Opinion de gauche

Le NPA Saône et Loire appelle au "ni-ni" pour le second tour des présidentielles

Macron et Le Pen au second tour, c’est un résultat terrible pour les classes populaires. Macron est l’héritier direct de la politique libérale des gouvernements Hollande, le roi de la précarité, de l’uberisation. Le Pen est un danger mortel pour les libertés démocratiques, pour les populations d’origine immigrée et, de manière générale, contre tous les acquis sociaux.

 

Dimanche 7 mai, beaucoup voudront faire barrage au FN en votant Macron, nous le comprenons. Mais ce sont bien les politiques d'austérité et sécuritaires, en particulier quand c'est la prétendue gauche de gouvernement qui les a portées, qui sont la cause de la montée du FN. Macron n’est pas un rempart contre le FN. Depuis trente ans les gouvernements successifs, surtout ceux de la gauche gouvernementale, instrumentalisent, diabolisent le Front National afin de masquer leur incapacité à changer la société, partager les richesses, le travail, renforcer les services publics, réformer l'école pour la réussite de tous. Depuis trente ans, les électeurs, au second tour des différentes élections, locales ou nationales, doivent céder aux injonctions et se soumettre au "Front Républicain" pour faire barrage à l'extrême droite. Cela devient une habitude qui ne peut qu'éveiller nos consciences. Depuis trente ans, le phénomène Lepen gangrène notre société, agité à dessein comme un épouvantail durant les séquences électorales, élevé même en stratégie politique (surtout au PS) pour éliminer les candidats de droite et s'assurer ainsi une élection confortable au 2ème tour en implorant le « front républicain ». Il faut arrêter de nous prendre pour des crétins, de nous traiter « de fossoyeurs de la démocratie » quand de nombreux(ses) citoyen(ne)s ne veulent plus marcher dans leur combine mortifère.

Pour faire reculer durablement ce péril, il n'y a pas d'autre solution que de reprendre la rue, comme la jeunesse l’avait fait en 2002, comme nous l’avons fait l’an dernier contre la loi travail et imposer une vraie politique de rupture pour vaincre les massacres du capitalisme.

 

 

Reconstruire une perspective politique pour les exploités

 

 Les partis au pouvoir depuis 60 ans, PS et Républicains, sont éliminés du second tour. C’est le signe d’une grande crise politique, du ras-le-bol de la population pour les politiques menées depuis des dizaines d’années, du ras-le-bol face au chômage, à la pauvreté, etc. Mais ces déconfitures ne profitent malheureusement pas à une gauche plus combative. Elles profitent à Le Pen et Macron, des candidats qui n’ont rien de bon pour les classes populaires.

 

Le score de Philippe Poutou est faible, avec 1,10% et 400 000 voix. C’est justement le reflet des difficultés des classes populaires à défendre leurs intérêts et à remettre en cause le système. Malgré le fort mouvement de sympathie qui s'est manifesté auprès de notre candidat, la dynamique Mélenchon et le vote "utile", dans l'espoir d'une qualification pour le deuxième tour, ont aspiré une partie non négligeable de suffrages qui semblaient nous être acquis. Notre campagne a marqué les esprits et nous permettra de nous imposer dans les luttes qui s'annoncent.

 

Nous sommes fiers d’avoir bousculé la campagne en dénonçant le FN, Fillon et Macron, en montrant que les exploités avaient quelque chose à dire dans ce débat où il a fallu s'imposer. Tous ces éléments montrent l’importance et l’urgence de reconstruire un parti pour les exploités. Nous avons besoin d’un parti qui représente nos intérêts, un outil pour nos luttes quotidiennes, pour en finir avec le système capitaliste, pour porter le projet d’une société débarrassée de l’exploitation et de toutes les oppressions.

 

 

L’heure est à la mobilisation

 

Nous souhaitons que, comme en 2002, des manifestations soient organisées contre le FN. La solidarité militante est la meilleure façon de faire reculer ce parti. Mais nous voulons aussi construire les luttes nécessaires contre la future politique de Macron, qui a d’ores et déjà promis de casser le code du travail par ordonnances, c’est-à-dire sans passer par le Parlement. Une sorte de 49-3 permanent ! Nous devons nous préparer à riposter rapidement et massivement, dans les quartiers, dans les entreprises, dans l’action quotidienne avec tous les mouvements citoyens.

 

Nous refusons d'apporter notre caution à la mascarade du 2ème tour des présidentielles. Alors que de nombreux représentants de droite et de gauche (PS - PCF - EELV) appellent sans hésiter à voter Emmanuel Macron le 7 mai, le NPA invite les citoyen(ne)s qui désormais renvoient dos à dos le FN et ceux qui le nourrissent depuis trente ans, à exprimer leur ras le bol par un "ni-ni" digne et responsable. Peu importe son expression : l'abstention, le vote blanc ou nul.

Après le « traumatisme » de 2002, les partis de gouvernement de droite ou de gauche n'ont pas pris la mesure du désarroi qui s'installait dans le pays. Au contraire, ils ont continué à jouer avec le feu, courant après l'électorat frontiste ou s'appropriant des mesures de discrimination défendues par le FN (déchéance de nationalité, rejet des réfugiés et stigmatisation de l'immigré, affaire du burkini, abandon du droit de vote des étrangers au éléctions locales, maintien de l'état d'urgence.....) C'est à ces représentants politiques, en principe garants du « vivre ensemble », de la cohésion sociale et nationale, de montrer l'exemple au lieu de culpabiliser les électeurs, tous les  5 ans, en « bons pères la morale »...

Comment ceux, notamment à gauche, qui se rangent facilement derrière ce front républicain "pro macron", plébiscite à moitié déguisé, expliqueront aux électeurs, un mois plus tard, au moment des élections législatives, qu'il faut impérativement porter leur choix vers leur candidat afin de combattre le gouvernement Macron qu'ils auront installé de concert avec les principaux chefs de la droite ? 

Encore du grain à moudre pour Marine Lepen qui, une fois de plus, pourra ricaner sur la connivence "gauche-droite" et ressortir son incontournable système "UMPS"...

 

Le NPA 71