Saône et Loire

« Val d’Aucy » en fin de vie !

« Val d’Aucy » en fin de vie !

Depuis plus d’une année les employés et ouvriers de la conserverie « Val d’Aucy » de Ciel près de Verdun-sur-le-Doubs est en lutte afin d’empêcher le site de fermer. Un an de lutte qui va se terminer par la fermeture du site à la fin de ce mois.

Jeudi lors d’une énième réunion avec les représentants du personnel la direction a décidé de mettre un terme aux discussions concernant le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) qui, pour elle, n’ont que trop duré. La réaction du personnel ne sait pas fait attendre longtemps. Le personnel est sorti devant la grille et a commencé à bloquer l’accès à la cour et à la voiture du directeur. Des palettes et des pneus ont été enflammés montrant par la noire fumée qui se dégageait la colère des salariés à des kilomètres à la ronde, le tout sous l’œil bon enfant des gendarmes de Saint-Germain-du-Plain, Verdun-sur-le-Doubs et Sennecy-le-Grand sous le commandement du capitaine de compagnie Philippe Monnot de Chalon.

A l’intérieur les représentants du personnel se heurtèrent à un refus de négocier par Philippe Pensivy, directeur du site prétextant qu’il était pris en otage du fait que sa voiture était immobilisée par des palettes et autres engins de chantier ce que réfutèrent les délégués, les portes d’accès des bâtiments étant libres. Même refrain de la part du « liquidateur » envoyé depuis quelques mois par la direction bretonne, Yves Mottet.  Il a fallut l’intervention de Francis Cloris, Sous-Préfet de l’arrondissement de Chalon qui a joué le rôle de médiateur pour obtenir que les discussions de fassent en terrain neutre en l’occurrence la Sous-Préfecture de Chalon. Cette réunion s’est donc déroulée vendredi après-midi avec Fabien Sudry, Préfet de Saône-et-Loire en compagnie de Christophe Lantoine, représentant Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif et de son délégué régional Christophe Lerouge et des représentants de l’Inspection du travail et de la DIRECCTE et bien entendu de Philippe Pensivy, directeur du site et de son liquidateur Yves Mottet et des délégués du personnel (CGT, seule centrale syndicale chez Val d’Aucy).

« Val d’Aucy » fait partie du groupe CECAB basée en Bretagne et s’est installé à Ciel il y a vingt ans. L’usine étant spécialisée dans le traitement des légumes et leurs mises en boite avec également une unité plats cuisinés. A l’époque c’était une opportunité pour l’emploi dans la région verdunoise et au-delà principalement féminin, sédentaire comme saisonnier sans oublier l’ensemble des agriculteurs et maraîchers qui fournissaient la quasi-totalité des matières premières. Déjà, début Juin 2011, le personnel et leurs représentants se voyaient refuser une augmentation de salaires. Le dialogue salariés-direction se dégradait ostensiblement  et il y a un an, jour pour jour, le 25 Octobre 2012 la direction annonçait la fermeture définitive du site cielois. Pour le personnel cela a eu l’effet d’une bombe surtout que la cause invoquée était le mauvais climat de la région non propice à la bonne conservation des produits… Vingt ans après se rendre compte que le climat n’était pas bon ! Très vite le personnel a compris qu’on les prenait pour des moins que rien et leur réaction ne sait pas fait attendre. Des grèves commençaient à perturber une production qui sensiblement baissait avec d’interminables réunions du comité d’entreprise qui débouchaient  sur rien ou a peu près rien.

L’usine devait fermer en Mars dernier mais les salariés ont gagné à peine neuf mois de plus. Cette fois le glas doit sonner pour jeudi prochain 31 Octobre et les lettres de licenciement seront réceptionnes par le personnel début novembre. Un repreneur qualifié de "sérieux" serait intéressé par la reprise du site mais rien officiellement n’est acté, ce repreneur exerçant une toute autre activité mais qui serait (conditionnel) d’accord pour conserver une partie du personnel alors que beaucoup de flou entoure le projet industriel. Inutile de préciser l’angoisse qui règne parmi les quelques cent vingt personnes. Beaucoup se demandent comment ils vont faire pour retrouver du travail certains ayant de lourdes charges comme le remboursement de crédits d’acquisition de leur maison ou appartement par exemple. Pères et mères de familles s’inquiètent sur l’avenir de leurs enfants et comment ils vont faire face à leur éducation.

Les « pouvoirs publics » sont également sur la sellette dénonçant certains élus présents au départ du conflit mais totalement absents aujourd’hui.

En fin d’après-midi les délégués devaient commenter au personnel qui attendait devant les grilles de la Sous-Préfecture les résultats de cette négociation. Si quelques points ont connus une certaine avancée il n’en reste pas moins que la déception demeure. Une nouvelle rencontre tripartite (Etat, Direction et Représentants des salariés) est prévue pour lundi après-midi soit sur le site Val d’Aucy soit à la mairie de Ciel. La direction a prévenue : lundi c’est la dernière. Jeudi soir la clé sera sous le paillasson et dès le 1er Novembre les salariés pourront déposer des chrysanthèmes sur la tombe de « Val d’Aucy ».

 

                                                                                                                  Michel Chevalier