Chalon sur Saône

Exposition Résonances, à l’Espace des arts de Chalon, du 18 au 20 mars.

Exposition Résonances, à l’Espace des arts de Chalon, du 18 au 20 mars.

Vidéos et performances sont au cœur du projet des étudiants d’Ema Fructidor. Ce qui frappe le spectateur, c’est l’art du détail. Un objet ou éventuellement une scène d’un film emblématique, c’est ce qui prime dans chaque travail.

Motifs de kimonos, focus sur un petit temple au milieu des montagnes, visage ou objet, fond de verre, regard de deux yeux en gros plan sur un pan de mur. Egalement le travail d’Armèle Portelli, les cadres qui représentent Marylin Monroe dont nous avons parlé dans l’article précédent. Tout cela est le focus sur le détail vidéalisé en grand, sur la personne représentée en miniature. Résonances  à tous points de vue.

 

Des étudiants bien trempés ! Ils parlent de leur projet, pour Info-Chalon.

Gwangil Héo, cet étudiant coréen projette deux images en parallèle. Le temple du film de Kim Kid Uk, Printemps, été, automne, hiver et printemps. Ce temple au milieu du lac où vit l’ermite, vue sous les quatre saisons, et en parallèle la maquette en terre séchée de ce temple présenté comme la maison traditionnelle coréenne. Avec fenêtres et portes ouvertes : en contemplant le paysage dans la maison, dans la nature. C’est aussi comme une image de ce qui est après la mort. Temple/maison, nature/vide, Vie/mort… Gwangil Héo s’interroge sur le lien entre l’homme et la nature. Une idée-reflet, celle d’un Matin Calme.

Venu de Corée un diplôme en poche, il s’est inscrit à Ema Fructidor pour avoir plus de possibilités créatives, hors du carcan. Il est intéressé par le film français et compte bien apprendre à filmer.

 

Roland Sé s’est inspiré de L’Empire des sens de Nagina Oshima. Il présente un remake des kimonos avec une nouvelle bande sonore. Ce qui le fascine, c’est ce qui émerge des kimonos qui se frôlent, se froissent, glissent, comment le réalisateur a créé un univers graphique pour faire percevoir  les sens et les exacerber. Il a fait un front footage, la bande sonore en mettant en avant les intentions des gestes, des tissus, de la peau…Pour lui, le kimono représente la situation sociale, et ici l’ascension sociale de la prostituée. Mais pourquoi ne voir que le côté social ? Le kimono c’est l’art, la beauté, la création, le savoir-faire traditionnel. Oui, répond Roland Sé, l’effet graphique est fascinant, et ce rouge dominant à travers tout l film qui se dévoile à la fin, cela va dans ce sens de la beauté, l’œuvre d’art. La poésie sensorielle au cœur de l’art.

Son prochain projet, il l’a déjà en tête et même en marche puisqu’il récolte des bouts sonores.

 

Clément Brugger a fait un remake de Breaking Bad. Il a pris la scène d’ouverture du film et placé entre la caméra et le film des fonds de verre. Il en a mis trois côte à côte et la même scène filmée apparaît toute différente. Jeux de lumière, de reflets, d’ambiance. Simple et richissime. Variations sur un même thème. Voir comment cela modifie la perception.

Clément Brugger a voulu s’impliquer avec un point de vue de caméra subjective et faire une série. Voir comment les objets inanimés sont un filtre qui crée un autre mouvement que celui des personnages du film. Rencontre de quatrième type !

 

Kevin Berny présente deux planches format bd. Ce qui aurait dû se passer dans le film Shining de Stanley Kubrick. Des scènes sorties du contexte et réinterprétées. Mises en scène, noir et blanc, fait sur ordinateur, effet d’encre noire. Traits et larges bandes noires, nettes. Le texte à part, au centre, sur fond noir. C’est l’art de la bd qui l’intéresse, l’illustration. Comment extraire un scénario et lui donner une autre forme que la vidéo. Il adapte les scènes de film qui le marquent.

Mais qu’est-ce qui l’inspire en bd ? Quels auteurs ou dessinateurs ? Ce n’est pas la bd elle-même, mais cela, d’adapter le film à la forme bd. Prochain projet : la scène du rembobinage dans le film Funny game, de Hanneke.

 

Parlons des performances, entre marteau et banjo, qui faisait le plus d’impact et de bruits ?

Jérémy Legat s’était caché derrière un mur de cassettes vidéo. Au pied de la table, une télévision, sur la table un marteau et une paire de ciseaux. Une par une, il détruit les cassettes vidéo, nommant le contenu. Et vlan, coup de marteau, débris au sol… le tas de débris monte au fur et à mesure de la soirée. Au son et au geste, fut-ce un remake de Cétautomatix, le gaulois forgeron ? Est-ce le meurtre de la société de conso ? "Détruire…" disait Duras, mais ici pour quel roman, quel message, quel jeu ?

Le joueur de banjo déclamait des news, de dramatiques faits divers, pour ce qu’on a pu comprendre.

 

Résonances, exposition, dans le cadre du Festival Chalon tout court.
Du  17au 19 mars, Espace des arts.

Festival de courts-métrages, cinéma Axel, 18 et 19 mars.

Organisé par les étudiants d’Ema Fructidor et d’autres écoles nationales et internationales.

 

S.B.