Chalon sur Saône

De sévères peines de prison pour avoir volé deux ordinateurs portables

De sévères peines de prison pour avoir volé deux ordinateurs portables

Poursuivis pour vol aggravé par deux circonstances en récidive, Romain et Guillaume, deux jeunes Nivernais, respectivement âgés de 26 ans et de 24 ans, ont été condamnés mercredi après-midi par le tribunal correctionnel de Chalon à 8 mois de prison.

 Une peine, qui a été plus que doublée, à la suite des révocations, totale ou partielle, de deux sursis, qui planaient au dessus de leur tête. Au final, Romain a écopé de 23 mois de prison, tandis que Guillaume, son copain, s'est vu infliger 17 mois de prison. Troisième homme de l'affaire, le cousin de Guillaume, David, âgé de 31 ans, également domicilié dans la Nièvre, a été relaxé, après la convaincante plaidoirie de son défenseur Me Michel Grebot.

Comme l'a fait observer le vice-procureur Charles Prost, les faits reprochés aux trois mis en examen étaient « d'une simplicité évangélique mais graves ». A savoir le vol de deux ordinateurs portables pour un montant total de 1 198 € à l'intérieur d'un supermarché d'Autun, le 7 novembre 2013, en début d'après-midi. Pas de chance pour eux, toute la scène a été filmée par une vidéo de surveillance et sur les images les policiers de Nevers ont parfaitement reconnu David. Il est vrai que ce dernier est bien connu de la police, de la gendarmerie, et de la justice. Son casier judiciaire fait apparaître douze condamnations depuis 1999 et depuis sa sortie de prison en février 2013 il a porté un bracelet électronique jusqu'au 2 novembre 2013. Ayant appris par une connaissance qu'il était recherché il a appelé spontanément la gendarmerie dès le lendemain midi.

Si Romain et Guillaume ont reconnu les faits - pouvaient-ils faire autrement ? -, même s'ils ont donné des versions contradictoires, par contre David a contesté la notion de vol. « Au départ on est venu pour acheter les ordinateurs. Comme ils ne s'y connaissent pas en informatique, ils m'ont demandé de les conseiller et de choisir les portables pour eux. C'est ce que j'ai fait. Après ils n'ont plus été d'accord pour payer, j'ai alors laissé le panier à une caisse» s'est défendu l'aîné de la bande. Mais à cette caisse il n'y avait pas de caissière... Et c'est sur ce point que le parquet s'est appuyé pour le mettre en accusation. David aurait fait exprès de déposer le panier à une caisse vide, afin de faciliter la tâche de ses complices. Ce qui n'a pas du tout été l'avis de Me Grebot « Je ne vois pas où est le mal de poser un caddy, où il n'y a pas de caissière. Moi, je n'aimerais pas être gêné, quand je passe à une caisse, par un panier abandonné là par un client ».

« Lorsque j'ai vu la connerie arriver, il n'était pas question que je cautionne ce vol » a encore confié David. Lequel a prétendu qu'il était allé attendre Romain et Guillaume dans sa voiture, après avoir demandé à une caissière « d'envoyer quelqu'un pour s'occuper d'eux ». Le prévenu a encore tenté de se disculper, en indiquant que s'ils étaient partis rapidement en direction du centre ville d'Autun, c'était parce que Romain l'avait menacé d'un couteau sous la gorge et qu'il avait essayé de se débarrasser de ses comparses, en freinant brutalement à la vue de ce qu'il pensait être une voiture de police.

Pour sa part le vice-procureur Prost a relevé que les trois hommes avaient été vus le même jour, dans la matinée, dans un supermarché de Decize puis dans l'enceinte d'une clinique vétérinaire et a soutenu que, contrairement à ce qu'ils disent, David a bien joué son rôle de chauffeur et qu'ils sont bien retournés ensemble à Nevers.

« Mon client n'est pas un voleur habituel. Jusqu'alors sa vie n'est pas une grande réussite. Il ne sait pas pourquoi il a commis cela. Il n'a pas une grosse estime de lui » a souligné Me Anne Richez-Pons, conseil de Romain. Avant de rappeler que celui-ci est totalement livré à lui-même depuis l'âge de 16 ans, que toute sa famille l'a rejeté depuis 4-5 ans, qu'il a déjà effectué trois séjours en prison, et qu'il n'a aucune perspective d'avenir.

Défenseur de Guillaume, Me André Laborderie a fait part de « sa stupéfaction et de son indignation » à propos des réquisitions du ministère public, lequel a réclamé pour chacun des trois prévenus 1 an de prison, assorti d'un placement en détention. Car, aux dires de l'avocat, « ils n'ont pas tous fait la même chose ». Concernant plus particulièrement son client, Me Laborderie a fait remarquer « Celui-ci a un casier judiciaire chargé, comportant de lourdes sanctions, et pourtant il a recommencé. Quand la sévérité est excessive, elle n'a pas d'impact. Aujourd'hui il faut une peine adaptée à ce qu'il a vraiment fait. Ce garçon travaille, c'est la première thérapie pour un délinquant. Il faut le faire revenir dans le circuit de la citoyenneté ». Concrètement, selon son conseil, Guillaume aurait agi sans réfléchir : voyant que Romain dérobait un ordinateur portable, il aurait décidé de faire de même, alors que la veille il avait retiré 600 €. 

Pour la défense de David Me Grebot a aussi signalé que celui-ci travaillait dans une station-service, qu'il avait une compagne et un enfant. Avant de poursuivre « Est-ce qu'on doit dire qu'ils sont forcément des menteurs, parce qu'ils ont de lourds casiers judiciaires. Ils n'ont aucun intérêt à dédouaner l'autre. Dans un dossier, tel que celui-ci, votre Tribunal ne peut pas condamner mon client ». En définitive l'avocat a été entendu par les juges chalonnais et a obtenu une relaxe.

Gabriel-Henri THEULOT