Chalon sur Saône

D’1 an à 18 mois de prison ferme pour un quatuor de cambrioleurs roumains

D’1 an à 18 mois de prison ferme pour un quatuor de cambrioleurs roumains

Quatre ressortissants roumains ont été condamnés lundi par le tribunal correctionnel de Chalon à des peines de prison ferme, pour avoir commis courant 2012 toute une série de cambriolages à travers la France.

Accusées de 8 méfaits, les sœurs Valentina, 34 ans, et Cristina, 30 ans, qui étaient absentes, ont été punies de 2 ans de prison, dont 1 an avec sursis. En outre, les deux hommes devront payer in solidum 89,88 € de dommages-intérêts et 400 € au titre du préjudice moral à une victime, 1 991, 27 € de dommages-intérêts à une autre victime. Enfin les quatre prévenus devront régler solidairement 800 € à une troisième victime et 1 500 € à une quatrième victime.

L'affaire a commencé le 1er octobre 2012 à Saint-Loup Géanges. Ce jour-là, Marian et Ionel ont été surpris par les propriétaires de l'habitation, qu'ils étaient en train de cambrioler. Lesquels ont crié « Au voleur ! Au voleur ! ». Un témoin a alors été intrigué par l'attitude de deux hommes, qui montaient dans une voiture, et a décidé de relever son numéro minéralogique et de suivre le véhicule. La filature a duré jusqu'à l'entrée de Beaune. Grâce aux précieuses indications du témoin la voiture a finalement été interceptée au péage autoroutier de Tournus. En fouillant le véhicule les gendarmes ont découvert à l'intérieur de valises ou de sacs de nombreux bijoux ainsi que plusieurs téléphones portables, du numéraire pour un montant total de plus de 6 000 € et même un testeur d'or. Les militaires ont rapidement fait le rapprochement avec un autre cambriolage, ayant eu lieu le même jour à Bragny-sur-Saône, commune située à une douzaine de kilomètres de Saint Loup Géanges. En poursuivant leur enquête les gendarmes ont appris que Marian et Ionel avaient acheté le 23 septembre 2012 à Bordeaux la voiture, ayant servi à effectuer les cambriolages, et qu'ils étaient montés à Paris retrouver le 28 septembre 2012 Valentina et Cristina, leurs maîtresses, venues de Roumanie par avion. Sur le chemin de la capitale, Marian et Ionel en ont profité pour commettre deux cambriolages le 25 septembre 2012 en Charente-Maritime et en Indre-et-Loire. L'instruction a également révélé qu'avant de se faire prendre à Tournus, outre Saint-Loup Géanges et Bragny-sur-Saône, le quatuor était l'auteur de quatre cambriolages dans l'Aube le 29 septembre 2012, en Haute-Marne et en Côte d'Or le 1er octobre 2012. Les enquêteurs ont aussi découvert que Marian avait accompli deux vols dans les Landes, en février 2012 et en juin 2012, en compagnie d'un complice, originaire de l'ex-Yougoslavie. Marian était encore poursuivi dans un autre dossier pour trois vols et une tentative de vol de bijoux, de pièces Napoléon et d'un ordinateur perpétrés le 26 septembre 2012 en Indre-et-Loire.

Interrogées, Valentina et Cristina ont indiqué qu'elles n'étaient pas au courant des agissements de leurs amants, qu'elles étaient venues en France pour prendre du bon temps avec eux, et que si elles avaient de si fortes sommes d'argent, c'était tout simplement pour faire des achats à Paris, avant de regagner la Roumanie. Concernant les nombreux bijoux retrouvés à l'intérieur de la voiture, Marian a expliqué qu'il en avait acheté la plus grande partie dans un camp de Roms situé à Paris... pour se faire refaire les dents ! On suppose en or... Marian, qui dans son pays est mécanicien auto, a également dit que l'objet de sa visite en France - qui a quand même duré plus de 8 mois ! - était l'achat d'une voiture en vue de la revendre le double en Roumanie.

Marian et Ionel sont incarcérés au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand depuis le 3 octobre 2012. Par le truchement d'une interprète, ils ont confié à la barre qu'en prison ils avaient eu le temps de réfléchir et qu'ils avaient décidé, contrairement à ce qu'ils avaient fait en garde à vue et durant l'instruction, de reconnaître la plupart des vols qui leur étaient reprochés. Ce dont n'a pas manqué de faire état le vice-procureur Charles Prost dans ses réquisitions. Le représentant du ministère public a aussi fait remarquer que le rôle de Valentina et de Cristina n'était pas aussi secondaire « dans cette virée de la délinquance » qu'il peut paraître et a regretté « qu'elles ne soient pas là pour s'expliquer eu égard à l'intensité des charges qui pèsent sur elles ». Détenues en préventive durant près de 4 mois à Dijon, les deux sœurs ont bénéficié le 25 janvier 2013 d'une procédure de contrôle judiciaire, qu'elles n'ont jamais respectée. D'où l'agacement du magistrat du parquet, qui a requis à leur encontre 1 an de prison ferme, assorti d'un mandat d'arrêt international.

« Si elle n'avait pas entretenu une relation amoureuse avec l'un des prévenus elle n'aurait jamais été impliquée dans ce dossier. C'est une relation qui lui aura occasionné que des ennuis » a affirmé Me Audrey Biffard, qui défendait Valentina. Et l'avocate dijonnaise d'expliquer « Si elle est retournée immédiatement en Roumanie, c'est tout simplement pour assumer ses obligations familiales. Depuis les faits, elle a divorcé et elle doit payer une pension alimentaire à ses deux enfants ».

« Treize victimes ont été identifiées mais la liste doit être plus longue. Durant huit mois ils sont restés sur le territoire national et ont dû commettre d'autres délits » a encore noté le vice-procureur Prost, avant de souligner « Les faits sont particulièrement désagréables. Il y a trois circonstances aggravantes, à savoir en réunion, par effraction et dans un local d'habitation. Et ce ne sont pas des vols alimentaires mais des vols ciblés et organisés, en général des vols d'or. Tout le préjudice porte quasiment sur des bijoux».

Assurant la défense de Marian et d’Ionel, Me Anne Richez-Pons a insisté sur « les conditions de détention provisoire assez difficile » de ses clients. Signalant notamment qu'ils n'avaient jamais de visites et qu'ils ne parlaient pas français et que malgré tout ils étaient des détenus modèles, travaillant régulièrement aux ateliers. « Ils n'avaient jamais été condamnés, cela leur servira de leçon » a ajouté l'avocate, avant de demander au Tribunal de ramener le quantum des peines à de plus justes proportions. Les peines requises par le ministère public étant de 2 ans pour Marian et de 22 mois pour Ionel.

Gabriel-Henri THEULOT