Châtenoy le Royal

Donner de sa personne en sortant des chiens emprisonnés et être largement payé de retour

Donner de sa personne en sortant des chiens emprisonnés et être largement payé de retour

S’il n’y avait, dans le pire des cas, aucune âme charitable pour faire preuve d’abnégation en permettant aux chiens mis au ban de la société à leur corps défendant de se dégourdir les pattes, ceux-ci en seraient réduits à ronger inlassablement leur frein dans leur box à la S.P.A. de la région chalonnaise. Dans l’attente d’un heureux événement…

Il y a de la place pour lui emboîter le pas

 

Des bénévoles, au refuge Ernest L’henry il n’y en a pas une tripotée. Le Chalonnais Philippe Corneloux figure au nombre de ces personnes altruistes présentes tous les jours de la semaine en faction pour que chaque animal s’adonne à une liberté peut-être illusoire en laisse, mais tellement gratifiante par le biais d’une si exquise balade. Le bon samaritain exerce sa fonction depuis le mois de septembre 2009, consécutivement à un virage à 180°. « Dans une autre vie j’ai été prof de maths pendant vingt-sept ans. Suite à une maladie, j’ai arrêté de travailler. Je suis donc arrivé à la S.P.A. pour m’occuper, et comme j’aime bien les chiens…Je suis là les après-midi du lundi au samedi, nous sommes au moins trois dans ce cas. Cet été j’ai mis un point d’honneur à ce que les chiens  aient en promenade de l’eau fraîche», confie-t-il. La donnée chiffrée peut varier, mais en moyenne Philippe, qui a eu des chiens tout au long de son existence, autorise journellement  sept d’entre eux à quitter momentanément leurs pénates, à raison de vingt-cinq minutes par sortie. «Ca me tient beaucoup à cœur, ils me connaissent. Certains tirent, d’autres, non. Je fais plutôt les plus gros chiens », déclare-t-il. Consciencieux et respectueux au possible, le protecteur lorgne vers une amélioration somme toute raisonnable de leur quotidien. « L’idéal serait une promenade par jour par chien. Pour ce faire il serait souhaitable que cinq-six personnes soient volontaires pour cette tâche », analyse-t-il. Vous l’avez subodoré, Philippe Corneloux n’est pas du genre à prendre les choses à la légère. « Au mois de juillet dernier à trois reprises un chien a été retrouvé attaché au portail. Ils auraient pu venir les amener. On fait au moins cela dans les règles. De toute façon il vaut mieux que les gens reviennent quand ça se passe mal.« Oui, mais voilà, l’être humain a ses forces, mais aussi, doux euphémisme, ses faiblesses coupables…Quoi qu’il en soit, tant que sa santé ne lui jouera pas des tours, ce chic type adoptera la même ligne de conduite. Des motifs de satisfaction, hormis l’aspect relationnel avec les mammifères quadrupèdes en perte de repères, Philippe en énumère spontanément. « La nouvelle S.P.A. est bien mieux. J’ai constaté que plus de monde venait. En outre, neuf chiens ont été adoptés le premier samedi du mois d’août. » Les bémols ne sont jamais toutefois  très loin. « Des chiens sont là depuis des années. Un doyen est mort à dix-sept ans, ça faisait onze ans qu’il était là ! Ici, il y a tous types de chien, et, pour une raison que j’ignore, ce sont à 95% des mâles », révèle-t-il. Des anecdotes, le serviteur en a en pagaille. Comme celle inhérente à ce chien husky ayant pris la tangente deux fois. La première, il avait été récupéré en bas de l’avenue Boucicaut. La seconde, c’était à l’intérieur d’un salon de toilettage chalonnais…Noblesse oblige ?

Michel Poiriault