Saône et Loire

Retraites agricoles - Un dossier prioritaire

Retraites agricoles - Un dossier prioritaire

A l’occasion des journées de juin, Paul Billonnet, président de la Section département des Anciens Exploitants (SDAE), est revenu sur le dossier des retraites agricoles. Un dossier d’actualité et prioritaire alors que le Gouvernement a ouvert une réflexion autour d’une nouvelle réforme… Et ce dans un souci de justice et d’équité. Dans la foulée, un courrier a été adressé à Fabien Sudry, préfet de Saône-et-Loire.

« On parle beaucoup en ce moment de la réforme des retraites, mais il y a en France aujourd’hui environ 1,698 million de retraités de l’agriculture dont personne ne parle jamais : ni les politiques, ni les administrations, ni les médias », s’indigne Paul Billonnet, président de la section départementale des Anciens exploitants de la FDSEA.
Et de justifier avec des données précises sa position : « ces retraités de l‘agriculture bénéficient cependant des retraites les plus basses, tous régimes confondus existants dans notre pays. Pour les agriculteurs, la retraite est calculée sur la carrière complète et se solde en moyenne, pour un chef d’exploitation avec une carrière complète, à 715 € par mois ».


 

Injustice…



Il faut encore préciser qu’en France aujourd’hui, 450.000 retraités agricoles - essentiellement des conjointes d’exploitants - vivent avec des retraites de moins de 500 € par mois alors même que le Minimum vieillesse est de 787,26 € et le Seuil de pauvreté à 964€.
Bien sûr, poursuit Paul Billonnet, « il existe une retraite minimum pour les agriculteurs (mesures Fillon 2008) laquelle est aujourd’hui de 681,20 € pour les chefs d’exploitation et les veuves et de 541,30 € pour les conjointes, mais pour en bénéficier, il faut justifier de 17,5 années de carrière comme non salarié agricole ».

 

Une détermination intacte



« Aujourd’hui, nous demandons fermement que le Président de la République élu ne trahisse pas les engagements du candidat Hollande et mette rapidement en œuvre ces propositions » (voir ci dessous), met en avant le président de la section, qui n’oublie pas non plus les autres revendications qui figuraient dans la pétition et auxquelles le candidat Hollande n’avait fait aucune allusion et « pour lesquelles notre détermination reste intacte ». Notamment, des retraites égales à 85 % du Smic prévus par la réforme Fillon de 2003 pour tous les travailleurs et dont les agriculteurs ont été exclus par la suite. Mais aussi par exemple, la prise en charge de la dépendance, « qui reste à faire, laissant dans l’angoisse nombre de familles aux revenus modestes confrontées à des difficultés financières insupportables ».

 

L’insupportable dépendance



En effet, « il faut savoir, en effet, que le coût moyen de l’hébergement d’une personne âgée dépendante dans un établissement spécialisé est en moyenne de 2.300 à 2.500 € par mois, alors que la retraite moyenne en agriculture, et pour une carrière complète, est de 715 € par mois », complète Paul Billonnet.
Le "reste à charge" pour les familles est de ce fait important et « on connait l’angoisse de beaucoup de personnes âgées qui s’inquiètent devant la perspective de devoir finir leur vie dans ce genre d’établissement, et être ainsi, à la charge de leurs descendants ».
Avec l’augmentation régulière - résultant de l’allongement de la durée de vie de la population - du nombre de personnes dépendantes, l’urgence de la prise en charge collective se justifie. Il y avait en 2010 en France 1,4 million de personnes de plus de 85 ans et selon les prévisions des experts il y en aura 2 millions en 2015 et leur nombre continuera de croître à raison de +1,5 % par année…



Des engagements clairs !

En avril 2012, les anciens exploitants ont rencontré tous les candidats à l’élection présidentielle pour leur remettre les plus de 100.000 signatures collectées dans le cadre de la pétition par laquelle ils demandaient que soit pris en compte ce niveau anormalement bas des retraites agricoles.
Faisant suite à cette démarche, François Hollande, alors candidat à cette élection, a adressé un courrier en date du 17 avril 2012 (courrier joint) dans lequel il s’engageait sans aucune ambiguïté sur six propositions pour l’amélioration des petites retraites agricoles, répondant ainsi partiellement aux revendications des anciens.

La section des Anciens exploitants rappelle ici ces engagements :
1) « J’étendrai la retraite complémentaire obligatoire aux conjoints et aides familiaux pour les retraités actuels » ;
2) « Je supprimerai la condition de durée minimale d’activité des exploitants agricoles (17,5 années) pour avoir accès au minimum de retraites (mesures Fillon) » ;
3) « Je porterai à 75 % du Smic les montants des retraites pour carrières complètes des exploitants agricoles (loi du 4 mars 2002, article 1er) » ;
4) « J’accorderai la réversion de la retraite complémentaire obligatoire aux personnes dont le conjoint est décédé en activité sur les points gratuits ou cotisés » ;
5) « J’appliquerai le principe des droits combinés à la RCO pour permettre à la personne qui reprend l’exploitation agricole de son conjoint décédé en activité de pouvoir bénéficier des droits à la retraite de base et complémentaire acquis par celui-ci pendant son activité et de les combiner à ses droits propres. Dans ce cas, il n’y aurait pas de réversion » ;
6) « J’accorderai le bénéfice de la retraite proportionnelle aux périodes de longue maladie ou infirmité grave. Pendant ces périodes, il serait attribué au bénéficiaire un nombre minimum de points en fonction de sa catégorie ».

Cédric MICHELIN
L'Exploitant Agricole de Saône et Loire