Chalon sur Saône

18 mois de prison pour l’agresseur du TGV Marseille-Paris

18 mois de prison pour l’agresseur du TGV Marseille-Paris

« Ce jour-là on est passé pas loin de la catastrophe » a estimé le substitut Xavier Moissenet, en préambule de ses réquisitions, lors du procès de l’agresseur du TGV Marseille-Paris, qui était jugé vendredi après-midi, dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Chalon.


Ce jour-là, c’était le 2 octobre dernier et Achraf Erriyani avait manqué d’égorger un autre voyageur au cours d’une bagarre dans la rame 7. Poursuivi pour violence aggravée par trois circonstances, ce Libyen de 35 ans a finalement été condamné à 18 mois de prison avec maintien en détention. Le prévenu devra en outre payer 1 659,93 € de dommages-intérêts à la SNCF et 400 € au titre de l’article 475-1 du code de procédure pénale. Concernant la victime, qui a fait l’objet de 6 jours d’ITT, l’affaire a été renvoyée sur intérêts civils à l’audience du 12 décembre 2013. Le dossier avait déjà été examiné le 4 octobre 2013 mais le mis en cause avait sollicité un renvoi, comme la loi le lui permet, afin de préparer sa défense.
«  Ce que l’on sait, c’est qu’il y a eu une altercation entre ces deux hommes, mais il ne faut certainement pas en chercher  les motifs. Ils étaient tous les deux dans un sale état. Ils avaient bu et avaient fumé du cannabis » a confié Xavier Moissenet, avant d’ajouter « La situation a soudain dérapé. L’un est plus fort que l’autre et le plus faible a sorti un couteau et a frappé ». Occasionnant à la victime des excoriations de 3 cm au thorax, une plaie de 4 cm à l’avant-bras droit et surtout une plaie de 12 cm au cou. Comme l’a fait remarquer le substitut Moissenet, l’agressé a toujours un pansement plus de deux semaines après les faits. Dès l’arrêt du train en gare de Montchanin-Le Creusot, il avait été opéré en urgence et il a été hospitalisé durant deux jours.
En dépit d’une instruction à la barre conduite avec soin par le président Thierry Deschanels, le Tribunal a eu bien du mal à comprendre comment on en était arrivé là. Les explications étant loin d’être concordantes, même si le conseil de la partie civile Me Sophie Delahaut s’est réjouie que le prévenu soit « revenu à plus de raison » et ait donné « une version plus réaliste ». Ce que l’on sait avec certitude, c’est qu’Achraf Erriyani avait quitté deux jours avant les faits Catane, ville dans laquelle il s’était réfugié après avoir fui la Libye, et qu’il comptait se rendre à Berlin, où un ami tunisien lui avait trouvé du travail. Pour le reste, les deux hommes se seraient rencontrés à Saint-Raphaël, où la victime, domiciliée à Oyonnax, était en vacances, ils auraient même sympathisé, puis auraient voyagé seul avant de se retrouver à Draguignan. Et de monter dans la même rame d’un TGV en partance pour Paris. Tous les deux éméchés (la victime avait un taux d’alcoolémie dans le sang de 2,58 g), ils se seraient alors querellés à propos d’une jeune femme. La victime  reprochant à son agresseur d’importuner et d’insulter cette jeune femme.
« C’est un dossier indigent, indigent à l’image de mon client » a souligné Me Ramazan Ozturk, défenseur d’Achraf Erriyani, avant de rappeler longuement le passé de ce dernier. A Tripoli, ville d’où il est originaire, Achraf Erriyani était militaire, mais un jour, ayant refusé d’obéir à un ordre, il s’est retrouvé dans une geôle de Kadhafi. A la chute du dictateur libyen, après huit années d’emprisonnement, il a fui en Tunisie, avant de tenter la traversée jusqu’à l’île de Lampedusa, puis de gagner la Sicile. Revenant sur les différentes versions données par le prévenu, Me Ozturk a également noté « il a tout simplement eu peur de ce qui pouvait lui arriver ». Evoquant les réquisitions du ministère public, l’avocat montcellien a aussi fait observer « 2 ans, c’est lourd ! Aujourd’hui il a fait confiance en votre justice, ne le décevez pas ! Pour lui la prison a une signification, ce n’est pas un délinquant comme on en rencontre habituellement devant votre Tribunal. Il faut qu’il garde espoir, son voyage doit se poursuivre». Son voyage se poursuivra, mais après un séjour de plusieurs mois dans les prisons françaises, lesquelles vont lui paraître de véritables « hôtels 3 étoiles » par rapport à ce qu’il a pu connaître si longtemps en Libye.
 

Gabriel-Henri THEULOT