Chalon sur Saône

Ils n'avaient vraiment pas le profil de trafiquants de cannabis

Ils n'avaient vraiment pas le profil de trafiquants de cannabis

« C'est un dossier atypique et déconcertant » a confié le substitut Caroline Mollier, en évoquant l'affaire qui a amené devant le tribunal correctionnel de Chalon Dylan et Maximilien, deux Gergotins, respectivement âgés de 19 et de 22 ans.

Les deux jeunes gens, jamais condamnés, inconnus des services de police et de gendarmerie, étaient poursuivis pour plusieurs infractions à la législation sur les stupéfiants. Le premier nommé ayant été trouvé porteur d'1,003 kg de cannabis. Après une heure de procès, Dylan a été condamné à 12 mois de prison, dont 6 mois avec sursis, assortis d'une mise à l'épreuve de 2 ans, avec obligation de se soigner et de travailler ou de suivre une formation, tandis que Maximilien s'est vu infliger 8 mois de prison avec sursis.

Les faits se sont passés le 28 octobre 2013, en début de soirée, en zone industrielle nord de Chalon. Des policiers de la BAC (brigade anti-criminalité), en patrouille dans une rue proche du centre Leclerc, ont été intrigués par le curieux manège du conducteur d'une Renault Clio et de celui d'une Peugeot 306. Lorsque les deux voitures ont démarré précipitamment ils ont alors décidé de les interpeller. Ils ont mis le gyrophare et ont actionné le « deux tons ». Sans aucun effet. La Renault Clio prenant la direction de Crissey et la Peugeot 306 celle de Virey-le-Grand. Quand les fonctionnaires de police ont réussi enfin à stopper la Renault Clio, le conducteur, en l'occurrence Dylan, a essayé de leur échapper. Laissant tomber à terre deux paquets, contenant des plaquettes de résine de cannabis. Pour un peu plus d'1 kg. Interrogé en garde à vue, Dylan a indiqué qu'il venait d'acquérir tout ce cannabis quelques instants auparavant dans le quartier de la Fontaine au Loup, pour un montant de 1 500 €, qu'il devait compléter dans les 15 jours qui viennent par une nouvelle somme de 500 €. Il a également confié aux enquêteurs que c'était la première fois qu'il en achetait une aussi grande quantité, qu'il avait perdu son emploi de carreleur, qu'il avait besoin d'argent et qu'il traficotait avec des connaissances. On a en effet retrouvé à son domicile une balance, un cahier de comptes avec une liste de noms et des sommes à côté.

Etant parvenu à s'enfuir, Maximilien a été finalement interpellé sur son lieu de travail. Un bar où il exerce la profession de serveur. « Je ne me suis pas arrêté. Car j'ai cru que le gyrophare, c'était pour Dylan » a-t-il prétendu au cours de l'enquête. Il a aussi affirmé que son rôle était uniquement de faire le guet. « Il n'a pas respecté son contrat, puisqu'il n'a pas été capable de voir arriver les policiers » a ironisé Caroline Mollier lors de ses réquisitions. Le mis en cause a encore avoué qu'à ce moment-là il était particulièrement nerveux, se rendant bien compte de la dangerosité de la situation.

Défenseur de Maximilien, Me Carine Couillerot a souligné que son client avait tout simplement voulu rendre service à son copain. L'avocate chalonnaise a également sollicité et d'ailleurs obtenu la relaxe du prévenu concernant l'infraction d'acquisition non autorisée de stupéfiants. « Il faisait déjà le guet dans la zone industrielle, il ne pouvait donc pas assister à la transaction à la Fontaine au Loup ».

Pour sa part Me Malinka Trajkovski, qui assurait la défense de Dylan, a fait observer « Ils ont agi avec un amateurisme complet. Ils ne sont pas coutumiers du fait et ils n'ont pas le profil de trafiquants ». Avant d'ajouter à propos de son client « Madame la représentante du ministère public demande à son sujet un mandat de dépôt. Il ne s'impose pas. Il vit chez ses parents et il est en mesure de trouver rapidement une activité professionnelle ». Message entendu par le Tribunal. Le mis en cause est parti libre de la salle d'audience.

Gabriel-Henri THEULOT