Chalon sur Saône

Le «délire alcoolisé» d'un jeune père de famille

Non seulement il avait trop bu, non seulement il a voulu échapper à la Police, mais il n'avait pas le permis de conduire pour ne l'avoir jamais passé...

Johnny aura 26 ans en décembre prochain. Mais ce Blanzynois, par ailleurs père de 3 enfants, s'est comporté mercredi soir comme un gamin de 15 ans... Au point de se retrouver vendredi après-midi devant le tribunal correctionnel de Chalon dans le cadre d'une comparution immédiate. Et d'être condamné à 8 mois de prison, dont 5 mois avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans, avec obligation de se soigner et de travailler ainsi qu'à une amende de 100 €.
Mercredi, en compagnie d'un copain, Johnny a bu, même pas mal bu... Jusque-là rien de répréhensible ! Mais l'effet de l'alcool aidant - un dépistage sur le prévenu a par la suite fait état d'un taux de 0,80 mg par litre d'air expiré- il n'a rien trouvé de mieux que de faire du rodéo sur un parking de Blanzy, au volant du monospace du père du copain. C'est alors qu'une patrouille du commissariat de police de Montceau est arrivée, sans doute prévenue par le voisinage, car il n’était déjà pas loin de minuit.
A la vue du véhicule de police Johnny a décidé de prendre la fuite. S'en est suivi une course-poursuite à vive allure jusqu'à Montceau. Durant la course-poursuite le mis en cause a soudainement perdu le contrôle du monospace... Celui-ci étant coincé dans un grillage, et en vue de se dégager, le conducteur n'a pas hésité à foncer dans le véhicule de police... Et de se sauver à nouveau. Mais, comme le monospace était sérieusement endommagé, il n'a bientôt eu comme seule solution que de s'enfuir à pied en courant. Avant d'être interpellé quelques instants plus tard.
En garde à vue Johnny a expliqué qu'il n'avait pas voulu se faire contrôler par les policiers pour deux raisons. D'abord, parce qu'il savait qu'ayant beaucoup bu il ne devait pas conduire. Mais aussi, parce qu'il n'a jamais eu le permis, tout simplement pour ne jamais l'avoir passé. Le prévenu a également confié aux enquêteurs qu'il avait des problèmes d'addiction à l'alcool et au cannabis et qu'il comptait bien prochainement consulter un spécialiste.
Le vice-procureur Isabelle Durnerin a mis en exergue « l'immaturité » de Johnny. La représentante du ministère public ne manquant pas non plus de parler de « délire alcoolisé », de « road movie hallucinant », allant même jusqu'à faire allusion au film culte de Ridley Scott « Thelma et Louise ». Dans ses réquisitions la magistrate du parquet a aussi réclamé notamment 6 mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Une mesure que maître Dominique Galmiche, conseil du mis en cause, n'a pas jugé nécessaire. « L'envoyer derrière les barreaux, c'est déstabiliser encore un peu plus une situation déjà fragile ». Une fragilité provoquée par « la déchéance sociale » dans laquelle son alcoolisme l'a entraîné. En définitive Johnny est sorti libre de la salle d'audience, le Tribunal, ayant, semble-t-il, tenu compte de la plaidoirie de l'avocat chalonnais.


Gabriel-Henri THEULOT