Sud de l'agglomération

« Un gardien de Varennes peut gérer jusqu’à 80 détenus »

« Un gardien de Varennes peut gérer jusqu’à 80 détenus »

Ce mardi la CGT de la prison de Varennes-le-Grand appelle à un rassemblement devant les portes pour alerter sur ce qu’il se passe de l’autre côté du mur et qu’elle ne supporte plus…

Jean-Claude Jacquot emploie des mots forts. Surveillant pénitentiaire depuis vingt ans, ce maton de la prison de la région de Chalon-sur-Saône, syndicaliste CGT, évoque les tentatives de suicides de certains collègues, leurs burns out ou l’attitude de la direction qui, d’après lui, refuse d’évoquer la question des conditions de travail au sein de l’établissement. Le tout forme un agglomérat de revendications qui seront défendues ce mardi par les équipes de repos de Varennes. Soutenues par des personnels d’autres établissements, elles se retrouveront de 11h à 14h, en ce 19 novembre qui marque le départ de l’actuel directeur Mr Stahl et l’arrivée d’un nouveau patron, Mohammed Sebah. 

La CGT et ses soutiens entendent dans un premier temps faire pression sur leurs supérieurs pour obtenir des avancées et retrouver un bien-être au travail. Leur premier combat est national et concerne une sécurisation plus importante de la prison : « depuis 2009 et la loi pénitentiaire, on manque de moyens financiers. Avec l’augmentation du nombre d’intervenants extérieurs en prison, on se doit de maintenir un niveau de sécurité suffisant mais nous n’en avons pas la possibilité ce qui nous amène à constater une hausse des trafics » explique Jean-Claude Jacquot qui rêve notamment de détecteurs de métaux semblables à ceux des aéroports. 

Blocage avec la direction et guerre syndicale

Le syndicaliste manifeste aussi sa désapprobation face à la méthode de management de la prison chalonnaise. « La prison c’est comme une société. Le code du travail devrait s’y appliquer depuis 2011 mais nos responsables ne veulent surtout pas parler des conditions de travail. Notre administration souhaite conserver sa suprématie ce qui crée un grand malaise chez les personnels d’autant que notre médecin du travail n’a pas tous les accès dont il devrait bénéficier ». 

Jean-Claude Jacquot, dont le syndicat est minoritaire au sein des près de 200 personnes qui travaillent à Varennes, cherche donc à « lancer un appel pour montrer ce qu’est la prison au public » il explique ainsi les raisons du malaise de ses collègues : « On peut être seul à travailler avec 80 détenus et on ne veut pas recruter ». Il dénonce en fait une récente réorganisation du travail et des équipes de surveillance proposée par un autre syndicat (l’UFAP) et emploie des termes semblables aux opposants du travail le dimanche dans le commerce : « On va forcer les agents à travailler 12h. Si c’est au volontariat, ok… mais le jeune qui arrive on ne lui demande pas trop ce qu’il veut faire. Avec ces mesures, on crée des zones de non droit dans les étages où les détenus organisent un système de guet ». 

L’UFAP a déjà répondu aux attaques parlant d’une modification inspirée du Canada rendant le métier plus moderne, plus digne et favorisant le travail en équipe avec zéro incidents depuis sa mise en place et des surveillants « heureux ». Mais en face la CGT reste butée et allergique au changement : « On est victimes de harcèlement et de discrimination si l’on est pas de l’UFAP à Varennes. Ce n’est pas à un groupe d’imposer aux autres les conditions de travail. Tout cela a été fait de manière arbitrale et les autorités ne répondent pas à nos alertes alors que les choses n’ont pas été faites dans les règles ». 

Olivier COLLET