Opinion de gauche

"Gilles Platret, porte-parole d'un Wauquiez qui se rapproche de la fachosphère" pour le NPA71

Il n’y aura finalement que trois prétendants pour briguer la présidence du parti Les Républicains en décembre prochain et le suspens risque d’être dérisoire. Ce sont deux quasi-­inconnus (Maël de Calan, un juppéiste, et Florence Portelli, une filloniste) qui affronteront le super favori Laurent Wauquiez, pour qui le flirt avec l’extrême droite n’est jamais assez poussé. Pour preuve, s’il en fallait encore, on peut citer ses dernières déclarations; le 18 octobre : « Moi, je dis les choses clairement : un étranger en situation irrégulière, c’est un clandestin et un clandestin, ça ne reste pas ». En écho, une militante présente dans la salle lui a répondu en criant : « La France aux Français ! ». Le 28 octobre sur l'antenne de RTL lorsqu'il développe sa théorie du "grand remplacement", "des quartiers et des villes définitivement perdus" en prenant comme exemple les villes de Firminy et de Saint-Etienne.

Sens commun et la main tendue à Marion Maréchal

Depuis l’échec de Marine Le Pen à la présidentielle et avec la crise larvée du Front national qui s’en est suivie, Wauquiez chasse plus que jamais sur les terres fangeuses de l’extrême droite pour espérer reconquérir l’électorat qui a fait défaut à la droite au printemps dernier. C’est bien pour cela que Sens commun, mouvement créé dans le sillage de « la Manif pour tous », peut, par la bouche de son président Christophe Billan, avouer à la fois tout tranquillement sa stratégie d’entrisme au sein des Républicains et sa volonté de tendre la main à Marion Maréchal-Le Pen, sans déclencher la moindre procédure de sanction (et encore moins d’exclusion) de la part de la direction du parti de droite. Billan peut aussi déclarer qu’on ne peut pas être français sans être chrétien « culturellement ou spirituellement », et rares sont les dirigeants de LR à s’en émouvoir, même hypocritement comme cela aurait pu se faire il y a quelque  temps. Cela illustre bien le poids qu’a pris le mouvement Sens commun au fil des années au sein de LR. « Désormais, nous sommes des acteurs majeurs du parti. La force de Sens commun, c’est que les derniers militants de droite, ils sont chez nous.», fanfaronne Billan dans une vidéo sur le site de l’Incorrect, tout nouveau média d’extrême droite créé en septembre par un ancien bras droit de Marion Maréchal-Le Pen.

« Revoir doctrinalement ce qu’est la droite »

Billan n’hésite pas à poser des ultimatums aux candidats à la présidence de LR : « L’idée, c’est de leur dire : vous avez devant vous quelques mois pour revoir doctrinalement ce qu’est la droite et mettre en place un nouvel appareil », en expliquant que s’il n’obtenait pas gain de cause, son mouvement claquerait la porte. « Si Sens commun s’en va, il ne va plus rester grand monde à LR », s’est moqué le député Thierry Solère, chef de file des « Constructifs » à l’Assemblée nationale. En effet, après les grands défilés contre la loi Taubira, LR a mis en place un accord signé en juin 2014 afin qu’une adhésion à Sens commun vaille adhésion aux Républicains. Pas étonnant donc, que peu à peu, ces militants de la fachosphère aient gagné du terrain. À l’heure actuelle, pour la droite qui n’est pas rentrée au gouvernement avec Macron, le salut doit venir de ce côté-là...

"Une fuite en avant"

Aussi, au regard des prises de position très orientées du maire de Chalon-sur-Saône (cantines scolaires, baisses de subventions auprès de certaines associations, interdictions de manifestations culturelles, propos communautaristes.....), son rapprochement avec Laurent Wauquiez et "la droite dure" ne nous étonne pas, mais doit néanmoins nous interpeler et nous inviter à redoubler de vigilance.

Auprès d'un Laurent Wauquiez "décompléxé" et "à droite toute !", les provocations et décisions tendancieuses risquent de pleuvoir.

 

Jean-Guy Trintignac NPA 71