Saône et Loire

François Kockmann, directeur de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire

François Kockmann, directeur de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire

François Kockmann est le nouveau directeur de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire. Agronome de formation, il s’est naturellement retrouvé au carrefour des métiers agricoles. De part ses compétences et ses connaissances des filières, ce « passeur de savoir » dans l’âme doit désormais adapter le conseil sur le terrain pour prendre le virage de l’agroécologie.

« La difficulté, c'est que le terme agroécologie est chargé de clichés », explique-t-il. Tant côté agriculteurs que du côté des médias, des politiques et du grand public. Certainement, la faute a de précédentes guerres de communication entre agriculture et écologie, alors que l’un ne peut aller sans l’autre en France. Derrière ce cache selon lui, le souci de tout producteur qui doit faire des choix, entre l’urgence du présent et les impératifs sur le long terme. Cela « demande beaucoup d’humilité » en agriculture encore d’avantage avec des environnements naturels changeants quotidiennement.

Pourtant, sans défaitisme, François Kockmann sait que des changements de modèle de production sont nécessaire, même si la solution unique n’existe pas : « la raréfaction des ressources de phosphore, la hausse du pétrole et donc de l’azote, l’augmentation des populations mondiales, les problèmes environnementaux (qualité eau), le processus de réchauffement climatique… les enjeux des 30 prochaines années donnent le vertige pour tout agronome. Je fais partie de ceux qui croient en la nécessité d’un changement de paradigme. Le modèle agrochimique a des limites et il nous faut mettre en avant le nouveau moteur de la biodiversité, notamment celle des sols (avec l’Inra Dijon) ».

Co-construire des solutions

Dans la loi d’Avenir agricole en préparation, l’objectif est de concilier les enjeux à long terme avec ceux à court terme (rendement/productivité). Lucide, François Kockmann sait qu’avec la multiplication des réglementations visant à réduire les traitements de phytosanitaires, les agriculteurs sont dans une phase de « rejet et d’attente ». Il s’explique : « On a la mémoire courte. La majorité des agriculteurs ont fait des progrès spectaculaires en conjuguant volontariat, incitation et réglementation. Les pouvoirs publics viennent presque sanctionner désormais cette dynamique en se focalisant sur le réglementaire ».

Résultat, une mutation profonde du métier de conseillers Chambre d’Agriculture approche. « Durant les 30 glorieuses, le conseiller avait alors un rôle très proche de l'instituteur » mais aujourd’hui, elles et ils sont appelés à « co-construire avec chaque agriculteur la solution ou le compromis les plus adaptés à sa situation ».

Anticiper, innover, gérer

C’est le slogan du SAGE, le service "Agronomie environnement" de la chambre d’Agriculture. C’est toujours le crédo de François Kockmann qui avec son expérience du terrain et académique sait que « ce n’est pas en faisant des injonctions qu’on change les pratiques ». En effet, François Kockmann préfère « encadrer un collectif d’agriculteurs pour qu’ils puissent faire émerger des initiatives et puissent partager leurs expériences » entre pairs. « Une boucle de progrès » qui n’a jamais cessé malgré les clichés véhiculés sur l’agriculture.