Politique

« Déradicalisation » : Esther Benbassa et Catherine Troendlé, sénatrices, réagissent à l’« indignation » de Mme Dounia Bouzar

Le 22 février dernier, Mme Dounia Bouzar a publié sur le site Atlantico un article intitulé « Déradicalisation : la réponse indignée de Dounia Bouzar au rapport d'Esther Benbassa ».

Esther Benbassa, sénatrice (EELV) du Val-de-Marne, et Catherine Troendlé, sénatrice (LR) du Haut-Rhin, tiennent à préciser : 1) que Mme Bouzar n’avait pas lu le « rapport » dont elle s’indignait dans son article, le texte n’en ayant été rendu public que ce jour (il est consultable sur ce lien) ; 2. que son nom n’est pas cité dans ce document, contrairement à ce qu’elle soutient ; 3. que ce « rapport » n’est qu’un bilan d’étape ; et 4. qu’il n’est pas signé de la seule E. Benbassa, mais des deux sénatrices co-rapporteures de la mission d’information « Désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des djihadistes en France et en Europe », soit E. Benbassa et C. Troendlé.

À cette absence de rigueur, Mme Bouzar, qui ne cherche qu’à décrédibiliser le travail des deux sénatrices, ajoute la calomnie. Elle évoque l’existence d’un « rapport d’audition » possiblement « fictif » et soupçonne les co-rapporteures de manquer d’« éthique », d’avoir renoncé aux principes de la « méthodologie universitaire », et de ne se baser « que sur des articles de presse et sur les réseaux sociaux ». Il suffira de rappeler que les co-rapporteures ont déjà effectué plusieurs déplacements et procédé à l’audition de 27 personnes (acteurs institutionnels, chercheurs spécialisés dans les phénomènes de « radicalisation », associations engagées dans la prise en charge de la « radicalisation ») pour un total de 21 h. d’auditions.

Les co-rapporteures n’ont pas de leçon de « scientificité » à recevoir de Mme Bouzar. Il n’est pas non plus d’usage d’imposer son audition, comme elle le fait depuis plusieurs jours, par courrier recommandé et par voie de presse. Mme Bouzar, qui a pourtant déjà été auditionnée en 2014 dans le cadre d’une commission d’enquête sénatoriale, quand elle travaillait encore sur ces dossiers pour le ministère de l’Intérieur, et qui est aujourd’hui consultante sur la gestion de l’islam dans le monde du travail, ne sait manifestement pas ce qu’est une mission d’information. Elle ignore la totale liberté d’action et d’appréciation de celles qui la conduisent, dans un cadre clairement transpartisan, ainsi que leurs préoccupations premières : le souci du bien commun et le refus de céder à toute pression d’où qu’elle vienne.