Givry

Stop ou encore pour les animations musicales à l’auberge « La Billebaude » ?

Stop ou encore pour les animations musicales à l’auberge « La Billebaude » ?

D’aucuns ont beau jeu de clamer par monts et par vaux que la musique adoucit les mœurs. Sans vouloir remettre en cause la valeur intrinsèque de l’assertion, il est des cas où ce n’est pas vraiment justifié. La preuve. L’auberge caf&conc’ bar à bières La Billebaude sise à Givry est poursuivie en justice par certains voisins que la soi-disant intensité sonore des animations musicales contrarie au plus haut point.

Un inexorable dépérissement des relations

A bout de nerfs, l’aubergiste n’espère qu’une seule chose : que sa bonne foi soit reconnue par l’instance ad hoc, lui permettant ainsi de rendre caducs ses insolubles soucis tout en continuant d’adouber le fait culturel dans ce qu’il a de plus authentique. Les bâtons qui sont mis dans ses roues ne datent cependant pas d’hier. « Cela fait vingt ans que ça dure, ça a commencé dans les années 1990. Une procédure avait été lancée contre moi pour une servitude. J’ai gagné. Et depuis ce temps ils me pourrissent la vie, pour des histoires de poubelles, de  bruits, de jardinières, d’odeurs, etc. Ils ont attaqué depuis que la fille est devenue propriétaire par donation. Là, ils ont fini par trouver matière avec la loi contre les nuisances sonores et les décibels », se désole Bruno Fabris. « En novembre 2012 ils attaquent à nouveau avec lettre recommandée, en tentant une procédure amiable par l’avocat de leur compagnie d’assurances, qui n’aboutit pas », poursuit-il. «J’ai dit O.K. à l’expert pour faire des travaux, à une condition : qu’ils me foutent la paix après. Je suis prêt à réaliser ce qu’il faut. Et en même temps ils ont entamé une procédure en demandant de faire fermer la terrasse tous les jours après 22h. Ca a été rejeté par la mairie. Le tribunal de grande instance de Chalon a fini par nommer un expert judiciaire en juin dernier. Il avait 4 mois pour déposer un rapport. Le rendez-vous a traîné. La 1ère réunion entre les parties et l’expert a eu lieu le 7 octobre. L’expert a conclu à une isolation acoustique satisfaisante. »

 

Seuls trois malheureux décibels ont été pris par la patrouille. Décision reportée au 11 mars.

Puis les choses évoluent le 30 novembre avec l’enregistrement des décibels générés durant un concert. « Le choix s’était porté sur le groupe Hat Man Session, avec 3 musiciens annoncés. Mais au dernier moment on a ajouté un batteur. Il y a eu un compte-rendu, ou là l’expert a dit qu’il y avait 3 décibels en trop pendant 15 minutes, sur un passage d’une durée de 3 heures. Il a quand même notifié qu’une seule voiture a fait monter l’appareil à plus de 45 décibels, alors que pendant le concert ça a oscillé entre 28 et 32 décibels. Là-dessus l’expert a préconisé une isolation pour un meilleur confort du côté du restaurant, et le changement de leurs fenêtres par les propriétaires qui s’opposent. Un devis a été soumis à l’expert, mais de toute façon la partie adverse rejette tout ce que l’expert a fait, et refuse de changer ses fenêtres. » Alors même que la première assignation n’a pas rendu son verdict, une seconde a été élaborée par les requérants, « sur la base des photocopies du listing des soirées. Ils balancent des infos dans leur assignation, et c’est à nous de dire que ça ne s’est pas passé !» (sic). L’examen de son dossier, qui devait avoir lieu le mardi 25 février, a été reporté au mardi 11 mars, délai obtenu par ses avocats. Attendre encore et voir…

 

 

« J’estime ne pas déborder dans ce que j’entreprends »

