Saône et Loire

La communication qui agace

La communication qui agace

Mi-octobre, la préfecture s’est fendue d’un communiqué, reprise adaptée de celui même du ministère de l’Agriculture, sur le versement anticipé des aides… C’est peu dire que cette communication a agacé.

Paiements directs

 

 

Le titre du communiqué est clair : "Paiement anticipé des aides de la Pac ; en Saône-et-Loire : 75,34 millions d’€". La suite est du même tonneau : "Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, a obtenu de la Commission européenne l’autorisation de verser de façon anticipée certaines aides de la Politique agricole commune (Pac). Ce versement de plus de 75 millions d'€ viendra donc alléger la trésorerie des exploitations agricoles du département". Et le détail suit…

"Au titre de cette avance, les exploitants de Saône-et-Loire ont perçu :

  • 50 % des aides découplées. 5.048 exploitants (99,7 %) ont bénéficié de cette avance, soit un montant de 53,5 millions d’€ ;
  • 75 % de la prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA) et 60 % de l’aide nationale complémentaire, pour un montant total de 21,3 millions d’€. 
83 % des exploitations respectaient la période de détention obligatoire pour bénéficier de l’avance.
  • 50 % de l’aide ovine et caprine à 99,9 % des éleveurs éligibles, pour un montant total de 540.000 €.

Le solde de ces aides sera versé aux dates normales, tout début décembre".

Et chacun doit bien le reconnaître, l’information n’est pas en soi fausse, ce serait alors un comble, mais elle est inopportune au moment où la France s’enfonce dans une crise économique et sociétale. Cette information agace, parce qu’elle oppose, parce qu’elle désigne de soi-disant nantis qui bénéficieraient de largesses massives, alors que le chômage gagne chaque jour un peu plus de terrain. Bref, on divise plus qu’on ne rassemble. Et c’est d’ailleurs ce qui, à Paris ou ailleurs, était recherché.

 

Les "gros" chiffres de la Pac

Travaillons à mieux dire les choses !

Les réactions n’ont pas tardé. Pour preuve, celle de Luc Jeannin, vice-président de la FDSEA dans l’arrondissement d’Autun, dont nous reproduisons ci-dessous la réaction.

« Comment ne pas réagir, comme agriculteur, à la publication d’un tel communiqué. Cette annonce divise les gens. Elle peut-être perçue comme un manque de respect envers les personnes qui ont du mal à boucler les fins de mois, y compris chez les agriculteurs.

Le revenu annuel moyen des éleveurs de Saône-et-Loire se situe entre 15 et 20.000 €, ce qui permet à la plupart d’entre-nous de s’autoriser un "salaire" entre 800 et 1.000 € par mois tout au plus, quand cela est possible !

Ces "aides" Pac - et il nous faut parler de "soutiens" ou d’indemnités compensatoires à la baisse des prix d’alors, dont le dispositif a débuté en 1992 - ont permis de maintenir des prix bas dans les étals, et cela au bénéfice des consommateurs faut-il le rappeler en dépit du fait que nombre d’agriculteurs ont bien du mal à en tirer, de leur côté, un revenu décent.

Pour montrer à chacun ce qu'opposer les gens veut dire, serait-il respectueux de publier chaque année, ce que coûte notre administration dans son ensemble, puis par habitant ?

Ne sombrons pas dans la démagogie et ne doutons pas que le coût de cette administration est justifié au regard des services qu’elle rend à la collectivité, mais rendons-nous compte des dégâts d'une telle forme de communication.

A ce titre, et en parallèle, ne doutons pas non plus de l’utilité d’une agriculture de proximité qui répond à des règles extensives, adaptées à son environnement, et qui livre des produits tout tracés au consommateur !

Parce que ces fonds européens - ces "gros" chiffres qui énervent tout ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois, et pas seulement - reviennent dans leur intégralité sur nos territoires ruraux, car liés aux productions. Ils irriguent ainsi l’économie de ces mêmes territoires. Et si par mésaventure, nous les rejetions, ne doutons pas un instant qu’ils iraient ailleurs sur d’autres territoires, peut-être plus "pragmatiques" que les nôtres.

