Chalon sur Saône

Infirmières scolaires, « on ne fait pas de bobologie »

Infirmières scolaires, « on ne fait pas de bobologie »

Maillon essentiel de la chaîne éducative, les infirmières scolaires font aussi leur rentrée cette semaine. Info-Chalon s’est invité dans l’infirmerie du lycée Nicéphore Niepce de Chalon-sur-Saône pour en savoir plus sur leur métier.

Une grande salle avec dortoir et relax, une chambre particulière, une douche adaptée pour personnes handicapées, des bureaux individuels et chaleureux… Sur deux étages, l’infirmerie du lycée Niepce de Chalon-sur-Saône a de la place. Et il faut dire qu’il y a du passage : 3 000 lors de la dernière année scolaire, 900 de plus que l’année d’avant pour cet établissement de 1400 élèves. Pour les accueillir, un médecin scolaire, une assistante sociale et surtout deux infirmières : Magali et Chantal. La première est à temps plein, l’autre se partage avec le lycée Mathias.

Dans le souvenir de beaucoup d’anciens élèves, l’infirmerie c’est cet endroit où l’on allait souvent prendre un petit comprimé pour la migraine pendant la dernière heure de cours, avec plus ou moins de bonne foi (on avoue volontiers, il y a prescription). Mais les deux femmes l’affirment, et croyez-les : leur rôle est bien plus important, surtout dans ce lycée technologique. Ainsi Magali et Chantal doivent gérer les petites blessures du quotidien, en cours ou en sport, mais aussi les tracas des élèves voire des professeurs et du personnel, également nombreux à pousser leur porte.

« Les ados savent que nous sommes soumis au secret professionnel et viennent facilement se confier » explique Magali, qui fait ce métier par passion, après un diplôme d’infirmière puis un concours spécifique de l’éducation nationale. « Avec nous, ils n’ont pas de souci d’autorité, et nous avons rarement des problèmes. Ils viennent à l’infirmerie parce qu’ils ont besoin de nous. Pour parler de leurs problèmes sentimentaux ou sexuels. On distribue beaucoup de doliprane mais aussi de plus en plus en plus de préservatifs » détaille la professionnelle, également habilitée à donner la pilule du lendemain aux jeunes filles même si la population de l’établissement chalonnais est à 90% masculine.

Ce que constatent les infirmières du lycée Niepce, c’est l’augmentation du mal-être des jeunes ou encore l’augmentation des addictions, à l’alcool ou au cannabis. Magali reste ainsi marquée par ce fait divers très médiatisé qui avait impliqué plusieurs élèves retrouvés complètement saouls dans la cour, et sauvés de justesse. Ces addictions, elle parvient à en discuter avec les jeunes. Pas pour leur faire la morale, mais plutôt pour comprendre ce qui les amenés vers ce produit, tenter de trouver une solution douce avec eux dans une période difficile de leur vie où ils se cherchent une identité. Parfois, via des alertes extérieures ou après une consultation, Magali ou Chantal sont aussi amenées à briser le secret médical si elles estiment qu’il y a risque de suicide.

S’estimant en sous-effectif par rapport à la tâche de travail (1,5 poste pour 1400 élèves) les deux femmes doivent en plus faire face à l’accélération du monde et au changement radical des modes de vie, notamment lié à l’émergence des réseaux sociaux. « Aujourd’hui, la vidéo d’une bagarre peut être diffusée dans tout l’établissement. Je me souviens d’un élève filmé dans les douches de l’internat pour qui ça a été très dur » raconte Magali qui se sent vite dépassée : « on a besoin de se former constamment, ce sont parfois les jeunes qui nous apprennent des choses » explique-t-elle, néanmoins confiante pour l’avenir et persuadée qu’une présence renforcée de la santé dans le lycée favorise la réussite éducative.

Olivier COLLET