis deux ans, présidente du Club Country Forever de Sennecey-le-Grand.

Secrétaire commerciale dans un négoce de construction à Tournus, son mari étant  chauffeur- routier, Muriel Ferrando Rodriguez a toujours souhaité faire un métier qui ne nécessitait pas de déplacements afin d'être très présente pour ses deux enfants, Laure, aujourd'hui 22 ans, qui fait des études de chiropraxie à Paris et Luc, 19 ans, apprenti chez Eiffage à Senozan. Impliquée depuis toujours dans diverses associations, elle pratique depuis 9 ans la country, sa passion.

Que représente pour vous la journée internationale des droits des femmes ?

La journée de la femme nous fait prendre conscience de tout ce qui a été fait mais elle nous permet aussi de nous rendre à l'évidence que le chemin est long et qu'il reste encore beaucoup à faire...

Depuis ces dernières années, les politiques tentent de prendre à bras le corps ce problème... la mise en place de la parité vous a-t-elle semblé être une bonne mesure ?

Je pense qu’il était nécessaire que cette loi soit instaurée pour permettre aux femmes d’avoir accès à certaines instances ou certains corps de métiers dans lesquels elles n’étaient pas les bienvenues ou tout simplement exclues. Cependant, ce qui me gêne dans cette initiative, c’est le système de quota qui perdure... Nous ne devrions pas choisir une personne en fonction de son sexe mais simplement en fonction de ses compétences. Si une femme est plus compétente dans un domaine, alors qu’on lui donne le poste en question, mais si c’est un homme, qu’il lui revienne. Je pense que si les mentalités arrivaient à réellement évoluer, ces quotas tendraient à disparaître. Mon souhait serait qu’un jour, les mentalités aient suffisamment changé et que plus aucune loi ne soit nécessaire pour qu’une femme puisse réaliser ses rêves.

Pensez-vous que l’image et la place de la femme dans la société française aient évolué ?

Bien sûr, d’une certaine manière, elle a évolué. Il n’y a qu’à comparer la vie d’une femme de nos jours avec celles de nos grands-mères et de nos mères. Nous sommes indépendantes, une femme a aujourd’hui la possibilité de choisir la vie qu’elle veut mener et n’est plus soumise à l’autorité de quiconque.

Être une femme a-t-il déjà été pour vous un handicap ? Une force ?

Je n’irai pas jusqu’à parler de handicap, pour moi ce mot est très fort... Je dirai simplement qu’en tant que femme, nous nous trouvons parfois dans certaines situations obligées de prouver que nous sommes compétentes et tout à fait capables de réaliser ce que nous entreprenons.

Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie personnelle ?

Tout est une question d’organisation ! Et ça, je pense que tous les parents vous le diront.. Pour moi, la clé d’une vie épanouie est une vie personnelle enrichissante entourée de toutes les personnes qu’on aime et un travail valorisant.

Que défendez-vous et que voulez-vous transmettre ?

D’après moi, l’égalité homme/femme que nous voulons tous obtenir passe par l’éducation de nos enfants. Il faut faire grandir nos enfant en leur apprenant que nous avons tous les mêmes droits et tous les mêmes devoirs, qu’il n’y a pas un genre au-dessus d’un autre.

De nombreuses actrices ont pris la parole ces derniers mois, qu’a suscité chez vous l’affaire Weinstein ?

Je pense que cette affaire a réellement fait prendre conscience au monde entier que non seulement le harcèlement est encore unproblème d’actualité mais qu’il touche des femmes de tous milieux. J’ai été attristée de me rendre compte qu’encore de nos jours, certains pensent avoir tous les droits sur une femme.

Comprenez-vous que certaines femmes n’aient pas voulu s’exprimer sur le sujet, comme certaines victimes qui ne veulent pas porter plainte alors qu’elles subissent des violences conjugales ? ... Et que pensez-vous des initiatives, comme le mouvement Times’s up (un fond pour soutenir toutes les victimes de harcèlement sexuel) initié entre autres par Nathalie Portman et Jessica Chastain ?

Ce qui manque à ces victimes de harcèlement est un soutien. Ici, il s’agit d’un soutient financier, mais on devrait entendre parler aussi des associations qui sont là pour défendre juridiquement et soutenir les victimes dans toutes leurs démarches.

Chef, cheffe, auteur, auteure, autrice, madame le sénateur, madame la sénatrice... Que pensez-vous de la féminisation de certaines professions et de l’écriture inclusive ?

Je suis effectivement pour que nous soyons tous mis sur un même pied d’égalité mais concernant ce sujet, je dois avouer que je ne suis pas spécialement pour. Autant la féminisation de certaines professions, pourquoi pas ? Mais l’écriture inclusive non... Il s’agit pour moi de toucher à notre langue, donc notre identité française et notre passé.

Que pensez-vous des féministes ?

Je pense qu’il y a féministe et féministe. Pour beaucoup, nous avons l’image de femmes manifestant, parfois de façon violente, seins nus, contre telle ou telle mesure. Certains peuvent y voir une bonne façon de défendre la cause féminine, mais pour moi, ça ne l’est pas. Pour ma part, une féministe est une femme qui agit parfois dans l’ombre mais qui fait tout pour faire réellement avancer les choses. Simone Veil est pour moi une féministe. C’est une femme qui a su nous défendre en trouvant les bons mots.

Propos recueillis par SBR - Photo : Muriel Ferrando Rodriguez