Chalon sur Saône

18 mois de prison pour une interpellation compliquée...

18 mois de prison pour une interpellation compliquée...

Ayant mis en avant « le caractère extrêmement extrémiste » du mis en cause, le représentant du ministère public a estimé que ce dernier était « quelqu'un qui n'en a pas fini avec son comportement de violences ».

Laurent a aujourd'hui 42 ans... mais il n'a pas toujours été délinquant, au point de revenir, comme l'a souligné le procureur Christophe Rode, fidèlement devant le Tribunal. Tout a commencé en 2000, quand cet ancien militaire, suite à une blessure à une jambe, a été, à ses dires, « abandonné par l'armée ». Il a perdu sa jambe, son travail, sa femme... et tout a commencé, pour reprendre son expression, « à partir en cacahuète ». Accumulant régulièrement les mentions sur son casier judiciaire. Jugé mercredi après-midi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Chalon, il a été une nouvelle fois condamné. Les juges chalonnais lui ont infligé 14 mois de prison et ont révoqué un sursis de 4 mois de prison en date du 1er février 2013 donné par cette même juridiction. Au total, c'est donc pour une durée d'un an et demi qu'il est parti au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand.

Laurent est très connu des policiers du Creusot, ville où il habite, et en particulier des fonctionnaires de la BAC (brigade-anti-criminalité). Dans la nuit du 21 au 22 septembre 2013, les membres d'un équipage, en surveillance dans une rue de la Cité du Pilon, ont reconnu le prévenu au volant de sa voiture, et comme il n'aurait jamais dû conduire, ayant perdu tous les points de son permis, ils ont décidé de l'interpeller. Connaissant les difficultés du mis en cause à se laisser arrêter, les policiers ont pris la décision de l'appréhender en douceur devant son domicile. Mais Laurent, une fois encore, ne s'est pas laissé faire. Il n'a pas hésité à foncer sur un véhicule de police, un fonctionnaire ayant juste le temps de se mettre à l'abri. Parvenant à s'enfuir.
Le prévenu n'a été interpellé en définitive que ce 1er octobre 2013. Et là encore les choses se sont mal passées. En garde à vue au commissariat de police, il n'a rien trouvé de mieux, au cours de son interrogatoire, que de se planter un stylo dans le cou. Transporté aux urgences de l'Hôtel-Dieu, ensanglanté et dans un état d’excitation, il a tenté de se sauver du brancard, sur lequel il avait été sanglé, et au cours de l'empoignade, qui s'en est suivi, une policière a été victime d'une entorse d'un pouce. « En aucun cas j'ai voulu la blesser. Je voulais me faire mal à moi tout seul. Moi je n'en peux plus » a-t-il tenu à préciser, sans réellement convaincre le Tribunal.

Conseil des deux fonctionnaires de police blessés, maître Eric Ansemant a noté que le mis en cause avait décidément « un problème avec l'infraction de refus d'obtempérer ».

A la barre du tribunal, Laurent a tenté d'expliquer que ce ne pouvait pas être lui qui conduisait, et pour cause, il avait vendu deux jours auparavant sa voiture à des Roumains. « En dépit de recherches, on n'a aucune trace de la voiture, et cela ne m'étonnerait pas qu'on la retrouve dans quelque temps dans un mauvais coup » a confié Me Ramazan Ozturck, défenseur du prévenu. « Contrairement à ce que veut nous faire croire Monsieur, il a bien été reconnu par les policiers » a confirmé le procureur Rode, arguant que Le Creusot n'était pas New-York et que les voyous n'étaient pas si nombreux au point que la BAC ne puisse pas les connaître. Ayant mis en avant « le caractère extrêmement extrémiste » du mis en cause, le représentant du ministère public a estimé que ce dernier était « quelqu'un qui n'en a pas fini avec son comportement de violences ».

Pour sa part, Me Ozturck est également revenu sur le fait que, contrairement aux apparences, son client ne s'est pas enfui durant une semaine. « Il est allé en Haute-Marne voir son médecin généraliste en vue d'un renouvellement de la cotorep. Si c'était lui l'auteur des faits il ne serait pas revenu aussi vite au Creusot ». L'avocat montcellien a aussi fait observer que si son client s'était révolté durant sa garde à vue, c'était tout simplement parce qu'il avait l'impression que sa parole ne valait rien.

Gabriel-Henri THEULOT