Opinion

Depuis Bruxelles, l'Euro-députée s'indigne du sort réservé au viticulteur bourguignon

Sandrine Bélier, députée européenne EELV du Grand Est(Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Alsace et Lorraine), réagit à l'annonce de la convocation par le  substitut du procureur d'Emmanuel Giboulot, vigneron qui exploite dix hectares de vignes en biodynamie sur la Côte de Beaune et la Haute-Côte de Nuits en Côte d'Or.

Pour avoir refusé d'épandre des pesticides sur ses vignes, Emmanuel Giboulot encourt aujourd'hui jusqu’à six mois de prison et 30 000 euros d’amende. Le viticulteur justifie son refus d'appliquer le traitement imposé à tous les propriétaires de vignes pour tenter de prévenir l'installation de la flavescence dorée, par le caractère disproportionné de la mesure imposée par l'État sur sa parcelle en l'absence de risque avéré.

« Les produits imposés par la Préfecture de Saône et Loire sont réputés pour leur toxicité et leur impact sur la faune auxiliaire des vignobles et la santé des vignerons », souligne Sandrine Bélier, eurodéputée EELV, qui se déclare pleinement solidaire de M. Giboulot et prête à le soutenir devant la justice.

« Des études récentes ont montré que les salariés de la vigne sont surexposés aux pesticides et subissent de plein fouet leurs risques sanitaires. L'assignation d'Emmanuel Giboulot vient démontrer une nouvelle fois l'absurdité d'un système qui condamne ceux qui font le choix courageux de promouvoir d'autres approches agricoles comme la biodynamie. Le recours automatique à des produits chimiques n'est rien d'autre qu'un leurre savamment entretenu pour maintenir la dépendance d'un secteur aux produits de l'industrie agro-chimique. Cet enjeu sera traité en France dans le cadre de la future loi d’avenir agricole. Les écologistes seront vigilants afin que de réelles évolutions soient développées et que les choix tournés vers des solutions plus respectueuses de la santé humaine et de l'environnement soient récompensés et non plus réprouvés.

La France est le premier utilisateur européen de pesticides avec 62 700 tonnes de substances actives vendues en 2011. Malgré le lancement du plan Ecophyto en 2008, et l'objectif affiché de réduction de 50 % des pesticides en dix ans ainsi que l'exclusion des substances les plus dangereuses, la consommation de pesticides continue de progresser. Quant à la viticulture, elle représente à elle seule 20 % des tonnages de pesticides utilisés en France, alors qu'elle ne pèse que 3,7 % des surfaces agricoles (1). Des alternatives aux pesticides existent (préparations naturelles peu préoccupantes – PNPP -). Malheureusement leur essor est limité et freiné par certains intérêts privés et des années d'aveuglement politique qui ont conduit l'agriculture française au bord de la faillite » rappelle également l'eurodéputée EELV.

 

(1)  Publication "Apache" de Générations futures, 2013.