Opinion de gauche

Philippe Baumel répond à François Sauvadet

Après les déclarations de François Sauvadet, lundi soir, à Issy-l'Evêque, le Député de Saône-et-Loire répond au Député et Président du Conseil Général de Côte-d'Or, avec une lettre ouvertes aux Maires du canton d'Issy-l'Evêque...

Madame le maire, Monsieur le maire,

Lundi 16 décembre François Sauvadet, Député et Président du Conseil général de la Côte-d’Or, ancien ministre de Nicolas Sarkozy est venu animer une réunion publique, sur votre canton,  sur la carte cantonale et la ruralité. A la lumière du compte rendu que la presse en a fait, il me paraît nécessaire de rétablir quelques vérités car bien que nous soyons en pleine période des contes de Noël, il ne faut pas trop laisser les bonimenteurs jouer les prophètes.
La ruralité serait abandonnée, mise à l’écart mais, par qui ? Qui défend quoi ? Regardons de plus près.
A propos de l’école, en cinq ans,  près de 80 000 postes d’enseignants ont été supprimés dans l’Education nationale. Dans notre département ce sont plusieurs dizaines de postes qui ont été supprimés chaque année et moins 27 la dernière année, par la précédente majorité, principalement dans les écoles rurales. Outre le mépris pour les enfants, les familles et les équipes pédagogiques, ces suppressions de postes ont entrainé la fermeture de classes et leur regroupement dans les chefs de lieux de cantons.  A la rentrée scolaire 2013 notre majorité, conformément à son engagement, a décidé de stopper cette véritable hémorragie.
Les services publics, essentiels sur nos territoires, eux non plus, n’ont pas été épargnés par la révision générale des politiques publiques (RGPP). Le gouvernement d’alors, sans concertation avec les élus,  s’est enfermé dans une logique comptable, à courte vue, détricotant le maillage si précieux de nos services publics (perception, tribunaux de proximité, suppression de postes de gendarmes etc..). 
En dix ans, par exemple, des dizaines de bureaux de postes ont été fermés en Saône-et-Loire et le gouvernement d’alors, en dépit de la mobilisation de centaines d’élus est resté sourd. Qu’ont-ils fait, qu’ont-ils dit alors pour enrayer ce déménagement ? En 18 mois La Poste est redevenue la banque de prédilection des collectivités, la notion de service public a été confirmée, le pouvoir rendu aux commissions départementales de présence postale et le maillage conforté.
Dans le domaine de la santé et de l’accès aux soins le bilan est lui aussi sans appel. Aucune action énergique n’a été engagée par la précédente majorité pour favoriser le maintien et/ou le renouvellement des professionnels de santé sur nos territoires: partout les déserts médicaux ont progressé et nous devons aujourd’hui, rattraper dix ans d’inaction pour engager une politique volontariste afin d’aider de jeunes médecins à s’installer dans nos territoires ruraux avec notamment le dispositif des "praticiens territoriaux de médecine générale". 
De la même façon, la réforme du financement des hôpitaux et notamment la mise en place de la tarification à l’activité (T2A) a profondément fragilisé le service public hospitalier. Lorsque j’ai été élu Député de notre circonscription les deux hôpitaux d'Autun et du Creusot devaient faire face à d’importantes difficultés budgétaires et à la menace de fermeture  de certains services. Depuis des mesures budgétaires  ont été prises pour conforter ces deux hôpitaux et des services ouverts comme celui de la cardiologie au Creusot. Un hélicoptère, en service début janvier dans notre département renforcera la sécurité sanitaire. L’égal accès aux soins de tous, quel que soit son territoire n’est pas un luxe mais un droit que la précédente majorité a trop longtemps ignoré pour des raisons à la fois idéologiques et comptables. Nous le savons, les professionnels de santé ont besoin pour s’installer dans nos territoires de structures hospitalières auxquelles s’adosser. Pas à pas, nous recréons cette solidarité entre les territoires. 
Oui une solidarité et non pas une compétition entre les territoires comme l’avait voulue monsieur Sauvadet et ses amis. Nous relançons actuellement une nouvelle contractualisation entre l’Etat et les collectivités locales pour financer les projets des territoires, cela n’avait pas, non plus, été engagé par le gouvernement Fillon.
Monsieur Sauvadet dénonce l’abandon de la ruralité mais se souvient-il que lorsqu’il était Député de la majorité, il a voté contre la proposition de loi « Instaurant un bouclier rural au service des territoires d’avenir » que les députés du groupe socialiste radical et citoyens avaient déposée en 2011. Il s’agissait, ni plus ni moins, de garantir l’égal accès des citoyens aux services publics, aux soins, garantir une proximité maximale pour les populations des territoires ruraux avec les services publics de l'éducation, de l'emploi et de la poste et favoriser le développement économique. 
La mémoire, comme la ruralité, de monsieur Sauvadet est sélective. 
S’agissant de la réforme des modes de scrutin et du redécoupage de la carte cantonale dont il semble avoir été beaucoup question, il est cocasse de voir ceux qui hier votaient, la suppression pure et simple des conseillers généraux et la création d’un élu hybride « le Conseiller territorial » , (fusion du conseiller général et du conseiller régional), sans territoire d’élection, venir remettre en question une réforme qui introduit la parité et tient compte des évolutions démographiques sur nos cantons. 
Que chaque conseiller général soit élu par le même nombre d’électeurs est un principe dont ne s’embarrasse pas monsieur Sauvadet, c’est là  toute la vision passéiste et paternaliste de la ruralité qu’il défend, aux antipodes de la ruralité moderne, forte et dynamique bâtie sur des principes républicains partagés par tous et  pour laquelle nous nous battons quotidiennement ici en Saône-et-Loire.
Mais, la ruralité ne se résume pas à une carte cantonale. Nous avons besoin de bâtir concrètement les territoires ruraux de demain. 
Pendant 10 ans notre ruralité a été abîmée et je dirais même méprisée.  Aujourd’hui il nous appartient de reconstruire ; rebâtir l’école de la République dans nos campagnes avec des moyens supplémentaires, lutter contre les déserts médicaux en soutenant l’installation de médecins généralistes, renforcer les services publics, aider les petites et moyennes entreprises à s’installer dans nos communes, soutenir les jeunes en recherche d’emploi, défendre les agriculteurs en obtenant et ce n’est pas rien, là où l’ancien président de la République avait échoué, une politique agricole commune juste et équilibrée en direction prioritairement des éleveurs. 
Je le mesure chaque semaine, au contact des citoyens et des élus, nos territoires ruraux ont de l’avenir, des talents, des ressources, des énergies.
Aujourd’hui, il est urgent de nous rassembler pour avancer ensemble sur des réformes de fond, il est temps de se mettre en marche, pas de regarder en arrière la petite troupe clairsemée de ceux qui nous ont mis et laissés dans la difficulté. 
Je me tiens à votre disposition et vous confirme mon total dévouement à vos côtés, pour nos territoires.
Je vous prie de croire, Madame le Maire, Monsieur le Maire, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.   

Philippe BAUMEL
Député de Saône-et-Loire