Opinion

ECOTAXE : l’intérêt général n’est pas la somme d’intérêts particuliers

Par Thierry Grosjean - Président de la CAPEN 71.

ECOTAXE :   l’intérêt général n’est pas la somme d’intérêts particuliers

  Sur fond de violences contre des biens publics, l’écotaxe a envahi les médias. Le débat de fond est beaucoup plus sérieux que ces gesticulations manipulées par quelques lobbies, avec à leur tête le MEDEF ( transporteurs..) et la FNSEA. Surenchère dangereuse qui fait croire que le dialogue républicain passe par cette violence mise en images au 20H … Le problème de la Bretagne est qu’elle  a développé un « modèle » agroalimentaire industriel, hors-sol, qui est condamné. Sauf à rendre obligatoire la consommation d’excédents frelatés et nocifs à la santé des consommateurs,  tout en polluant l’eau, l’air et les sols. L’avenir, c’est l’agro-écologie : ces gesticulations sont réactionnaires. Le refus de l’écotaxe n’est qu’un prétexte pour détourner l’attention de cette faillite de l’intérêt général.

  Depuis 2007, malgré les discours ronflants sur l’environnement, les ministres des transports successifs  se refusent à faire payer au transport routier les coûts qu’il entraine : dégradation du climat, entretien des routes, pollutions multiples,  atteintes à l’environnement et à la santé…Faute d’équité, c’est le fret ferroviaire, beaucoup plus écologique, qui s’effondre.

  En annonçant que des « aménagements » seraient possibles, le gouvernement prend le risque de rendre cette taxe anticonstitutionnelle  du fait de rupture d’égalité, tout comme nous le dénoncions pour une RCEA payante.  Avec l’écotaxe, le prix du transport routier augmenterait légèrement, avec une incidence infime sur les prix des produits transportés, si les lobbies, dont celui de la grande distribution, n’en profitent pas par «effet d’aubaine ».

   Mais cette version de l’écotaxe n’est appliquée que sur le réseau routier local ( 15000 km..), sans contrarier le trafic longues distances qui utilise les autoroutes, au détriment des circuits courts, de l’intermodalité,  sans gêner la concurrence déloyale avec le rail. Le bilan écologique et climatique est nul. Celui de l’emploi et des économies locales aussi.

   S’est-on enfin demandé qui va récupérer et utiliser la taxe ? La société privée Ecomouv’, du groupe Autostrade, leader européen de construction et gestion d’autoroutes, qui va récupérer un peu plus de trafic et de profits !.                                                                                                                   

   Cet échec annoncé – voulu ? – de l’écotaxe est le reflet de l’incohérence écologique de politiques sectorielles : celles de l’agriculture, des transports, qui ne prennent pas en compte les effets sur l’environnement, le climat, la consommation et la santé.