Chalon sur Saône

Ce samedi, au Studio 70 de Chalon, une troupe d'Autun a conquis son public

Ce samedi, au Studio 70 de Chalon, une troupe d'Autun a conquis son public

Du 10 au 12 mars, Les Bibliambules, compagnie du Val de Saône, proposaient 8 rendez-vous pour un second festival du texte, des voix, des sons et des images : « Pages en scène ». Outre les créations de la troupe, le programme était enrichi par la participation de troupes et d’artistes invités. C’est ainsi que le Studio 70 de Chalon-sur-Saône a reçu samedi soir la compagnie autunoise Arc en scène, dont le spectacle « A nous deux ! » a attiré une bonne cinquantaine de personnes, peu à peu conquises par deux acteurs au talent indéniable. Le sentiment d’Info-Chalon.com.

Une chose est sûre, ce n’est pas pour le décor, un peu cheap, pour ne pas dire plus, qu’il faut voir cette pièce, née en novembre 2015 et principalement jouée dans des établissements scolaires (collèges, lycées)… C’est surtout pour la performance des deux acteurs qui la portent à bout de bras, à l’aide de répliques bien tournées, qui ont le mérite de faire réfléchir sur la naissance du sentiment xénophobe et la peur ou la haine de la différence, le tout en faisant rire le spectateur. Car nombre de leurs répliques sont bien tournées. On pense notamment à celles-ci : « Si tout le monde commençait à parler avec tout le monde, il n’y aurait plus d’inconnus » ; « Une relation, ça se détruit à deux » ; « Ne perdez pas espoir, il doit forcément y avoir un moyen de se détester » ; « Tout bon conflit commence par des paroles vexantes ». Et puis, encore, à celle-là, à propos de Dieu : « Il ne répond pas mais lui au moins il écoute ». Dégainées avec un certain sens du rythme tout au long de la pièce, elles claquent, mettent des claques. Et les coups portent d’autant plus que les expressions faciales de chacun des deux acteurs qui les soutiennent, comme le ferait un appui aérien venant épauler des troupes au sol en pleine une guerre, sont particulièrement réussies, font passer des émotions et sensations que les mots ne suffisent pas à exprimer. 

En résumé, donc, du bon théâtre. Dommage, peut-être, que, manifestement conçue pour être jouée dans des établissements scolaires, donc probablement contrainte de respecter le « cahier des charges » de l’Education Nationale – les sacro-saints « programmes » et cette sorte de bien-pensance asséchante qui en est la toile de fond –, les  artistes qui l’ont mise sur pieds ne s’autorisent pas encore à aller jusqu’au bout de leur indéniable talent, à dépasser les bornes, franchir le Rubicon. C’est dommage car, quelque part, contraints de retenir leurs coups, le spectateur qui aime en prendre plein la gueule et qu’on ne le ménage sous aucun prétexte, même "bon", ressort un peu frustré de ne pas avoir reçu davantage de baffes. D'autant plus frustré qu'il a cru déceler chez Arc en Scène la capacité d'en distribuer de belles, qui peuvent faire mal. 

 

Samuel Bon