Opinion

L'écologiste François Lotteau ironise sur la prise de position de Christophe Sirugue sur la filière nucléaire

L'écologiste François Lotteau ironise sur la prise de position de Christophe Sirugue sur la filière nucléaire

Cher Christophe,
Je comprends qu'en ce début d'année on émette des vœux.
Les tiens, sur l'avenir du nucléaire, sont de haut vol !
 
Le grand carénage pour suivre les injonctions de l'ASN,
et plus encore pour prolonger des centrales en fin de vie.
Des EPR partout, pour, ensuite, les remplacer à long terme.
 
De quoi faire briller les yeux des travailleurs du nucléaire,
notamment dans notre région, une fois traitée la question de la forge.
 
Seulement voilà, parmi ces travailleurs, ceux que j'ai rencontrés n'y croient plus.
Ils ne veulent plus qu'on réponde à leurs inquiétudes justifiées
par des promesses intenables.
 
Ils préfèreraient parler sérieusement de ce que vont réellement devenir leurs emplois.
Toi qui as été secrétaire d'Etat à l'Industrie, tu dois savoir mieux que quiconque
qu'on ne trouve pas les milliards nécessaires à un tel projet sous le sabot d'un cheval !
 
Encore faudrait-il, même si l'on cassait la tirelire au détriment de la dette
et du financement du développement des autres formes de production d'électricité
comme le fait le monde entier sauf la France, qu'au moins un EPR parvienne à voir le jour,
qu'il ne coûte pas dix fois plus cher que prévu, que ça ne prenne pas dix ans de plus que prévu,
qu'il n'intègre pas dès le début des défauts potentiels de sûreté ...
 
Voici mes vœux aux travailleurs de cette filière, dont je respecte les droits et les inquiétudes.
Que tout le monde se mette autour de la table, que tout soit dit, de façon transparente
et que l'on sache où on va. Qu'un vrai projet d'avenir soit élaboré avec eux,
pas des incantations, pas des illusions.

Ce n'est sûrement pas facile, c'est vrai. C'est plus facile de dire on continue,
même si tous les signaux sont au rouge, que de reconnaitre qu'il faut changer de chemin.
La catastrophe économique et sociale n'est pas encore suffisante ?
J'espère qu'il ne faudra pas attendre la catastrophe nucléaire pour changer de logique.
Je crains qu'à force de s'enfoncer dans le marasme financier, EDF finisse par ne plus pouvoir éviter,
de sous-traitance en réduction de personnel,de qualification et en perte de savoir-faire,
l'erreur humaine fatale, les effets de la vétusté d'une vanne, d'un circuit électrique ...
Travailleurs irradiés, eau, air contaminés, zones plus ou moins étendues devenant impropres
à l'agriculture, à l'habitation ... Ce pourrait bien être ça le résultat des projets pharaoniques
qui marquent toujours la fin d'une civilisation.
Passons à autre chose, avec sérieux et un optimisme résolu.
 

François Lotteau, conseiller municipal à Rully.