Et gare aux consommateurs, parce que nous leur devons la vérité : sans ces soutiens, il faudrait a minima que nos produits augmentent de 50 à 75 % sur les étals pour nous permettre de maintenir des producteurs locaux et continuer d'entretenir nos superbes paysages. Cela est-il seulement envisageable ? Nous connaissons tous la réponse…

Alors, force est de constater que nous ne pouvons nous passer, ni de notre agriculture, ni de notre administration. Et ne doutons pas qu’à l’avenir, avec le sens de la responsabilité qui la caractérise, notre administration s'attache à mieux communiquer et de manière positive sur ces "gros" chiffres ».

 

Politique agricole commune

Bruxelles communique enfin !

La réforme de la Pac incite enfin Bruxelles a rappelé quelques fondamentaux sur la politique agricole, fondamentaux que nos concitoyens et trop souvent nos élus mêmes ont perdu de vue…

Le 14 octobre, la Commission européenne a lancé une campagne de communication sur le thème "Cultivons nos racines", dont l’objectif est de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de l’agriculture dans la vie quotidienne et au rôle rempli par la Pac pour la soutenir.

Enfin, oserait-on dire ! Après que les détracteurs de la Pac se soient acharnés depuis des années à casser l’image de cette politique qui a permis à l’Europe et en particulier à la France de devenir un acteur majeur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Enfin, des années après que ces mêmes détracteurs aient attaqué ceux-là qui les nourrissaient à pas cher, dénonçant des soi-disantes aides pour polluer, détruire et je ne sais quoi encore l’environnement… Enfin, après avoir parfois même instillé leur venin, leur doute dans l’esprit même d’une profession qui a toujours relevé loyalement les défis que lui demandait de relever la société…

Rétablir la vérité, les vérités, devenait urgent à une période où tout le monde finit de douter de tout et de tout le monde, dans une société qui a totalement perdu ses repères. Certes, c’est un peu tard…

Du bon sens !

« Derrière la nourriture que nous mangeons, les vêtements que nous portons, la nature dont nous profitons, il y a souvent le travail d’un agriculteur », a ainsi rappelé Dacian Ciolos, le commissaire européen à l’agriculture.

« À l’issue des négociations politiques sur la réforme de la Pac, nous espérons montrer comment cette politique véritablement européenne continuera à jouer un rôle majeur dans l’avenir, non seulement en fournissant de la nourriture, mais aussi dans le maintien de nos ressources naturelles et la préservation d’une vie rurale dynamique, et montrer aussi qu’il est logique de récompenser les agriculteurs pour ces avantages plus vastes qu’ils apportent à la société », a-t-il ajouté.

La campagne de communication sera progressivement déployée en 2013 et 2014 dans tous les États membres de l’Union européenne, avec des événements, des documents audiovisuels et des publications en ligne. Depuis le temps que la profession réclamait ce type d’action, pour ce qui reste et demeure une des très rares politiques communes de l’Union européenne…

Comme toujours, mieux vaut tard que jamais. Reste que, parfois, il est trop tard. Espérons que cela ne soit pas le cas !

 

Ça va tellement mieux quand c’est dit !

Sur le site dédié à cette campagne, on peut ainsi lire que « les agriculteurs européens jouent un rôle essentiel dans notre économie et notre société. Ils approvisionnent plus de 500 millions de citoyens européens en denrées alimentaires saines, sûres et abordables. Nous comptons aussi sur eux pour protéger l'environnement et garantir la vitalité des zones rurales.

Pour les aider à fournir ces biens et services dont nous bénéficions tous, l'Union européenne a créé la Politique agricole commune ou "Pac". Depuis son lancement en 1962, la politique a évolué pour aborder les défis mondiaux qui nous concernent tous.

En juin 2013, les institutions de l'Union européenne ont convenu d'une nouvelle direction pour la Pac. Cette nouvelle réforme vise à aider les agriculteurs à garantir un approvisionnement en denrées alimentaires de qualité sur le long terme, à rendre le secteur agricole plus durable et à maintenir la diversité des campagnes, des traditions et des pratiques agricoles européennes.

La Pac est une politique commune à tous les États membres de l'Union européenne. Elle est essentielle pour protéger l'avenir de l'agriculture et de la vie rurale en Europe ».

Ah, cela va tellement mieux quand c’est dit, quand c’est écrit, surtout sur un site de l’administration… Le bon sens finit toujours par être reconnu.