Opinion

JOURNEE DE LA FEMME : «Nos droits avancent, nos corps reculent…», selon Femmes Solidaires

Le comité départemental de l'association s'exprime en ce 8 mars.

Personne ne peut nier que les droits des femmes progressent dans notre société. La prise en compte des violences faites aux femmes est meilleure même si le volet préventif reste à coordon- ner en termes d’éducation non sexiste et non violente avec des moyens d’Etat à engager pour une réelle égalité territoriale. De- puis 15 ans et la loi sur la parité, les femmes investissent davantage l’espace public grâce à la pédagogie et aux actions des féministes.
Madrid, 1e février 2014. Mon corps, ma vie, ma décision.
Cependant, plus les revendications féministes avancent, moins le corps des femmes est libre. Le droit à disposer de son corps subit des attaques d’une violence inouïe. La liberté du corps des femmes serait-elle le dernier grand défi de civilisation à notre portée mais tant combattu, l’étape ultime de l’établissement d’une société féministe ? Bien sûr, comme toutes les féministes, Femmes solidaires lutte pour faire avancer les droits des femmes mais ce n’est plus suffisant. Notre mouvement, avec les femmes qui le composent, souhaite un changement de société et se positionne comme l’outil de transformation sociale et sociétale durable au service de toutes et tous. Il y a quelques semaines, nous étions dans la rue en France, en Espagne pour combattre le gouvernement espagnol dans sa remise en cause de l’Ivg. Il y a une semaine, l’IFAB, organisme qui fixe le cadre des lois du football au niveau mondial, autorisait le port du voile sur les terrains de foot féminin. Depuis des mois, une polémique sur le genre, montée de toute pièce par la droite et l’extrême droite françaises, tend à remettre en cause le fait que notre sexe ne doit pas conditionner nos choix de vie, nos envies, nos ambitions.
Nous ne pouvons plus nous contenter d’une égalité institutionnelle dans des sociétés où les attaques sur les corps se multiplient et le droit à disposer de son corps est sans arrêt remis en cause. Pour ce 8 mars, nous affichons aux yeux et à la barbe de tous les patriarches, la solidarité des femmes du monde comme un rempart contre la barbarie et le patriarcat. Quelles que soient nos origines, notre religion – ou notre choix de ne pas en avoir -, l’endroit où nous vivons, la terre qui nous a vues naître, nous refusons le relativisme culturel, le multiculturalisme qui renvoie chaque communauté à ses règles sans prendre en compte l’universalité des droits des femmes.
Ce que nous ne voulons pas pour nous, ne l’acceptons pas pour les autres. Nous ne voulons pas être prostituées, agissons pour l’abolition de la prostitution. Nous ne voulons pas être voilées, arrêtons de banaliser le port du voile dans l’espace public et notamment sur les terrains de sport. C’est un objet politico-religieux d’oppression du corps des femmes, n’ayons pas peur de le dire. Nous voulons choisir d’avoir un enfant ou pas, défendons le droit à l’avortement et la contraception sans réserve.
Les forces rétrogrades s’en donnent à cœur joie pour nous faire rentrer dans nos foyers et incarner les mères et les épouses idéales à leurs yeux, nous affichons notre envie de liberté, de maîtriser notre sexualité, notre fécondité et finalement notre plaisir de vivre. Nous l’affichons pour nous et toutes celles qui ne peuvent pas le faire.