Opinion de gauche

Fillon : « Travail, famille, patrie ! » pour le NPA 71

Fillon a donc remporté le premier tour de la primaire de la droite, devançant largement Juppé ... et renvoyant Sarkozy à ses «passions privées» comme il l’a lui-même déclaré. Il sera donc certainement le héraut de la droite la plus réactionnaire dans la prochaine présidentielle…

Ses électeurs ont reconnu en Fillon "l'homme providentiel" le plus à même de mettre en œuvre la politique économique ultra-libérale et le projet sociétal très conservateur auxquels ils aspirent.

L’ultra libéralisme au pouvoir

Si les réalisations sont à la hauteur des promesses, ils ne seront pas déçus... La retraite sera à 65 ans pour toutes et tous, fonctionnaires et salariéEs du privé dès 2022. Les agents du public travailleront 39 heures par semaine, mais il reste un flou sur la question du nombre d’heures qui leur seront payées: 35 ou 37 heures par semaine? Il remettra en cause aussi la durée légale du temps de travail: la règle sera donc la négociation entreprise par entreprise, dans la limite de 48 heures hebdomadaires correspondant à la norme européenne.

Pour les patrons, ce sera Noël tous les jours: baisse de leurs cotisations de 60 milliards d’euros, suppression de l’ISF et flax tax de 30 % sur les revenus du capital. L’impôt baissera pour les riches puisque le peu de progressivité de celui-ci va être revu à la baisse. Il faut dire qu’avec la braderie monstrueuse des services publics, le gouvernement aura moins besoin de l’impôt : 600 000 postes seront supprimés pendant le quinquennat...

Enfin, au programme, des privatisations... avec pour modèle celles qu’il a lui-même réalisées, et qu’il juge très modestement «une vraie réussite: la privatisation de France Télécom»...

Un projet de société très conservateur

Fillon promet aujourd’hui de réécrire la loi Taubira sur le mariage pour toutes et tous, de « remettre la famille au cœur des politiques publiques, la création d’un réel statut de la mère au foyer et une ouverture plus grande du nombre d’écoles catholiques». Il assure également qu’«en France, il y a un problème lié à l’islam». Dans son dernier ouvrage, « Vaincre le totalitarisme islamique », François Fillon propose de renvoyer les étrangers qui représenteront une menace pour la sécurité du pays. On peut se demander à quel niveau le curseur de la menace sera t-il ajusté ?

Parmi ses réseaux de soutien les plus engagés et dont l’efficacité n’est plus à démontrer, on trouve l’association «Sens commun» proche de la Manif pour tous, association composée essentiellement de catholiques intégristes. Ils ont réalisé un gros travail de terrain, dont 200 meetings, pour faire gagner leur favori. Et Fillon de se réclamer d’une «laïcité raisonnable» qui satisfait pleinement ces cathos traditionalistes.

Enfin, il annonce une baisse drastique dans l’accueil déjà faible des migrantEs.

La haine de classe

Devant un forum d’associations très libérales début septembre, il va «parler avec franchise»: son modèle, c’est Thatcher car «c’est elle qui a remis debout l’économie britannique»...

Sa méthode pour faire passer un programme aussi réactionnaire? Utiliser toutes les possibilités autoritaires contenues dans la Constitution de 58, notamment les ordonnances qui seront prises dès l’été 2017 s’il est élu. Réduire la «démocratie» parlementaire par la diminution du nombre de parlementaires et de leurs sessions. Et mater (à la Thatcher?) toute résistance ouvrière et populaire. Il juge que celles-ci ont été surestimées par un pouvoir socialiste faible, et que lui les musellera sans difficulté, en envoyant la gendarmerie. Il se dit prêt à contourner le dialogue social via les syndicats, si ceux-ci s'opposent à ses « réformes », en encourageant des référendums par entreprise....

S’il est élu, son arrogance de classe et la brutalité de ses propositions vont rendre plus nécessaire encore l’audace et la cohérence de notre combat.

Nous sommes horrifiés et inquiets face à cette « contre-révolution conservatrice et ultra libérale » dont les jalons ont été largement posés par le gouvernement actuel qui a plus été à l'écoute du patronat que des salariés, des chômeurs et des précaires. Sans complexe et dans une surenchère droitière assumée, cette « droite rigide » qui n'a rien a envié celle de la fin des années 30, ralliée au « héros de Verdun », nous renvoie vers un passé obscur en total décalage avec les aspirations d'une grande majorité de la jeunesse française.

Avec cette jeunesse ouverte vers le monde et ses défis, à l'écoute de ceux qui souffrent ici et au-delà de nos frontières, nous devons prendre nos affaires en main et rejeter massivement, avec force, cette idéologie du rejet, des discrimination sociales, religieuses et ethniques qui aujourd'hui dépasse largement les frontières du FN.

Jean-Guy Trintignac NPA 71