Bourgogne

Au Conseil Régional de Bourgogne, "la biodiversité politicienne" n'est pas forcément en danger

Au Conseil Régional de Bourgogne, "la biodiversité politicienne" n'est pas forcément en danger

Avec un budget de 775,2 millions d'euros, la Bourgogne veut se concentrer sur ses compétences premières et sur la cohérence des actions publiques.
Les dépenses de fonctionnement vont baisser, l'investissement augmenter, l'emprunt diminuer.

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«La discipline budgétaire n'est ni une vertu de gauche, ni une vertu de droite. La discipline budgétaire est un impératif», en lançant cela dans son propos introductif de la session du Conseil Régional de Bourgogne, au cours de laquelle les élus doivent voter un budget de 775,2 millions d'euros, François Patriat, président du Conseil Régional de Bourgogne, a voulu couper court aux critiques à venir de l'opposition, critiques exprimées par la voix d'Emmanuelle Coint.


Et François Patriat, une fois l'intervention de la porte parole de la droite effectuée, l'a accrochée dans les mailles de son filet : «Montrez nous où nous avons augmenté les impôts», lança François Patriat à l'adresse d'Emmanuelle Coint. «Il n'y en a pas», lui rétorqua-t-elle. «Vous voyez vous le dites vous même, oui on n'a pas d'impôt» s'exclama tout sourire le Président de la Bourgogne, concédant effectivement une augmentation des cartes grises, «mais c'est pour faire face à des transferts de charge», non sans avoir rappelé que c'est la droite et Nicolas Sarkozy qui avaient supprimé la taxe professionnelle.


Dans la droite ligne du débat d'orientation budgétaire, il ne fallait pas s'attendre à ce que la droite applaudisse des deux mains le budget 2014 porté par la gauche. Mais la température n'est pas montée trop haute. Et certainement pas de 4 degrés, chiffre avancé par Alain Cordier, promettant un réchauffement du climat supérieur aux pronostics antérieurs si, a-t-il dit, la France et les autres ne rentrent pas dans la fameuse transition énergétique.


Une chose est certaine, il ne sera pas facile de convaincre les habitants de Chicago et de quelques autres villes, du réchauffement climatique, même si la relative et passagère douceur des températures chez nous peut-être effectivement interprétée comme il se doit par les tenants d'une ligne verte demandant qu'en matière de climat on ne franchisse pas la ligne jaune…


Parce que l'exercice ne lui fait pas peur, c'est bien crânement que François Patriat a mis en relief les points forts de sa politique régionale, dont il a souligné avec force qu'elle doit s'appuyer sur deux piliers. Celui de la concentration sur les compétences originelles. Celui de la mise en cohérence de l'action publique.


Avec des millions en moins, la Région Bourgogne, à défaut d'adopter un régime minceur strict va donc s'évertuer à calculer au plus juste en direction de quatre domaines : Le développement économique, l'internationalisation des entreprises, l'intermodalité, mais aussi le climat, l'énergie et la protection de la biodiversité.


Au niveau politique, il n'aura pas besoin d'investir, car les premiers échanges ont montré que la biodiversité politicienne n'est pas spécialement en danger… Les Verts par la voix d'Alain Cordier ont logiquement appelé à un vrai changement des politiques, prenant exemple les coûts de chauffage qui explosent dans les lycées, ou autres bâtiments publics. Les communistes, par la voix de Nathalie Vermorel en fustigeant la politique du Gouvernement trop pour les entreprises et les patrons et pas assez pour les ménages. Ce qui a amené un tacle de François Patriat : «Oui la reprise viendra des exportations et de la compétitivité de nos entreprises. Regardez l'Allemagne ou l'Espagne».
Il soutient donc la ligne présidentielle édictée par François Hollande ce qui lui a permis, non sans humour, de proposer un sujet de bac ou de philosophie, sur le thème : «Le meilleur est-il un renoncement ?»
Le sujet est forcément complexe. Mais en édictant les grandes lignes de ce qui sera la traduction du budget 2014 de la Bourgogne, François Patriat a voulu souligner que oui la Région ira de l'avant en 2014 et même au-delà. Investie dans le pilotage avec l'Etat des fonds européens, elle aura ainsi à répartir 800 millions sur six ans.


La Bourgogne ambitionne de concentrer son action autour d'une grande stratégie régionale du développement économique à l'aménagement du territoire. Et comme pour bien titiller les élus de droite, il souligna que sa majorité prévoit et finance le renouvellement des TER, «alors qu'en 2004, quand nous sommes arrivés, les matériels avaient été commandés, mais pas financés»…
Après avoir tiré quelques flèches contre la politique du Gouvernement, Emmanuelle Coint se désola de ne pas trouver «un budget de combat» et de dire qu'elle aurait aimé que le pragmatisme remplace le dogmatisme. Elle déplora la baisse de 16% depuis 2008 des crédits consacrés à l'apprentissage et à la formation et affirma qu'il ne fallait surtout pas considérer que «les emplois d'avenir sont une alternative à l'apprentissage».
«Le problème ce n'est pas la baisse des crédits, c'est tout simplement que les jeunes ne trouvent pas des maîtres de stage et cela vous le savez bien», lui rétorqua François Patriat.
Emmanuelle Coint s'étonna que le Président Patriat n'ait pas annoncé l'augmentation du «cheval fiscal sur les voitures». C'est Michel Neugnot qui lui apporta une réponse chiffrée en déclarant que pour un véhicule de cinq chevaux, l'augmentation sera seulement de dix euros par an, sur trois ans. «Et on vous le prouvera, on ne sera pas les champions de France de l'augmentation de la carte grise».
Bien évidemment, Madame Coint, non sans malice, n'avait pas manqué de souligner la baisse des dotations et montré du doigt le régime de rigueur. «Les impôts d'aujourd'hui c'est la dette d'hier», souligna François Patriat qui demanda à la droite quelles mesures d'économie elle préconise…


Edouard Ferrand au nom du FN expliqua que la Région est devenue l'amie des banques et fustigea la dispersion des dépenses et se posa des questions sur la mobilisation des crédits pour les transports.
Bref chacun aura joué son habituelle partition avant que ne débute vraiment l'examen du budget.

Alain BOLLERY
Le budget 2014 en chiffres
  • 775,2 millions d'euros : Le montant total du budget
  • 1,5% : En pourcentage la baisse des dépenses se fonctionnement
  • 98 millions d'épargne brute, soit 5 millions de plus qu'en 2013
  • 131 millions d'euros : Le montant du recours à l'emprunt, contre 147 millions d'euros en 2013, soit une baisse de 10,90%
  • 353 millions : Le montant des investissements en hausse de 13,5%
  • 18 millions d'euros : La première part de l'investissement pour le renouvellement des trains TER dans un programme de 180 millions
  • 10 millions de crédits pour les nouvelles technologies
  • 20 millions d'euros pour la recherche et l'innovation
  • 47 millions d'euros pour les lycées
  • 9 millions d'euros pour les CFA et les IFSI
  • 10 millions d'euros pour les infrastructures universitaires
  • 60 millions d'euros pour la formation

 

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