Profondément atteint, Bruno Fabris, qui est un battant, n’a pour autant pas du tout l’intention de renoncer  à une partie de lui-même. « Je suis dégoûté par 20 ans d’acharnement. Juste après l’assignation je n’ai pas dormi pendant 45 heures. Je passe par des phases d’euphorie (les soutiens), et de détresse (les assignations). Dire que je n’ai eu aucune intervention de la gendarmerie en près de 29 ans pour trouble à l’ordre public !» Autour de lui les témoignages de réconfort sont tombés dru, l’incitant à ne pas baisser sa garde. « On est soutenus par la municipalité, l’U.C.A.G. (l’Union des Commerçants et Artisans de Givry), les clients, les artistes. Mon enjeu, c’est de ne pas perdre, puisque nous sommes dans le respect de la clientèle, du voisinage. D’ailleurs, tout le reste du voisinage a fait des attestations favorables. Je suis entré en contact avec le collectif Culture Bar-Bars, lequel cherche à bousculer les pouvoirs publics et à promouvoir la culture. Je suis en train de préparer une lettre ouverte où j’aligne des chiffres. Je n’ai aucun regret au vu de ce que les gens me rendent. Si, j’en ai un : c’est d’être condamné à payer une forte indemnité, à savoir 2000 euros d’astreinte par concert (une décision coercitive qui s’avérerait rédhibitoire), ce qui a été demandé en assignation. Pour l’instant je continue, car j’estime ne pas déborder dans ce que j’entreprends. Je ne fais que me défendre depuis des années.»

 

Tapis rouge pour les auteurs-compositeurs

Des expos ayant trait à la photo, la peinture, du théâtre, des animations musicales, dédicaces de livres…le champ d’investigation à la solde de la culture est expansif chez le maître de maison. Tandis que Bruno Fabris prenait possession du restaurant le 17 juillet 1985, les divers apports ont commencé à poindre en février 1986. D’une fois par semaine pendant 5 ans au début, à présentement 1 fois par mois en passant par un mode bimensuel, le rythme a sans conteste perdu de sa superbe. Privilégiés, les auteurs-compositeurs sont en terrain conquis. «C’était une passion la culture quand j’ai ouvert mon restaurant. J’ai toujours dit que j’y ferai plein de choses. Son nom, Billebaude, vient du verbe billebauder, qui signifie faire les choses au hasard des rencontres. Je suis ami avec Claudine, la fille de l’écrivain Henri Vincenot. J’ai essayé de véhiculer du bonheur, j’affiche clairement ma détermination. Je ne pense pas être un délinquant ou quelqu’un de malfaisant en respectant tout le monde. »

 

Cette incompréhension qui le mine

« Depuis toutes ces années ils cherchent un moyen de me plomber. Et quelle est leur motivation ? C’est le grand mystère… » Bruno Fabris passe à l’offensive : « Je suis un acteur et un utilisateur de Givry, contrairement à M. et Mme Seutet, qui n’habitent pas sur place, et sont propriétaires de 4 logements à côté de La Billebaude. Qu’est-ce qu’ils ont fait pour Givry ? » Quoi qu’il en soit, être vainqueur du bras de fer ne serait aucunement un pied de nez à ses voisins, seule sa volonté inébranlable de faire perdurer la culture en tant que valeur ajoutée a du crédit à ses yeux. « Je suis optimiste, mais rien n’est jamais gagné en justice. Je serais sûrement la référence pour les affaires de bar qui seront ennuyés en cas de victoire. En revanche, si j’étais condamné, ce serait la porte ouverte à tout sur Chalon, Dijon… », estime-t-il.

 

« Les Soutiens-Georges », le retour

La prochaine animation musicale attend son heure comme si de rien n’était. Sans anicroche d’ici là, Il s’agira en la circonstance de la prestation des « Soutiens-Georges » le samedi soir 22 mars. Pour la petite histoire, ces artistes régionaux que l’on ne présente plus ont jeté les bases d’une fructueuse collaboration en 1988. Où ? Devinez un peu…à la Billebaude, pardi !

                                                                                                 Michel Poiriault