Saône et Loire économie

AREVA : La CGT s'inquiète sur la refondation du groupe et interpelle le Président de la République et les Parlementaires

Le « puzzle » de la restructuration nos craintes et interrogations


LETTRE OUVERTE à Monsieur le Président de la République,
Mesdames, Messieurs les Députés et Sénateurs,

Le processus de refondation du groupe AREVA semble se mettre en place par la réception de l’offre ferme de rachat par EDF, mais qui reste toujours suspendu à l’avis de la Commission Européenne sur l’autorisation de recapitalisation par le gouvernement (reporté sur la dernière décade de décembre 2016), la recapitalisation effective (janvier / février 2017), l’avis de la Commission Européenne sur l’autorisation de concentration des activités (EDF + AREVA NP), qui devrait normalement intervenir en juin 2017, aussi de la part de l’ASN : résultats et décisions sur les audits et expertises en cours ainsi que l’autorisation de transfert des INB ; cette dernière décision est attendue pour fin décembre 2017.

Ces dernières années ont été marquées chez Areva par un gâchis humain, industriel et financier qui a écœuré l’ensemble du personnel et qui a affaiblit et déstabilisé l’ensemble de la filière nucléaire française.
Notre industrie nécessite une vision à long terme qui ne soit pas soumise à la logique financière de rentabilité à court terme. Or le groupe AREVA, a été totalement gangréné par cette course au profit immédiat, il a été victime de l’ambition démesurée de dirigeants et dirigeantes sans scrupule encouragés par l’Etat actionnaire majoritaire. Les actions judiciaires en cours démotivent le personnel.
Le climat social est exécrable. Le blocage des salaires, la non reconnaissance des compétences et des savoirs faire, la baisse des effectifs, la dégradation des conditions de vie et de travail, les attaques répétées sur les acquis sociaux, et celles à venir notamment sur le temps de travail…. contribuent au délitement des relations sociales.
Les outils industriels du groupe AREVA ont été développés avec les deniers des citoyens Français pour les besoins d’indépendance énergétique, de maîtrise de la sûreté et d’accès à l’électricité à un coût raisonnable. Depuis, la problématique du réchauffement climatique place le nucléaire civil parmi les sources d’énergie incontournables.
Alors que devrait s’enclencher prochainement le processus de rachat d’AREVA NP par EDF, parmi tout ce qui nous a été annoncé par l’Etat ou par notre direction ainsi que celle d’EDF de  nombreuses questions cruciales restent sans réponse :
Dans le montage capitalistique du New NP, EDF doit avoir au moins 51% du capital.
Quelle garantie nous est donnée sur le fait qu’EDF restera  dans le temps l’actionnaire majoritaire ?
Nous demandons la transparence sur les conditions d’entrée des investisseurs privés, et quelles sont les solutions alternatives si celles-ci s‘avèrent pouvoir faire perdre à notre nation la maîtrise de ses réacteurs, de la conception à l’exploitation. Quelles sont les exigences de ces futurs « partenaires industriels » (dont certains sont nos concurrents) en contrepartie de leur entrée dans New NP ?
De nombreux salariés, ainsi que notre organisation, craignent dans un futur plus ou moins proche « une vente à la découpe » des activités de NP. Quelles garanties ? Aucune discussion avec les organisations syndicales sur un texte « garanties sociales » (emploi, fermeture d’établissement, PSE …)
Cette dernière question en sous-entend une autre : Quelle vision stratégique (qui nous l’espérons est industrielle et sociale) pour les sites NP à un horizon minimum de 5 ans ?
Quelles garanties sur nos propriétés intellectuelles et industrielles, nos savoir-faire et les méthodes développés par l’entreprise en partenariat avec EDF et le CEA,  pour que ceux-ci restent dans le « fleuron FRANÇAIS » ?
De nos rencontres avec EDF, nous ne percevons qu’une relation « client / fournisseur »  et seulement une vision financière. Nous attendions de la décision prise par le Gouvernement de juin 2015 un réel partenariat entre EDF et AREVA NP pour assurer le redressement d’AREVA et le lancement de New NP:
Quelle politique aura EDF notamment dans l’attribution de la charge de nos usines ?
Quels moyens seront mis en œuvre pour produire Hinkley Point en Angleterre dans de bonnes conditions ?
Concernant l’avenir industriel de la forge du Creusot, les audits en cours mettent en évidence d’importants défauts de qualité dont certains remontent au début des années 60. Nous jugeons nécessaire un travail de fond afin d’identifier les causes et en tirer des enseignements pour la filière dans son ensemble, ceci ne doit pas remettre en cause l’outil industriel mais permettre de refonder la filière sur des bases saines.
Quelles actions et quels moyens mettra en œuvre EDF pour relever la situation et redonner des perspectives à cette usine ?
Quels investissements humains et financiers sur l’outil de travail ?
Quelle politique de formation envisagée afin de maintenir et renouveler les compétences de la filière ?
Notre organisation est attachée à l’indépendance énergétique répondant aux besoins de la population en lui garantissant sécurité et sûreté, à l’outil de travail et à son développement dans le respect des femmes et des hommes qui créent les richesses.
Nous vous demandons  aujourd’hui des réponses à toutes ces questions,  une réelle feuille de route et toutes les garanties contractualisées pour NP dans son intégration chez EDF.
La CGT vous demande de redonner toute sa place à notre filière et à ses « acteurs salariés », de la développer sur le territoire national avec des productions de QUALITE réalisées en France.