Saône Doubs Bresse

Saint-Maurice-en-Rivière : le petit Pierre privé d’école faute d’auxiliaire de vie scolaire

Saint-Maurice-en-Rivière : le petit Pierre privé d’école faute d’auxiliaire de vie scolaire

Après avoir tenté de trouver une solution auprès des institutions responsables, les parents d’un enfant en situation de handicap ont finalement contacté votre serviteur d’info-chalon.com pour faire part de leur histoire.

On connaît l’exaspération des parents d’élèves vis-à-vis de l’Education nationale quand celle-ci se révèle incapable de remplacer des professeurs absents pour de longues périodes, cela fait en effet régulièrement l’objet d’articles dans la presse nationale*. Même si la presse, locale cette fois-ci, se fait souvent l’écho de problèmes*, on connaît peut-être moins celle de parents attendant le remplacement de l’auxiliaire de vie scolaire (AVS) comme d’autres attendent Godot chez Beckett, et doivent constater, impuissants, que leur enfant ne peut plus être scolarisé comme les autres, pour son plus grand détriment. Elle n’en existe pas moins, cette exaspération qui contraint des parents fatigués par le parcours du combattant devenu leur quotidien à contacter, en désespoir de cause, votre serviteur d’info-chalon.com. C’est en effet ce qu’on fait les parents du petit Pierre, un enfant de Saint-Maurice-en-Rivière souffrant de troubles autistiques, qui ne peut plus aller à son école de Saint-Martin-en-Bresse depuis le mois de mars dernier, faute d’AVS pour remplacer celle qui, connaissant des problèmes de santé, l’accompagnait jusqu’alors en classe pour qu’il puisse être un enfant pris en compte par l’école de la République, à défaut d’être tout à fait comme les autres.

Au début, c’est logique, ils ont cru que son AVS serait remplacée, celle-ci ne pouvant légalement revenir, faute de pouvoir, en raison de son contrat de travail à temps partiel*, bénéficier d’un mi-temps thérapeutique. Mais…comme la fameuse sœur Anne, ils n’ont rien vu venir. Aussi ont-ils pris contact, sans grand succès, avec les différentes institutions avec lesquelles ils sont en relation depuis que, sans ménagement, des professionnels ont diagnostiqué les troubles dont souffre leur fils : l’administration de l’Education Nationale et cette Maison Départemental des personnes handicapées (MDPH), qui exige d’eux, à chaque rentrée scolaire le même dossier, rédigé dans un sabir quasi-incompréhensible du profane en droit****, épais comme un bottin téléphonique, qu’ils passent des semaines à compléter pour obtenir l’aide financière sans laquelle ils ne pourraient pas s’en sortir, bien que travaillant tous les deux.

Comprenant, à force d’échanges sans lendemain, qu’aucun dispositif de remplacement des AVS en cours d’année scolaire ne semblait prévu et que, donc, leur fils risquait de passer ses trois derniers mois d’école chez sa nourrice, ils ont alors proposé que l’un des deux parents, le père plus exactement, fasse office d’AVS. Fin de non-recevoir, dans des termes peu diplomatiques. Et, à l’heure actuelle, ils ne savent toujours pas si leur enfant pourra de nouveau être scolarisé à la rentrée prochaine et ainsi continuer ses progrès. Car, à l’école de Saint-Martin-en-Bresse, où les personnes qui entourent le petit Pierre font l’objet de chaleureux éloges de la part de ses parents, on s’occupe « merveilleusement bien de lui ». Si bien que depuis qu’il s’y trouve, il a fait de nombreux progrès. Du moins en a-t-il fait jusqu’à ce qu’il se retrouve contraint, faute d’AVS, de ne plus la fréquenter. Une situation qui exaspère ses parents, visiblement à bout, heurtés par l’indifférence de l’administration de l’Education Nationale à l’égard de leur enfant et des difficultés qu’ils rencontrent. Une administration dont votre serviteur d’info-chalon.com a tenté sans succès d’avoir la version de celui vers lequel on l’a dirigé pour faire le point sur ce dossier. En effet, s’il a contacté la semaine dernière l’inspecteur de Chalon 2, Bruno Enée, ce dernier ne l’a toujours pas rappelé.

Samuel Bon

 *Lire, à titre d’exemple, l’article du Monde en date du 21.04.2016 :

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/04/21/pourquoi-remplacer-les-profs-est-un-casse-tete_4906550_4355770.html

**Lire, à titre d’exemple, l’article de La Provence, 22.06.2017 :

http://www.laprovence.com/article/papier/4506443/une-petite-fille-handicapee-se-retrouve-sans-avs.html

***Les contrats de travail des AVS sont des contrats à temps partiel (vingt-heures par semaine). Vieux serpent de mer, puisque l’annonce est régulièrement faite depuis des années que leur statut (précaire) va être amélioré, la réforme tant attendue des parents est toujours en suspens, même si Sophie Cluzel, l’actuelle secrétaire d’Etat aux personnes handicapées a récemment déclaré vouloir la mener à bien, avec le soutien du président de la République, dont c’était l’un des engagements en matière d’insertion lors de la campagne présidentielle de 2017 :

http://www.lemonde.fr/gouvernement-philippe/article/2017/05/17/la-militante-sophie-cluzel-nommee-secretaire-d-etat-aux-personnes-handicapees_5129298_5129180.html

**** Cette difficulté des Français face à une administration jargonnante, encline au sur-contrôle, peu empathique, kafkaïenne, ne date pas d’hier. En 2011, le Médiateur de la République, fonction créée en 1973 pour régler les litiges entre administration et citoyens, le déplorait dans un rapport pour le moins salé. "Le service public ne porte plus son nom. Contacter les administrations est devenu compliqué. L'administration a perdu sa capacité à faire du sur-mesure pour les personnes en difficulté", écrivait alors Jean-Paul Delevoye.

Lire le rapport en question :

http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/mediateur-republique-dernier-rapport-plutot-sombre.html