Opinion de gauche

Rythmes scolaires : se battre pour l’abrogation du décret

"L'école n'est pas un enjeu de concurrence entre les territoires pas plus qu'un marché ouvert aux appétits des multinationales".

 

La réforme des rythmes scolaires, décrétée par le ministre Vincent Peillon et mise en place dans 20 % des communes à la rentrée de septembre 2013, fait couler beaucoup d’encre et nourrit une colère grandissante.
À quelques mois des élections municipales, cette réorganisation du temps scolaire, imposée précipitamment par le ministre de l'Education Nationale, constituera à l'évidence un thème majeur de la campagne. A ce propos, la dénonciation de la réforme  par la voix des principaux ténors de la droite a pour seul objectif de surfer sur le mécontentement d'une majorité de Français  et de redorer le blason de l’UMP qui durant 10 ans n’a eu de cesse de casser le service public d’éducation en détruisant des dizaines de milliers de postes de professeurs. Des manœuvres politiciennes que les récentes grèves des personnels frappés par la mesure viennent contrebalancer et ceci sur la base de revendications bien différentes.
Les premiers enseignants concernés par cette révision des rythmes scolaires pointent une importante détérioration des conditions d'accueil des élèves, une fatigue accentuée des enfants et des personnels, le danger de voir l'Education Nationale se diluer dans des missions pilotées par les collectivités locales et se perdre ainsi dans le jeu de concurrences déloyales entre les territoires. Les élus quant à eux dénoncent un coût supplémentaire qu'ils devront faire peser sur la population alors que les dotations de l'Etat se réduisent d'année en année et que le ras-le bol fiscal se répand brusquement.
À Paris, où les enseignants se sont opposés massivement à cette mesure, soutenus par une majorité de familles, une assemblée générale s’est tenue dernièrement afin d'exiger avec les syndicats du premier degré l’abrogation du décret Peillon et la suspension de la réforme dans les écoles de la capitale.
 

Des inégalités accentuées
Les écoles subissent le joug d’une politique éducative désormais entre les mains du ministre de l’Éducation nationale et des maires, à qui le décret Peillon permet de déréglementer le système éducatif en instituant notamment des temps d’enseignement choisis par les communes. Ainsi cette réforme mise en place « pour permettre aux écoliers de mieux apprendre et de favoriser leur réussite » accentue les inégalités territoriales et pèse sur les élèves qui doivent endurer un allongement du temps de présence à l'école.  Les projets éducatifs territoriaux (PEDT),  en fonction des moyens financiers des communes, définissent les activités périscolaires  proposées aux familles (avant et après les heures de classe, pendant le temps de midi) et confortent ainsi les disparités entre les collectivités locales. De plus, si chaque enfant doit pouvoir bénéficier des activités proposées dans le cadre de ces PEdT, elles n'ont pas de caractère obligatoire. A ce titre,  la circulaire indique bien que les communes peuvent facturer les prestations aux familles. On devine, à travers toutes les bonnes intentions, tout l'enjeu financier et électoral que ces dispositifs peuvent éveiller. Le « marché de l’éducation » est ouvert. Les grandes multinationales pourront sponsoriser à souhait les activités péri-éducatives mises en place par les principales municipalités et étendre ainsi leur lobbying.

 

Pour autant cette réforme rencontre une opposition de plus en plus vive. Plusieurs villes qui avaient choisi d'adopter dès cette rentrée la réforme des rythmes scolaires ont décidé de suspendre son application et sont repassées à quatre journées de classe; d'autres s'apprêtent à le faire. Certains maires appellent même à la désobéissance et réclament la suspension du dispositif qui doit se généraliser à la rentrée 2014 à toutes les écoles communales. Toutefois, nous ne sommes pas dupes, les motivations d'un certain nombre d'élus sont le fruit de calculs démagogiques bien éloignés des réélles préoccupations affichées par les personnels et les familles. La majorité précédente projetait une réforme quasi-identique au nom de la refondation de l'école.

 

De leur côté, Le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), le PG (Parti de Gauche) et la GA (Gauche Anticapitaliste) s'associent aux acteurs de la communauté éducative qui dénoncent une réforme  bricolée, sans moyens suffisants, fragilisant l'école de la réussite pour tous et ouvrant la voie à des dérives mercantiles inacceptables. Ils exigent l'abrogation pure et simple de ce décret. L'école a besoin de changements profonds pour être moins inégalitaire, mais cela doit se faire dans le dialogue avec les enseignants et les parents d'élèves, dans la transparence et en dehors de toute pression financière émanant de partenaires privés. 

Ensemble le PG 71, le NPA 71, la GA 71 condamnent le choix de l'austérité. Cette option politique, dont le réaménagement des rythmes scolaires est un élément parmi d'autres, doit être combattue par tous et sanctionnée dans les urnes lors des prochaines élections de 2014 en soutenant les vraies listes de gauche.

 

Le PG 71, le NPA 71, la GA 71