Chalon sur Saône

Frénésie collective pour un Kev Adams qui a badiné à mort

Frénésie collective pour un Kev Adams qui a badiné à mort

Une carrière à proprement parler d’un lustre d’âge, et déjà la troisième fois que le jeune humoriste (22 ans) Kev Adams s’en vient raconter des vertes et des pas mûres à Chalon-sur-Saône. Après le 18 février 2012 à la salle Sembat (« The Young Man Show »), c’est au Théâtre Piccolo qu’il devait présenter la mouture de son spectacle « Voilà voilà » le 16 février 2013. Plus d’un an de rodage après, sa prestation a gagné en maturité. Les 1800 personnes du Parc des Expos ont dimanche après-midi apprécié le show à sa juste valeur. Une très bonne pioche pour AChalon Spectacles.

Des problèmes existentiels aux motifs futiles, la frontière est ténue  

La moyenne d’âge était très basse en cette journée dominicale, de par un protagoniste ne rendant que très peu d’années aux teen-agers, ceci expliquant cela. Car pour le reste son talent a fait place nette sans coup férir, l’enthousiasme collectif lui répondant en écho. Tonique, impétueux, percutant, théâtral, l’humoriste s’est ingénié à inspecter les rouages de la vie quotidienne, par le prisme déformant jusqu’à l’excès les mille et une situations que le commun des mortels a trouvé, ou trouve encore, sur son chemin. Son inclination à l’endroit des histoires abracadabrantes, aux faits saillants ou à une bien plus modeste échelle, ont de toute manière mis en émoi un public réactif à la moindre incartade. « Gamin, jeune homme, monsieur, papa, papy…et après on appelle une ambulance ! » Sur lui-même il a parfois jeté un regard pitoyable : « Quand j’étais petit j’avais un physique pourri, et le prénom qui va avec. Moi, je suis ni un ado, ni un adulte, je suis un afulte !» Les rapports à sens unique avec sa mère, ses frères de 7 et 17 ans, kev n’a aucunement renié sa cellule familiale. Il l’a même emmenée (lui qui a reconnu qu’ »il y a plein de facteurs qui sont intervenus dans sa conception ») en Nouvelle-Calédonie, sur la plage, mais là des moustiques veillaient au grain. « Le moustique, c’est la seule fois dans la vie où on se met une claque volontairement. »

 

A Chalon l’échangisme serait monnaie courante

 Kev Adams a pris du temps pour ses aficionados, conversé avec certains d’entre eux, ouvert et fermé des parenthèses comme si de rien n’était. « On dirait une grande réunion de famille où tout le monde se fout de la gueule de tout le monde ! » Ca a été également la malencontreuse aventure d’un cerf accidenté sur la route, l’épluchage des prénoms atypiques dans la salle, son voyage aux Etats-Unis, le 1er groupe de rap d’écureuils en exclusivité mondiale…Et on a frétillé d’aise dans les travées. Encore plus osé, l’humoriste a mis la salle en mouvement pour une zumba d’enfer, la danse des moustiques et la danse des brassards, sur place ! « Tout le monde s’est levé, tout le monde a participé, vous avez la classe Chalon-sur-Saône ! » Ses supporteurs ont aussi donné de la voix en chantant à tue-tête : « Je veux qu’on vous entende jusqu’à Dijon, Paris ! »De temps à autre quelques grammes de poésie étaient déposés dans son univers bien souvent en mal de repères dignes de foi. « Je pense que quand on grandit, tout est possible ; et on vieillit quand tout n’est plus possible. » Dans une veine identique, Kev aura annoncé la déstabilisante nouvelle, à savoir le divorce de ses parents. Fichtre, sa mère a trouvé son père en galante compagnie, ce qui n’eut pas l’heur de bouleverser le public. D’où une conclusion –peut-être- hâtive : « Chalon-sur-Saône, la ville de l’échangisme. Vous avez les coutumes que vous voulez, je ne vous juge pas. » N’hésitant pas à fustiger à un moment donné la foule, coupable selon lui de n’être pas assez démonstrative, du fait justement d’un coup de pompe occasionné par ces mœurs licencieuses ! A toutes fins utiles, notez par ailleurs la sortie nationale du film « Fiston » le mercredi 12 mars, au sein duquel Kev Adams évoluera en particulier avec un certain Franck Dubosc.

 

Une 1ère partie du feu de Dieu grâce aux « DDM »

Le déclenchement des hostilités est d’abord passé par des artistes facétieux au possible lors d’un numéro certes de courte durée, mais qui cependant, bourré de bonnes intentions, n’a pas engendré la morosité tant il comportait de micro-instants burlesques alignés à la queue leu leu. Avec « Drôles de mecs » c’est l’assurance de pitreries à la solde d’une qualité crevant l’écran. Acrobaties, effets spéciaux, tenues à l’avenant, mime, parodies de dessins animés, séries télé, films, chansons…Le boyau de la rigolade a été sollicité au-delà du raisonnable.

                                                                                          Michel Poiriault